Deuxième audience dans l’affaire M’Mah Sylla : voici les réactions des avocats des deux parties

Comme indiqué précédemment, le procès dans l’affaire M’mah Sylla, morte le 20 novembre 2021, à Tunis après avoir subi de nombreuses interventions chirurgicales, s’est poursuivi dans la journée d’hier, jeudi 03 novembre à Conakry. Après les débats au tribunal de première instance de Mafanco, les avocats de la défense et ceux de la partie civile ont exprimé leurs impressions au micro du reporter de Guineematin.com dépêché sur place.

Patrice Lamah, le médecin qui a reçu en premier Mlle M’Mah Sylla, a été longuement entendu par le juge de Mafanco où il est poursuivi avec Sebory Cissé, également médecin, pour viol, avortement, risque causé à autrui et administration de substances nuisibles.

Me Salifou Béavogui, avocat de Patrice Lamah

A la sortie de salle d’audience, Me Salifou Béavogui, avocat de Patrice Lamah, a dénoncé une récupération et une mauvaise instruction dans ce dossier. « Dans cette affaire, il y a eu de la récupération. Certains ont récupéré cette affaire et l’ont dramatisé. Sinon, à longueur de journée, on découvre des corps, on découvre des cas de viol, on découvre des cas de meurtre, on découvre des accidents macabres, mais ça passe. Mais dans le dossier de M’Mah, d’un seul coup, les ONG se sont servies de cette affaire, le pouvoir public s’est saisi de cette affaire, chacun est parti de son côté. Et à un moment donné, c’était devenu le dossier à la Une, chacun y allait de son commentaire. Il y a des gens qui parlent et qui vont du coq à l’âne sans connaître le fond de l’affaire. Maintenant que nous sommes devant le tribunal, la vérité va jaillir. Ce dossier a été mal instruit, il a été piloté, c’est un dossier qui a un goût d’inachevé parce que j’ai comme l’impression que de façon systématique, ce sont tous les médecins qui ont fréquenté cette dame ou que la dame a  fréquenté, tous ces médecins, à l’exception en Guinée de Mme Djalika Sylla, tous ces médecins se retrouvent en prison parce c’était la pression publique, c’était les ONG, c’était la clameur publique, c’est l’indignation généralisée ; donc coûte que coûte, il fallait agir pour faire plaisir peut-être à certains esprits ou à certaines forces », laissé entendre maître Béa.

Me Halimatou Camara, avocate de la partie civile

Pour sa part, maître Halimatou Camara, une des avocates de la partie civile, se réjouit d’ores et déjà l’ouverture du procès avant de laisser entendre qu’elle et ses collègues vont se battre pour que justice soit rendue à M’Mah Sylla. « Vous savez que c’est une audience qui est ouverte, c’est une bataille qui est déclenchée, la bataille pour que justice soit rendue à feue M’Mah Sylla qui a perdu la vie dans des conditions atroces et abominables. Je pense que le combat commence aujourd’hui, nous avons mené un grand combat avec beaucoup d’organisations de défense des droits humains, notamment l’ONG Mon enfant, Ma vie et plusieurs autres ONG qui se sont battues. Je pense que c’est le lieu de rendre hommage à tout ce travail qui a été fait en amont pour que nous puissions être là, devant un tribunal criminel qui est en train de siéger et nous espérons aussi que justice lui sera rendue. Nous sommes là, nous sommes déterminés pour que justice soit rendue à feue M’Mah Sylla », a martelé l’avocate.

Dans sa déposition, Patrice Lamah a reconnu que Mlle M’mah Sylla était sa copine et qu’il l’a accompagnée et même assisté à une opération chirurgicale qu’elle a subie. Pour maître Mountagha Kobélé Keïta, également avocat de la partie civile, si le prévenu s’est autant employé pour conduire la défunte chez plusieurs médecins, c’est qu’il se reproche de quelque chose.

Me Mountaga Kobélé Keïta, avocat de la partie civile

« C’est lui qui a emmené la femme chez son ami médecin puisque ça a mal tourné. Il était obligé de l’emmener chez un autre médecin qui a continué à faire le traitement mais la balle était déjà partie. On suppose que Lamah est complice parce que lorsque M’mah Sylla est venue chez le médecin pour avorter, il était également dans le bureau. Ce qui veut dire qu’il était censé connaître le mobile qui a emmené la victime chez le médecin », a-t-il indiqué.

La prochaine audience dans cette affaire est prévue le mardi, 08 novembre 2022, au tribunal de Mafanco.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

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