Marcel Guilavogui à la barre : « c’est Toumba qui m’a donné mon arme »

Comme annoncé précédemment, le procès sur le massacre du 28 septembre 2009 se poursuit ce mercredi, 19 octobre 2022, devant le tribunal ad hoc à Conakry. Et, c’est le capitaine Marcel Guilavogui, un des accusés, qui se trouve à la barre. Il fait face à un ouragan de questions du parquet et des avocats de la partie civile qui tentent de démontrer sa culpabilité aux yeux du tribunal. Et, à une des questions de Me Alpha Amadou DS Bah, un des avocats de la partie civile, Marcel Guilavogui (alors qu’il soutient n’avoir jamais mis pied au stade du 28 septembre), a répondu que c’est Toumba (Aboubacar Sidiki Diakité) qui lui a donné son arme.

Guineematin.com vous propose ci-dessous certains instants de cette séance de questions-réponses entre Me Alpha Amadou DS Bah et Marcel Guilavogui.

Me Alpha Amadou DS Bah, avocat, membre de l’OGDH

Me Alpha Amadou DS Bah : Vous avez indiqué ici qu’on vous remettait vos armes sans aucun document. Qui vous remettait ces armes ? C’est votre supérieur hiérarchique ou il y avait des personnes qui étaient responsables de la remise des armes aux gardes présidentielles ?

Marcel Guilavogui : J’ai dit que c’est le guide Libyen Mohammar Khadifi qui avait offert des armes. Et, le général Sekouba Konaté qui était ministre de la défense à l’époque s’est occupé de cela. Il a divisé en deux groupes.  Il a donné une partie pour le président Moussa Dadis Camara et une partie pour ses gardes.

Me Alpha Amadou DS Bah : Lui (Sekouba Konaté), il  a donné des ordres. Qui remettait directement les armes ? A qui a-t-il donné l’ordre pour la distribution ?

Marcel Guilavogui : C’est Toumba qui m’a donné mon arme.

Me Alpha Amadou DS Bah : Est-ce qu’en vous donnant il a compté le nombre de munitions qu’il vous a remis ? Habituellement, on compte par exemple le nombre de munitions qu’on remet aux gardes présidentielles.

Marcel Guilavogui : Non, il n’a pas fait.

Me Alpha Amadou DS Bah : Est-ce que vous savez, au stade, les gardes présidentielles sont intervenus pour le maintien d’ordre ? Est-ce que vous le saviez ?

Marcel Guilavogui : Je ne sais pas. Je n’étais pas informé.

Me Alpha Amadou DS Bah : Donc je vous apprends alors, puisque vous faisiez partie. N’est-ce pas ?

Marcel Guilavogui : Non plus.

Me Alpha Amadou DS Bah : Est-ce qu’il y avait un moyen par exemple pour vos supérieurs hiérarchiques pour vérifier si les munitions qu’on vous a donné ont été utilisées où pas? Est-ce qu’il y avait un moyen de contrôle ?

Marcel Guilavogui : Je ne sais pas s’il avait ce moyen.  Ça, ça engage leur autorité.

Me Alpha Amadou DS Bah : Non,  ça vous engage aussi parce que si vous on vous donne 100 munitions et qu’il en reste 20, ils doivent se poser des questions. N’est-ce pas ?

Marcel Guilavogui : C’est à l’autorité de poser cette question.

Me Alpha Amadou DS Bah : La garde présidentielle était sous l’autorité de qui en premier lieu ?

Marcel Guilavogui : Toute garde est commandée par le président.

Me Alpha Amadou DS Bah : Est-ce qu’au lendemain des événements du 28 septembre, vous avez appris que le président a diligenté une enquête pour identifier les membres de la garde rapprochée qui sont intervenus au stade ?

Marcel Guilavogui : Je n’ai pas entendu et je n’ai pas été informé de cette commission.

Me Alpha Amadou DS Bah : Est-ce que vous vous connaissiez tous ou presque ?

Marcel Guilavogui : Non.

Me Alpha Amadou DS Bah : Vous, vous connaissiez combien parmi les membres de la garde présidentielle, à part Toumba ?

Marcel Guilavogui : Je n’ai pas de réponse pour ça.

Me Alpha Amadou DS Bah : Est-ce qu’au niveau du juge d’instruction on vous a torturé ?

Marcel Guilavogui : Je ne pense pas si un juge peut torturer.

Me Alpha Amadou DS Bah : Vous avez indiqué hier que vous êtes le neveu du président Moussa Dadis Camara. Vous aviez déclaré que vous étiez fidèle au président et que vous continuerai. Qu’est-ce que cela signifie ?

Marcel Guilavogui : Le président Moussa Dadis Camara est mon oncle. Est-ce qu’on ne peut pas être fidèle à son oncle ? Un oncle, c’est un tout pour chacun de nous ici présent.

Me Alpha Amadou DS Bah : Dans votre fonction de garde rapprochée, on vous demande d’être fidèle à l’institution que représente le président ou on vous demande d’être fidèle à la personne du président ?

Marcel Guilavogui : Si le président n’a pas confiance à une personne, il ne peut pas être sa garde.

Me Alpha Amadou DS Bah : Peut être que vous n’avez pas compris. La fonction que vous assumez, vous êtes un agent de service public. Dans votre fonction, vous protéger le président de la République ou la personne du président ?

Marcel Guilavogui : Les deux.

Me Alpha Amadou DS Bah : Vous, vous êtes fidèle à une personne, parce que c’est votre oncle. Est-ce que cela ne vous a pas conduit à aller massacrer les personnes au stade du 28 septembre pour protéger son pouvoir ?

Marcel Guilavogui : Je n’ai pas été au stade du 28 septembre.

Propos recueillis par Saïdou Hady Diallo, Abdallah Baldé, Mohamed Doré pour Guineematin.com

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