Agression du 22 novembre 1970 contre la Guinée : « la France voulait compromettre notre indépendance », dit Ismaël Condé

Ismaël Condé, Sociologue et président du PRPAG (parti révolutionnaire populaire africaine de Guinée)

Cela fait 52 ans jour pour jour depuis l’agression portugaise contre la Guinée. C’était le 22 novembre 1970 et la République Guinée venait à peine de célébrer ses 12 ans d’indépendance. Une indépendance acquise le 02 octobre 1958 après l’écrasant NON au référendum du Général De Gaulle (président de la France) qui proposait une communauté française. Cette agression militaire du 22 novembre 1970, perpétrée contre la Guinée, a été préparée avec la complicité de certaines puissances occidentales de l’époque, surtout le Portugal. Et, pour de nombreux Guinéens de l’époque, c’était une tentative de déstabilisation pour mettre la « communauté franco-africaine » pour freiner l’élan des indépendances sur le continent.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce mardi, 22 novembre 2022, le doyen Ismaël Condé, Sociologue et président du PRPAG (parti révolutionnaire populaire africaine de Guinée), a confié que cette agression du 22 novembre 1970 est une tentative de la France de compromettre l’indépendance de la Guinée.

« Le 22 novembre 1970 a marqué un grand pas de l’impérialisme français dans sa tentative de reconquête de la Guinée ou de la compromission de l’indépendance guinéenne. Vous savez, cette indépendance, nous l’avons obtenue malgré la France. Même si le Général De Gaulle avait dit ici que si la Guinée choisit son indépendance la France n’en fera pas d’obstacle, il n’y a pas ce que la France n’a pas fait ensuite pour empêcher notre admission au Nations Unies. Parce qu’elle voulait compromettre notre indépendance. Donc, dès le départ, la France a livré une véritable guerre contre notre pays pour pouvoir empêcher notre indépendance. Pierre Péan, un célèbre journaliste et écrivain, dans son fameux livre ‘’Homme de l’ombre’’ a reconnu que la France a jugé qu’il faut compromettre l’indépendance guinéenne pour mettre la communauté franco-africaine à l’abri du vent indépendantiste. Donc, il y a des complots pour pouvoir renverser le régime guinéen. Et, l’agression du 22 novembre 1970 était le énième complot. C’était en plein mois de Carême et ils ont pensé que les gens étaient fatigués et qu’ils pouvaient venir tranquillement prendre possession de la Guinée… Donc, l’agression est venue, c’était une surprise, parce qu’il y avait des Guinéens avec eux », a indiqué le doyen Ismaël Condé.

Selon le président du PRPAG, cette agression contre la Guinée a été repoussée par le peuple. Un peuple qui était d’une forte culture de liberté et qui était déterminé à préserver jalousement son indépendance.

« Le président Ahmed Sékou Touré a toujours enseigné que le peuple est la force motrice de l’histoire. Donc, c’est le peuple de Guinée qui a voté le 28 septembre pour permettre à la Guinée de reconquérir son indépendance. Et, fort de cette position, le PDG a armé le peuple de Guinée dès le départ. Donc, quand les agresseurs sont venus, c’est le peuple qui est sorti. Il y a avait des militaires, bien entendu ; mais, ces militaires étaient appuyés par la milice populaire et le peuple. C’est ce qui a permis la victoire contre les agresseurs. Les mercenaires ont été arrêtés ; et, enquêtes faites (…), il est ressorti la complicité de certains Guinéens dont des membres du gouvernement, des responsables politiques. Ce sont ces responsables politiques qui ont été arrêtés et jugés. Parce qu’il y a eu de nombreux morts pendant l’agression du 22 novembre 1970. Et, la plupart des cas, c’étaient des jeunes. Parce que quand les agresseurs sont venus, certains jeunes rentraient à la maison. Ce sont les Nations Unies qui ont indiqué que la France, l’Allemagne fédérale de l’époque, les Etats-Unis et surtout le Portugal avaient pris une part active à l’agression contre la Guinée. Mais, il y a un grand mensonge qui court autour de l’agression du 22 novembre 1970. Un grand mensonge qui est une forte intoxication de la jeunesse. Il y a des gens qui parlent de 50 000 morts au camp Boiro. C’est archi-faux. Les Nations Unies et l’OUA ont mené leurs propres enquêtes, c’est faux », a martelé le doyen Ismaël Condé.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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