Impact des réseaux sociaux sur la formation des étudiants : les avis de certains acteurs concernés

Il est évident que les réseaux font partie de la vie des jeunes d’aujourd’hui, surtout dans les milieux urbains. Il n’y a pas de doute aussi que leur utilisation peut avoir un impact sur ces jeunes, notamment les étudiants. Mais au regard du constat actuel, cet impact est-il positif ou négatif ? Un journaliste de Guineematin.com s’est rendu à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia hier, vendredi 20 janvier 2023, pour échanger avec certains acteurs concernés sur cette situation.

L’utilisation des réseaux sociaux (Facebook, Tiktok, Snapchat, WhatsApp, Instagram…) est devenue quasiment indispensable pour de nombreux jeunes à Conakry. Pour certains, c’est ce monde virtuel qui occupe aujourd’hui la plupart de leur temps. Une situation inquiétante pour Mamoudou Mariam Tounkara, sociologue, enseignant-chercheur à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia. Pour lui, être constamment sur les réseaux sociaux peut avoir des conséquences négatives sur la formation des jeunes, et bien au-delà.

Mamoudou Mariam, sociologue enseignant-chercheur à l’université de Sonfonia

« Je pense qu’on ne peut pas être hyper exposé aux médias sociaux et prétendre apprendre. Pour apprendre, il faut avoir un objectif. Et pour atteindre cet objectif, il faut éviter tout instrument capable de te détourner de cet objectif. Et très malheureusement, les médias sociaux sont ces instruments-là qui rendent accros ces personnes et ces groupes de personnes à ces instruments capables de les détourner de leur chemin. Par contre, celui qui veut se former à travers les réseaux sociaux, peut bel et bien le faire. Parce que les réseaux sociaux nous permettent de diffuser le savoir. Ils sont capables de nous permettre de recevoir ces savoir-faire diffusés.

Personnellement, j’ai un groupe WhatsApp dans lequel tous les apprenants qui suivent ce cours se retrouvent. Où on me pose des questions et je réponds directement. Mais lorsqu’on s’expose aux réseaux sociaux, on finit par être influencé dans nos façons de faire, d’agir et de penser. Alors que c’est un monde virtuel. Cela fait souvent que les gens sont déroutés de leur comportement vestimentaire éducatif. C’est-à-dire, ce qu’ils voient chez les autres, ils sont tentés de le reproduire. Et cela entraîne souvent des dépravations des mœurs », explique cet enseignant-chercheur.

Mohamed Traoré, administrateur général du service informatique de l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, n’est pas d’accord aussi avec la présence constante des étudiants sur les réseaux sociaux. Selon lui, le constat révèle que cela détourne nombre d’entre eux de leur formation.

Mohamed Traoré, Administrateur Général du service informatique de l’université de Sonfonia

« Aujourd’hui, vous pouvez voir un étudiant qui est physiquement en salle, mais son esprit est dehors. Parce qu’une fois que l’étudiant est connecté, tout ce qui se passe dans la salle, il n’en a plus connaissance. Donc ça distrait l’étudiant. Deuxièmement, il y a une perte de concentration. Quand on reste connecté fréquemment sur les réseaux sociaux, on a tendance à perdre la capacité de se concentrer sur les tâches à long terme.

Certains, dès qu’ils sont connectés, la première des choses qui leur vient en tête, c’est de savoir d’abord la photo qu’ils ont postée, a comptabilisé combien de vus, quels sont les gens qui ont commenté, est-ce c’est apprécié. Donc, c’est souvent ce genre de choses qui préoccupent les étudiants au lieu de se concentrer sur les tâches qu’ils ont à faire », a-t-il déploré.

Du côté des étudiants, on cherche à dédramatiser la situation. Suzanne Toupou, étudiante au département Lettres Modernes de l’université de Sonfonia, souligne que l’utilisation des réseaux sociaux n’est pas mauvaise. Pour elle, c’est la façon de les utiliser et le but recherché par l’utilisateur qui peuvent être mauvais.

Suzanne Toupou, étudiante sortante au département des lettres modernes de l’université de Sonfonia

« Le réseau social est tout à fait neutre. C’est l’usage que nous faisons qui fait que ça devient mauvais pour notre formation. Sinon c’est quelque chose qu’on peut utiliser pour la recherche d’emploi ou pour des études avancées. Avec le système LMD d’ailleurs, nous avons peu de temps. Le minimum de temps que nous avons à la maison, nous devons l’utiliser pour des bonnes recherches qui peuvent nous aider à nous préparer avant de venir à l’université ».

Même son de cloche chez Mamadou Aguibou Diallo, étudiant en licence 3 au département des Sciences politiques de l’université de Sonfonia. Ce dernier reconnaît toutefois que la plupart des étudiants ne font pas un usage avantageux des réseaux sociaux.

Mamadou Aguibou Diallo, étudiant en Licence 3 au département des sciences politiques

« Je pense que chacun à sa perception sur les effets de l’utilisation des réseaux sociaux. Mais ce qui est évident, c’est que tout n’est pas mauvais. Si nous prenons par exemple Facebook, Twitter, Instagram… des gens peuvent faire des vidéos qui peuvent vraiment instruire d’autres personnes. Malheureusement, chez nous, il y a peu de jeunes qui s’intéressent au caractère productif des réseaux sociaux.

Vous pouvez demander à plusieurs étudiants ici, ils vous diront que lorsqu’ils sont connectés, ils vont automatiquement sur Facebook et autres juste pour se divertir. Personnellement, j’utilise les réseaux sociaux, mais je n’aime pas m’abonner à des pages qui ne m’apportent rien de positif. Je suis chaque jour des formations sur WhatsApp, et ça me permet vraiment de me cultiver de plus », a laissé entendre cet étudiant.

Selon les responsables de l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, ils sont à pied d’œuvre pour combattre la mauvaise utilisation des réseaux sociaux par leurs étudiants.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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