Conakry : un chauffeur de grue condamné pour homicide involontaire à Conakry

Mamadou Maladho Diallo, conducteur de camion, a comparu hier, mardi 13 décembre 2022, devant le tribunal de première instance de Dixinn (délocalisé à la mairie de Ratoma). Il est poursuivi pour homicide involontaire. Des faits qu’il a reconnu sans ambages devant cette juridiction, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les faits remontent au 24 novembre dernier à Sonfonia-gare, dans la commune de Ratoma. Kabinet Kaba, vigile en poste dans une entreprise indienne à Sonfonia, a été fauché par la chaîne d’une grue qui a lâché et qui soulevait un conteneur de 4 tonnes dans son lieu de service.

À l’entame de son interrogatoire, le prévenu Mamadou Maladho Diallo a tenu à présenter ses condoléances les plus émues à la famille de la victime Kabinet Kaba et au tribunal. Puis, il est entré dans les détails de cette affaire.

« J’ai été déplacé par une société pour faire déplacer un conteneur de Sonfonia à Kagbelen. Arrivée devant la cour, j’ai demandé au vigile d’ouvrir le portail et de faire sortir le véhicule qui était garé dans la cour. Après, je lui ai demandé de fermer la cour pour ne pas que les gens viennent regarder. Il a effectivement fermé le portail et il est resté dehors. C’est lorsque moi j’étais dans le camion pour soulever le conteneur qu’il est rentré par la petite porte. Et moi, et mes apprentis, personne ne l’avait vu au moment de l’opération. Le conteneur était en hauteur de 50 cm quand la chaîne a lâché pour le taper sur la tête. Du coup, je suis descendu du camion pour aller déplacer un taxi au bord de la route pour le conduire à l’hôpital. C’est après cela qu’on m’a arrêté et ils m’ont conduit à la police. Ils n’ont même pas accepté que j’accompagne la victime à l’hôpital. Je crois que c’est un de mes apprentis et un représentant de l’entreprise qui l’ont accompagné. Moi, j’ai passé 4 jours à la police avant qu’on ne me défère à la maison centrale », a expliqué le conducteur Mamadou Maladho Diallo.

De son côté, Elhadj Karamo Kaba, ingénieur informaticien à la retraite et père adoptif de la victime, a expliqué les circonstances dans lesquelles il a trouvé son fils dans le coma. En bon musulman, il dit se remettre à la volonté de Dieu.

« C’était dans la matinée du jeudi, 24 novembre 2022, quand mon fils Kabinet Kaba est sorti de la maison pour son lieu de service. C’est vers midi, étant à la maison que mon téléphone a sonné, m’annonçant ainsi l’accident de mon fils à son lieu de travail. Du coup, je me suis précipité vers l’entreprise avec ma famille. À notre arrivée, on m’a dit qu’il a été transporté d’urgence à l’hôpital Sino-Guinéen. Une fois à l’hôpital, les médecins m’ont permis seul de rentrer voir mon fils. Je l’ai trouvé dans le coma en train de saigner au niveau de la tête. Nous sommes restés à l’hôpital jusqu’à 22 heures avec les représentants de l’entreprise, les parents du chauffeur. Le lendemain vendredi, je suis reparti avec toute ma famille. Ce jour, ma deuxième femme a passé la nuit à son chevet à la demande du médecin. C’est ainsi, dans la nuit de ce vendredi à samedi 26 novembre 2022, il a rendu l’âme précisément à 1 heure du matin. Mais, les médecins n’ont pas voulu m’informer à temps. C’est le matin pendant que je venais à l’hôpital que le représentant de l’entreprise m’a appelé pour m’annoncer son décès. C’est l’entreprise indienne qui a pris les frais d’hôpital. Il est le fils de mon frère, il est orphelin de père et de mère. Il vivait avec moi ici. Moi, je ne demande rien comme réparation. Je m’en remets à la volonté de Dieu », a-t-il dit.

Dans ses réquisitions, le ministère public a dit n’avoir pas constaté de défaillance due à la négligence ou à l’imprudence du prévenu. Par conséquent, il a requis l’application de l’article 544 du code de procédure pénale  c’est-à-dire la relaxe.

Pour sa part, la défense s’est alignée derrière les réquisitions du parquet en écartant toute option de négligence dans cet accident de la part de son client. L’avocat a aussi demandé le renvoi de son client pour des fins de la poursuite.

Ainsi, le tribunal a déclaré le prévenu, Mamadou Maladho Diallo, coupable des faits d’homicide involontaire. Pour la répression, le condamne à 6 mois de prison assortie de sursis et au payement de trois millions de francs guinéens d’amende.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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