Procès du 28 septembre : l’audience suspendue à cause d’un incident entre le juge et les avocats de la défense

Tout est parti lorsque le juge audiencier, Ibrahima Sory 2 Tounkara, a dit à Me Sidiki Bérété, l’un des avocats du capitaine Marcel Guilavogui, d’être « courtois ». Alors que ce dernier posait des questions à son client pour tenter de laver son honneur dans cette affaire où de graves crimes sont articulés à son encontre, le juge l’a interrompu en lui demandant de poser une autre question et de rester courtois. Chose qui n’a pas plus à Me Sidiki Bérété qui a tout de suite en disant qu’« on n’est pas venu ici pour se faire insulter ».

Le ministère public est intervenu pour calmer les ardeurs, mais le juge a finalement décidé de suspendre l’audience. Et, après l’annonce de la suspension de l’audience, Me Salif Béavogui, un autre avocat de la défense, a exprimé sa colère et son indignation face aux agissements du juge Ibrahima Sory 2 Tounkara contre les avocats de la défense. Il estime que le juge audiencier laisse passer beaucoup d’irrégularités au parquet et à la partie civile. Une chose qu’il trouve injuste et qui pourrait impacter négativement ce procès.

Décryptage !

Me Salifou Béavogui, avocat

« On ne le souhaitait pas, mais à l’allure là, si les règles du jeu d’un procès juste et équitable ne sont pas respectées, le procès risque de déraper. Ça, je le dis et ça n’engage que moi en tant qu’avocat de plusieurs accusés dans cette affaire. Moi, en tant que défenseur, je n’ai aucun intérêt que ce procès perde même une minute. Parce que ce sont nos clients qui sont en prison, c’est nous qui devons être pressé dans cette affaire. C’est nous qui devons quelque fois garder le profil bas pour que nos clients soient jugés et situés sur leurs sorts. Mais attention, nous ne pouvons pas accepter l’inacceptable aussi dans ces procès.

Depuis le début de ce procès, le constat pour moi est amer. Nous avons constaté et ça n’engage que moi, que monsieur le président est très calme et très patient lorsque c’est le parquet qui intervient. Il laisse passer beaucoup d’irrégularités de ce côté. Si c’est la partie civile également qui intervient, il prend tout son temps pour écouter. Dès que la défense commence à intervenir, ce sont des interventions : maître, est-ce que c’est lié au dossier ? Maître, cette question nous amène où ? Maître posez les questions ; Maître vous vous croyez supérieur ; Maître vous êtes discourtois; Maître je vous retire la parole. Toutes sortes de menaces. Nous n’allons pas l’accepter. Ce procès sera conduit jusqu’au bout dans les règles de l’art. Certes nous avons des obligations dans ce procès, mais nous avons nos droits et également nos clients ont des droits.

Tout à l’heure, j’ai été le premier à être ridiculisé à la barre. Lorsqu‘un confrère s’est exclamé en disant où est-ce que le procureur a sorti ce document ? Le procureur, au lieu de continuer sur ses questions, a fait face au confrère qui venait pour chercher un document, il dit : ‘’non, je veux parler face à face avec l’avocat qui me conteste’’. Le président était là, il n’a rien dit. Je veux que l’avocat là revienne. Il a complètement laissé sa question pour s’attaquer au confrère. Et, nous sommes de la défense, nous sommes indivisibles. Quand vous attaquez un avocat ici, vous vous attaquez à tous les avocats. J’ai dit : non, le confrère est parti, mais moi je suis là. Il n’en fallait pas. Le président a commencé à dire : non vous n’avez pas la parole, vous vous croyez supérieur. Qui se croit supérieur dans cette salle ? Personne n’est supérieur. C’est la loi qui est supérieure et c’est elle qui nous dirige. Dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, le procureur a repris la parole en disant que si notre client a donné certaines réponses, c’est parce qu’il est orienté. C’est très grave. Ça aurait dû créer un incident. Est-ce que vous savez ce qu’on dit de nous dans les quartiers. On pense que c’est nous qui orientons nos clients à donner certaines réponses. Ce qui est faux et archi faux. Ici, la vérité va éclater.

Également, nous avons voulu attirer l’attention du président, il a refusé d’accepter, il nous a renvoyé. Mais, cela ne peut pas continuer. Me Bérété prend la parole, le président va jusqu’à dire : Maître il faut être courtois. Mais, on ne peut l’accepter. Ça ne peut pas aller comme ça. C’est pour cette raison que l’audience a été suspendue. Je crois qu’on se dira certaines vérités. Dans ce procès, les avocats doivent respecter leur déontologie. Nous devons respecter les règles de procédure, nous devons respecter les magistrats, nous devons respecter les confrères adverses. Mais, en retour, nous devons être respectés. Nous ne devons pas être muselés, nous ne devons pas être humiliés, nous devons exercer notre profession dans les règles de l’art. Mais, dans ce procès, il y a l’humiliation qui pointe à l’horizon et nous n’allons pas accepter ; parce que ce sont des charges montées de toutes pièces et nous ne l’accepterons pas », a martelé Me Salifou Béavogui avant une grande colère.

À suivre !

Mohamed Doré, Saïdou Hady Diallo et Abdallah Baldé pour Guineematin.com

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