‘’Sommet’’ de Ouagadougou : les juntes du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso à l’assaut de la CEDEAO et de l’UA !

Abdoulaye Diop (Mali), Morissanda Kouyaté (Guinée) et Olivia Rouamba (Burkina)

Venues au pouvoir par le crépitement des armes et en violation de tous les principes démocratiques universels de conquête de la magistrature suprême, les juntes militaires du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso mutualisent leurs efforts pour pousser la CEDEAO et l’Union africaine à tordre le cou à leurs règlements. En tout cas, c’est l’image que renvoient la rencontre des ministres des affaires étrangères de ces trois pays à Ouagadougou hier, jeudi 09 février 2023, et les conclusions qui en ont découlées. C’est à croire que les putschistes de Bamako, de Conakry et de Ouagadougou veulent se donner les mains pour faire un assaut contre la CEDEAO et l’Union africaine, deux institutions du continent qui ont pris des sanctions à leur encontre.

« Une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi ». C’est visiblement cet enseignement de Montesquieu que les putschistes de la Guinée, du Mali et du Burkina Faso veulent rappeler à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et à l’Union africaine (UA). Ils ont été sanctionnés pour avoir perpétré des coups d’Etat qui ont interrompu l’ordre constitutionnel dans leurs pays, mais ces militaires soutiennent encore la thèse de ‘’Coup d’Etat juste’’ pour justifier leurs actes. Et, ils ont l’air de dire à la CEDEAO et à l’UA qu’il n’est pas sage de sanctionner et de condamner systématiquement tous les coups d’Etat.

C’est de bonne guerre de se défendre. Mais, demander des faveurs en mettant le couteau à la gorge du pourvoyeur n’est pas une méthode diplomatique ordinaire. Alors qu’ils demandent la levée des sanctions prises contre eux par la CEDEAO et l’Union africaine, les putschistes au pouvoir en Guinée, au Mali et au Burkina Faso profèrent des mises en garde à peine violées, en brandissant leur attachement au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Ce qui est de nature à anéantir leurs efforts de conciliation avec ces deux institutions.

Au-delà, demander à la CEDEAO et à l’Union africaine de lever les sanctions prises à leur encontre, dans les contextes actuels de leurs pays, est une manière pour ces militaires putschistes de pousser ces deux institutions à la faute. En clair, c’est une ‘’demande de violation de la loi’’ qu’ils viennent de formuler à l’égard de la CEDEAO et de l’UA. Et, si ces institutions succombent et accèdent à cette demande, elles auraient créé un précédent généreux qui pourrait servir de jurisprudence en faveur d’autres putschistes dans d’autres pays du Continent.

Cette demande est clairement une tentative d’exportation des pratiques de violations des lois et des principes démocratiques. C’est aussi l’intention d’un trio de putschistes de mener un assaut contre la CEDEAO et l’UA pour faire accepter l’illégalité et l’idée d’un putsch normal et légitime.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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