Forêt d’ENTAG (Conakry) : « sur les 672 hectares de 1944, il n’en reste que 8 aujourd’hui »

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Au moment où de nombreux acteurs sur le plan international s’activent pour la préservation de l’Environnement, le même combat se mène en Guinée mais non sans difficultés. Dans une conjoncture compliquée, l’ONG Bleu Blanc Guinée poursuit son offensive dans ce sens.

Aux dires de son président, Bachir Gaoual Diallo, interrogé par un reporter de Guineematin.com, la structure a effectué du reboisement à la forêt d’ENTAG, dans la commune de Matoto mais peine à trouver l’appui des autorités

Bachir Gaoual Diallo

« Depuis son lancement en Guinée il y a deux ans, notre ONG Bleu Blanc Guinée a effectué sa première activité dans la Forêt d’ENTAG, en y reboisant plus de 250 arbres sur un espace de plus de 800 mètres carrés Mais, après 4 mois seulement, les plants que l’organisation a mis en place ont été arrachés. Et au moment où je vous parle, il y a une maison qui a été construite et l’espace restant de ces 800 mètres carrés a été décapité par la même personne qui est en train de construire là-bas », dénonce Bachir Gaoual Diallo.

D’ailleurs, soutient notre interlocuteur, cette forêt n’est pas la seule à être victime d’agression de la part de particuliers en complicité avec des responsables. « Dans cette affaire d’agression, il y a aussi les forêts de Dabompa, Kakimbo, Démoudoula. Ce sont des forêts aujourd’hui qui sont dans cette capitale mais qui ne sont pas protégées malgré leur importance. Mais par rapport à celle d’ENTAG, c’est une question inquiétante. En 1944, on parlait d’un espace de plus de 672 hectares et de nos jours, de part et d’autre, on ne parle que de 8 hectares. Où sont donc passés les autres espaces ? Qui est en train d’autoriser l’occupation au niveau de cette zone ? Ces forêts sont occupées de façon anarchique, certaines y construisent, il y a aussi une coupe abusive qui se fait dans ces forêts, il y a même une partie de cette forêt qui sert de lieu de commercialisation de bétails », a indiqué monsieur Diallo.

Devant cette situation, Bachir Gaoual Diallo interpelle les consciences. « Le message, c’est qu’il faut être souple avec ces zones, de les protéger, savoir que protéger ces zones, c’est protéger nos propres vies. Si aujourd’hui on parle du réchauffement climatique, de la rareté des pluies à Conakry où il pleuvait huit (8) mois sur 12, c’est dû à la destruction de ces forêts. L’avènement des pluies dans un pays c’est d’abord les forêts. Aux autorités, leur présence devrait empêcher l’anormal d’être fait sur le normal, ces zones sont censées être classées et lorsqu’on dit que c’est un domaine classé, c’est que c’est à protéger. Il est vrai que les citoyens peuvent le faire mais la première responsabilité revient aux autorités. Donc, j’appelle à l’application de tous les textes et lois établis sur les questions environnementales, sollicite notre interlocuteur.

La situation des ONG en général, celles spécialisées dans la protection de l’environnement en particulier, n’est pas du tout facile. Le président de l’ONG Bleu Blanc Guinée appelle à l’assistance de la part des autorités.

« Depuis notre lancement en Guinée il y a de cela 2 ans et jusque-là, nous n’avons pas encore reçu l’accompagnement de quelques autorités que ça soit. Nous avons toujours œuvré avec nos propres moyens. Pas parce que nous n’avons pas essayé ou nous ne voulons pas être accompagné par les autorités. Nous avons tenté mais il n’y a pas eu de suite. Finalement, on a décidé que puisque nous nous sommes lancés et que c’est un acte citoyen, d’avancer tout simplement avec ou sans l’aide de quelqu’un. Ici, le premier souci avec nos autorités, c’est d’abord avoir la chance de les rencontrer, d’avoir la chance de s’asseoir et discuter sur des questions qui vous concernent tous. A partir du moment où les rencontrer devient un problème, je ne pense pas qu’une question d’accompagnement puisse être possible. Donc, on a essayé à plusieurs reprises, à plusieurs niveaux mais ces tentatives ont été toutes vaines. Au département de l’environnement, nous avons essayé de rencontrer Madame la ministre, Louopou Lamah, on a démarché tellement, mais jusqu’au jour où je vous parle, nous n’avons pas encore eu la chance de la rencontrer, malgré les multiples problèmes liés surtout à la question environnementale. On n’a été programmé qu’une fois, et toute une journée d’attente sans la rencontrer », a-t-il faut savoir.

Djaziratou Sow pour Guineematin.com

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