Manque d’eau, d’enseignants, de routes… le district de Kompéta (Missira) « oublié » à 90 Km de Télimélé-ville

Les habitants du district de Kompéta, relevant de la sous-préfecture de Missira (préfecture de Télimélé) font partie des oubliés des gouvernances successives. Les plaintes ne manquent pas dans une conjoncture économique compliquée. Manque d’eau, de routes, de centres de santé et d’enseignants sont les facteurs qui freinent le développement de ce district, situé à environ 90 kilomètres de la commune urbaine de Télimélé, a constaté Guineematin.com à travers son envoyé spécial.

À ce jour, le district de Kompéta ne dispose que de 2 forages pour approvisionner les habitants en eau potable. Des forages mis en place par les populations elles-mêmes, qui se sont données la main pour arriver à ces réalisations. Mais, comment l’eau potable est-elle servie aux habitants ? Cinq (5) bidons coûtent mille francs guinéens dans cette localité rurale où la pauvreté est de mise.

Abdoul Rahimy Diallo, habitant de Kompéta

Trouvé à Compéta par l’envoyé spécial de Guineematin.com, Abdoul Rahimy Diallo, qui a vécu pendant des années à Luanda (Angola), a expliqué que les populations de son district souffrent énormément. « Des difficultés ne manquent pas. Mais, nous vivons avec ça depuis des décennies. Avec les associations, nous avons pu trouver beaucoup de choses pour le village afin de surmonter certaines difficultés. Par exemple, dans le domaine de l’eau, nous avons pu trouver un forage, grâce à la bonne volonté et la détermination de nos femmes qui ont cotisé plus de cent millions de francs guinéens et elles ont envoyé une équipe qui a mis en place ce forage. C’est en cela que nous trouvons de l’eau. Mais ce forage est insuffisant pour le village. Il y a quelqu’un d’autre du village qui, lui aussi, a mis en place un forage, toujours pour soulager les habitants. Nous faisons payer ceux qui viennent s’approvisionner en eau. Nous avons voulu le faire gratuitement, mais nous utilisons en ce moment un moteur qui consomme du gasoil et nous achetons ce gasoil. C’est donc pour nous permettre d’allumer le moteur et pour son entretien que nous avons jugé nécessaire de faire payer mille francs guinéens pour 5 bidons. Je pense que cela est raisonnable et les populations sont contentes pour ça », a-t-il déclaré.

Dispensaire du district de Kompéta

Par ailleurs, le district de Kompéta ne dispose que d’un dispensaire avec une seule salle. C’est là que tout le monde passe pour se faire consulter. Avec à la clé un seul médecin traitant pour toute la localité. Le seul bâtiment qui abrite le dispensaire se trouve présentement dans un état de dégradation inquiétant. Les murs sont fissurés, le plafond commence à se dégrader.

Et pour montrer leur détermination à voir Kompéta dans le développement, les citoyens ont construit un bâtiment qui doit servir d’hôpital pour le district. Mais faute de moyens, le bâtiment reste pour le moment non équipé. A côté de l’hôpital, ils ont également construit d’autres bâtiments pour les logements des médecins qui seront déployés à leur niveau. Devant cet état de fait, Abdoul Rahim Diallo a lancé un cri de cœur pour attirer l’attention des autorités.

District de Kompéta

« Le dispensaire qui existe a été construit depuis 1996. C’est une ONG qui était venue ici, à travers le gouvernement, pour nous le donner. Et cela avait été réalisé avec l’implication des habitants. Mais depuis sa construction, le dispensaire n’a jamais été rénové. Et parfois, on peut rester ici sans qu’il n’y ait un médecin traitant. C’est un problème. Vous avez vu le bâtiment, il est en état de délabrement. Nous demandons aux autorités sous-préfectorales de renouveler cela, parce-que c’est à elles de s’en occuper. Les gens viennent massivement pour se faire consulter, et si vous voyez le registre, vous allez comprendre combien de fois cela est effectif dans ce dispensaire. Vous allez comprendre également que Kompéta est le plus grand village de toute la préfecture de Télimélé. Pour tout le village, nous n’avons qu’un seul médecin traitant. Et, il n’y a pas de sage-femme. Vous avez vu ce grand bâtiment, ce sont les ressortissants de Kompéta vivant ailleurs qui se sont donnés la main pour le construire pour que nous ayons un hôpital. Ce sont les citoyens de Kompéta et toute la sous-préfecture de Missira. Vous savez que les populations en ont besoin. Se soigner est une nécessité pour les citoyens. Donc, nous demandons aux autorités de nous aider à équiper ce bâtiment pour qu’il soit enfin opérationnel pour les besoins de santé », a-t-il déclaré.

Forage d’eau dans le district de Kompéta

Le district de Kompéta est doté d’une école primaire qui se trouve dans le même périmètre que le dispensaire. Elle manque d’enseignants. Pour un établissement de 3 salles de classe, seulement 2 enseignants y sont déployés pour dispenser les cours. L’école ne dispose pas de 1ère et de 5ème année cette saison. Les 2 enseignants qui sont là, chacun a deux classes, de niveaux différents. Les 3ème et 4ème années sont enseignées par Amadou Bah. Les 2ème et 6ème années sont enseignées par le directeur de ladite école.

À notre arrivée sur les lieux dans la matinée du samedi, 18 février 2023, le directeur de l’école était parti dans la sous-préfecture à Missira, pour chercher des craies de couleur. C’est ce que nous a confié son collègue enseignant, Amadou Bah. Les toilettes de l’école sont également délabrées.

Amadou Bah, enseignant à l’école primaire de Kompéta

« On a 2 enseignants pour cette école. Mon directeur est parti actuellement à Missira pour nous chercher des craies de couleur, puisqu’on est en manque ici présentement. Ce matin du samedi, on doit faire l’éducation physique et sportive avec les élèves. Après, on rentre en classe pour les cours. Nous qui sommes là, nous gérons 4 classes de niveaux différents. Par exemple, j’enseigne la 3ème et la 4ème année dans une même salle. Mon directeur, lui, détient la 2ème et la 6ème année dans une même salle. Il y’a un manque d’enseignants, imaginez un enseignant qui gère les élèves de niveaux différents dans une salle, c’est très difficile. Nous le faisons parce qu’on n’a pas le choix. Cela nous fatigue beaucoup ici… Mais avec ça, c’est la 4ème année qui va finir avec les programmes, quant à la 3ème année, quelle que soit ma détermination, on ne va pas finir avec leurs programmes annuels. Dans notre école, il n’y a pas de 1ère et de 5ème année pour cette session. Il y a eu une proposition d’envoyer une enseignante, mais la communauté a dit qu’elle ne veut pas de cette enseignante. Il y’a eu une grande confusion entre l’enseignante et la communauté, c’est ainsi que la femme est partie. C’est ce qui fait que la 1ère année n’a pas été enregistrée cette année. Donc, nous qui sommes là, chacun enseigne deux niveaux, il était alors impossible pour nous de prendre une autre classe. Seulement, nous nous entendons avec les communautés. Nous sommes bien entretenus », a-t-il confié.

Pour arriver au district de Kompéta, après la commune urbaine de Télimélé, il faut passer par les sous-préfectures de Tarihoye et Koba en passant par le district de Boussoura Bowé. L’accès est difficile pour les usagers à cause du mauvais état de la route. C’est un autre calvaire pour les habitants de toutes ces localités de la préfecture de Télimélé.

Des élèves de l’école primaire de Kompéta, sous-préfecture de Missira
École primaire de Kompéta

Élèves de l’école primaire de Kompéta, sous-préfecture de Missira
Toilettes de l’école primaire de Kompéta
Sous-préfecture de Koba, préfecture de Télimélé
Sous-préfecture de Tarihoye, dans la préfecture de Télimélé

De retour de Kompéta, Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tel : 622 56 11 82

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