Créée un peu moins de deux ans après l’accession de la Guinée à la souveraineté nationale, la monnaie guinéenne a 63 ans d’existence ce 1er mars 2023. A sa création le 1er mars 1960, cette monnaie nationale avait été présentée comme l’instrument qui a parachevé le processus d’indépendance de la Guinée face à la puissance coloniale française. Elle avait aussi été présentée comme le « fondement du développement » de la Guinée. Et, à ce titre, elle devait apporter de la « stabilité » et de la « solidité » à l’économie guinéenne. Malheureusement, après plus d’un demi-siècle d’existence, cette monnaie peine à rassurer et à apporter de la stabilité aux Guinéens. « C’est le franc glissant », ironisent certains en parlant du franc guinéen hanté par de multiples cas d’inflations depuis qu’elle a vit le jour.
La monnaie guinéenne a été créée sur la base de « un franc guinéen est égal à un franc CFA ». Mais, au fil du temps, un énorme fossé s’est creusé entre le franc CFA et cette monnaie nationale qui devait assurer la stabilité des prix et promouvoir un système financier viable pour une croissance durable en Guinée. Actuellement, il faut plus de 10 francs guinéens pour avoir un franc CFA.
La faiblesse du franc guinéen face aux devises (dollar, euro, CFA,…), ajoutée à l’inflation (8,6 % en décembre 2022, selon la BCRG) qui le gangrène, a de terribles conséquences sur le pouvoir d’achat des Guinéens. Les prix des denrées sont constamment à la hausse sur le marché en Guinée, surtout en cette période de crise économique mondiale due à la guerre en Ukraine et la pandémie de COVID-19.
Présentement, la monnaie guinéenne compte plusieurs coupures dont la plus grosse est le billet de 20 000. Mais, sur le marché, seules les grosses coupures (billets de 5 000, 10 000 et 20 000) sont le plus visibles. La petite monnaie (billets de 2000, de 1000 et de 500 francs) est une source de peines pour les usagers, tandis que les pièces et les billets de 100, de 50, de 25, de 5 et de 1 franc ont complètement disparu de la circulation. Ce qui contribue à dégrader le pouvoir d’achat des Guinéens.
Aujourd’hui encore, les autorités guinéennes se targuent d’un « taux de croissance du PIB de 5,3% en 2022 » et d’un « taux d’inflation à un chiffre ». Malheureusement, ces ‘’performances économiques’’ n’ont encore aucun impact positif sur la vie des citoyens guinéens. Ces derniers sont étranglés par le coût de la vie et ont du mal à afficher leur fierté face à cette monnaie qui est une souveraineté nationale.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
