Obtenir un passeport biométrique en Guinée : un véritable casse-tête

Safayiou Diallo, économiste

Par Safayiou DIALLO : À croire les résultats de nos recherches, la Guinée n’est pas le seul pays africain où il est difficile d’obtenir de nos jours, un passeport biométrique. Plusieurs autres pays du continent à l’image du grand Nigeria, du Ghana ou encore du Malawi ne font pas exception à la règle.

Du coup, les populations se trouvent peinées dans leur droit pour des raisons qui n’en valent pas parfois la peine. Et pourtant, comme le rappelait tout récemment l’actuel Ministre de la Sécurité lors de son intervention devant le CNT, le passeport est un document administratif comme tous les autres documents.

L’objectif de cette tribune n’est pas de ressasser les nombreux échecs du Ministère en charge de la délivrance des passeports dans les meilleurs délais ou d’incriminer qui que ce soit. Elle se veut simplement la critique du process que nous avons observé, de l’enrôlement à la livraison du passeport biométrique en Guinée.

De l’enrôlement :

A l’image de l’extrait de naissance et de la carte d’identité biométrique, pour obtenir un passeport en Guinée, il faut passer impérativement par des démarches administratives. Sauf que l’on tendance à se dire que ces démarches prennent tout le temps des paisible populations.

En ce qui nous concerne, nous avons été à Coléah le mercredi 18 janvier à 7h 10 pour être plus précis. A notre arrivée, nous avons trouvé une foule immense dans le premier hangar situé à gauche, tout près de la mosquée et c’est à peine si nous avons obtenu des badges pour l’enrôlement/remplissage des formulaires suivis de la signature. Après l’enrôlement, il faut passer dans un autre hangar situé en face du précédent pour la validation de son dossier avec une lenteur administrative qui ne dit son nom. C’est seulement vers 12h que nous avions terminé cette deuxième étape qui n’existait pas auparavant pour enfin tendre vers la troisième étape, celle de la saisie/vérification des données et impression du papier de rendez-vous (1 mois en ce qui nous concernait).

Au niveau de cette étape, toutes les règles ont été brisées car l’ordre d’arrivée n’était pas respecté. A croire les agents de saisie, ceci s’expliquerait par le fait que l’on a alloué moins de machines au renouvellement qu’au premier enregistrement. Ce qui ne nous a pas du tout convaincu car nous, nous sommes enregistrés avant une autre personne qui n’était pas concernée par le renouvellement alors qu’elle était avant nous. De plus, d’autres personnes avec lesquelles nous avions fait les formalités de départ, nous avait laissé dans cette galère. Pour faire court, cette dernière étape avait seulement pris fin après 4h 30. Du coup, c’est seulement à 16h 30 que
nous avions pu quitter le lieu. Cela dit sauf erreur de notre part, il faut passer toute une journée avec une chance inouïe pour se faire enrôler et espérer obtenir un passeport biométrique par ces temps qui courent en Guinée. Ce qui est à notre avis très déplorable.

De l’attente interminable :

En ce qui nous concerne, nous avions seulement pour rendez-vous le samedi 18 février 2023 pour le retrait de notre passeport ainsi que 2 autres passeports appartenant à des éléments de notre famille. Mais, connaissant la lourdeur administrative, nous avons attendu le 20 février dernier dans l’espoir de tous les récupérer enfin. Fort malheureusement, c’est seulement 2/3
passeports conçus le 06 février 2023 qui étaient disponibles. Pourquoi donne-t-on des délais très longs pour une conception en très courte durée ?

Cependant, nous ne sommes pas le seul dans cette situation, deux (2) autres amis dont l’un qui s’est enrôlé à Matoto le 16 janvier et un autre le 18 janvier 2023 au même moment que nous peinent encore à rentrer en possession de leur passeport.
S’il y a quelque chose qui nous a particulièrement marqués dans la journée du 20 février 2023, c’est la façon dont on traite les citoyens pour la vérification de l’état d’avancement de leur document de voyage, dans la salle informatique. D’abord, il faut attendre pendant 10 minutes même si l’on n’a personne devant soi. Et le jeune qui nous a pris en charge a inscrit sur notre papier V/20 sans aucune explication. Il a fallu que l’on se tourne vers un autre agent plus professionnel pour comprendre ne serait-ce que le sens du V qui signifie Validation. Jusqu’à ce jour (25/02/2023), nous ne savons pas si le 20 signifie que notre passeport devrait être validé le même jour c’est-à-dire le 20 février ou si c’est l’étape 20.

A notre humble avis, les agents qui sont en contact direct avec les citoyens doivent bénéficier d’une formation sur la qualité d’accueil qui est indispensable à la réussite de toute activité économique.

Des suggestions :

Nous ne saurons terminer ce papier quoi que n’étant pas spécialiste du sujet sans pour autant faire quelques suggestions comme tout autre citoyen guinéen qui veut voir la Guinée au sommet de toutes les instances de décisions du monde entier.
Cependant, nous saluons toutefois, la décision du Ministère de la Sécurité qui a pris les dispositions utiles pour décentraliser la délivrance des passeports biométriques. Mais, malgré toute la bonne volonté, l’on est loin du compte. Nous pensons à notre for intérieur que pour la réussite de cette activité, il faut :

  1. Former et sensibiliser les agents sur la capacité d’accueil des demandeurs des documents administratifs ;
  2. Travailler sur la capacité d’accueil des lieux d’enrôlement en multipliant par 5 s’il le faut le nombre d’agents qui s’occupent actuellement des demandeurs de passeports tout en donnant la priorité à ceux qui sont en instance de voyage ;
  3. Effectuer des contrôles inopinés sur les dossiers de demandes de passeports afin d’identifier ceux en retard ;
  4. Prendre des dispositions pour mettre fin à la lenteur administrative ;
  5. Informer en temps réel les citoyens de l’état d’avancement de leur passeport comme c’est le cas pour la délivrance du permis biométrique ;
  6. Mettre en place un département expérience citoyen/client pour faire face ne serait-ce qu’aux réclamations clientèles toute en créant une page Facebook dédiée à ce sujet défaut d’un site internet…

Par Safayiou DIALLO, Citoyen guinéen

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