Kindia : SOS pour les habitants de Bangouyah, envahis par les eaux du lac du barrage de Souapiti

Les habitants de Bangouyah, une commune rurale relevant de la préfecture de Kindia, impactés par le barrage hydroélectrique de Souapiti, rencontrent d’énormes difficultés pour la traversée du lac communément appelé port de Khoria. Il n’y a qu’un seul gilet de sauvetage pour 6 pirogues, dont trois de grande dimension. Les citoyens des nombreuses localités de Bangouyah, exposés à de nombreux dangers, interpellent les autorités. Interrogés sur place par l’envoyé spécial de Guineematin.com, ils ont exprimé leur désarroi.

Les habitants des villages de Khatia, Téné Yattaya, Baren Khoria, Kinfaya, Lambalé Warkhalan et autres sont impactés par la montée des eaux du barrage hydroélectrique de Souapiti. Ces inondations répétitives ajoutées au manque d’aménagement et d’équipements, comme les pirogues. Le déplacement des personnes et de leurs biens dans le lac entre plusieurs villages est un casse-tête chinois.

Daouda Camara, alias Koumi, piroguier domicilié à Téné Yataya

Daouda Camara, communément appelé Koumi, domicilié à Téné Yattaya, piroguier, a expliqué les difficultés du moment. « Nous faisons le transport des citoyens de Yataya, Baren Khoria, Kinfaya, Lambalé, Warkhalan jusqu’à Souapiti. Mais, il y a des pirogues ici, envoyées par le gouvernement, et d’autres petites pirogues faites à la main, appartenant à des particuliers. Je suis là, Maninka et Abdou sont tous là pour le service de transport des personnes et leurs biens sur la ligne fluviale Khatia et Bangouya centre. Nous avons de sérieuses difficultés. Nous n’avons pas d’équipements tels que des gilets, des moteurs et autres. On n’a qu’un seul gilet de sauvetage. L’eau rentre dedans des fois, les moteurs s’éteignent dans l’eau compte tenu de leur état de vétusté. Et on n’a pas de pièces de rechange. Si tu tombes en panne, il faut aller jusqu’à Conakry.  Sur trois grandes pirogues, il y en a deux qui ont leurs moteurs qui fonctionnent un peu. L’autre fois, la 3ème pirogue a subi un accident en se heurtant à un arbre en pleine circulation avec des passagers à bord. Heureusement qu’il y avait une seconde pirogue qui était derrière, qui a sauvé les passagers pour éviter des pertes en vie humaine. Il y avait eu des dégâts matériels. Certains ont perdu des colis, des téléphones et d’autres. Il y a des arbres dans l’eau qu’on ne voit pas. C’est Dieu seulement qui nous sauve. Nous circulons avec risque », a-t-il fait savoir.

Daouda Camara lance un appel aux autorités. « Il faut que les autorités nous aident dans ce sens. Ce que nous obtenons est très peu. Les moteurs sont vétustes et ça consomme trop d’essence. Les grandes pirogues peuvent prendre 25 à 35 personnes avec 4 motos. Cependant, le marché hebdomadaire, il y assez de mouvement. Normalement, pour faire traverser quelqu’un, c’est 5 000 GNF. Mais ce n’est pas tout le monde qui paye, compte tenu de la pauvreté. Il faut forcément des pirogues motorisées pour traverser ici ; sinon, c’est impossible, c’est très distant », a-t-il expliqué.

Sékou Amadou Camara, cultivateur

Même son de cloche chez Sékou Amadou Camara, cultivateur domicilié à Baren Khouboun Khoria, district de Khatia, qui se plaint de la difficulté pour écouler ses produits. « Nous avons des difficultés de route, de manque d’eau potable, et la divagation des animaux sur nos cultures potagères. Ensuite, on n’a pas suffisamment de pirogues pour traverser le fleuve. On a que deux pirogues et il y a un monde fou. Pour commercialiser nos cultures, il faut débourser de l’argent pour les faire traverser dans les pirogues. Des fois, on peut te dire de payer 15 000 à 20 000 GNF par sac de condiments pour arriver à Bangouyah centre. Après, tu les embarques pour Kindia. Là aussi, tu payes de l’argent. Il ne te restera presque rien. On a de sérieux problèmes à ces niveaux. Nous cultivons du riz, du fonio, des arachides, du piment, des aubergines, etc. Nous sollicitons auprès de l’État une assistance. Nous voulons surtout un bac ici pour faciliter le trafic », a souhaité Sékou Amadou Camara.

Mamadouba Camara, habitant de Khatia

Ce sont les mêmes plaintes chez Mamadouba Camara, habitant de Khatia. « Nous sommes encerclés par les eaux. C’est par semaine qu’on se déplace en grand nombre pour aller au marché de Bangouyah. Le jour du marché, on paye 5 000 GNF par personne. Les autres jours ordinaires, chacun paye entre 10.000 et 20 000 GNF. Si c’est deux personnes, vous payez 50.000 GNF. Nous demandons aux autorités de nous envoyer des pirogues équipées pour traverser. Nous sollicitons la mise à disposition des citoyens d’un bac pour mettre fin à notre calvaire », a plaidé Mamadouba Camara.

De retour de Bangouyah, Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 628 51 67 96

Facebook Comments Box