60 millions GNF pour un voyage avorté en Belgique : Aminata Cissé, employée d’une agence de voyage, jugée à Conakry

Aminata Cissé, secrétaire d’une agence de voyage, a comparu hier, jeudi 16 mars 2023, devant le tribunal de première instance de Mafanco. La jeune fille de 26 ans est poursuivie pour « complicité d’escroquerie » portant sur un montant de 60 000 000 GNF (Soixante millions de francs guinéens). Elle a plaidé non coupable des faits qui lui sont reprochés, assurant ne rien savoir sur cette affaire, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui a suivi le procès.

Aminata Cissé travaille comme secrétaire à l’agence de voyage Multiservices Aly Sacko basée à Conakry, et qui cherche des visas pour des personnes souhaitant se rendre en Europe, au Canada et à Dubaï. Informé par un de ses amis de l’existence de cette agence, Abdourahmane Bangoura, agent immobilier, s’y est rendu dans le but de chercher un visa pour « sa petite amie » qui voulait aller en Belgique. Arrivé sur les lieux, le jeune homme de 33 ans a été accueilli par la mise en cause, qui lui a expliqué le processus pour l’obtention du visa et le montant à payer.

Il a ensuite été reçu par Aly Sacko, le patron de ladite agence. Les deux parties s’accordent sur un montant de 75 000 000 GNF comme prix à payer pour avoir le visa. M. Bangoura verse 60 000 000 GNF, et promet de payer le reste de l’argent une fois que le visa sera sorti. Sauf qu’il n’aura jamais ce visa et ne va pas non plus récupérer son argent. C’est ainsi qu’après moult tractations, il décide de porter l’affaire devant la justice.

« Ils m’ont dit que je pouvais avoir le visa en deux mois. Mais après ces deux mois, rien n’est sorti. J’ai finalement appelé Aly pour lui dire que je voulais mon argent, il m’a dit que lui-même avait décidé de me le rendre. Il m’a donné rendez-vous le 25 janvier (2023), cette date est arrivée, je n’ai pas reçu mon argent. Je l’appelle, il ne prend pas. Il demandé à Aminata de me dire de patienter, qu’il était en train de chercher mon argent », a expliqué Abdourahmane Bangoura devant le tribunal.

Appelée à la barre pour s’expliquer sur cette affaire, Aminata Cissé a reconnu avoir été témoin du versement de l’argent par le plaignant. Mais elle soutient n’avoir nullement été impliquée dans une affaire d’escroquerie. « Le jour où le plaignant est parti, j’étais seule là-bas (à l’agence), je lui ai expliqué la situation, mais je ne l’ai pas convaincu. Je lui ai alors dit d’aller et de revenir le lendemain pour rencontrer le chef. Il est parti. Après, lorsque le chef m’a demandé si mon client ne venait plus, je l’ai appelé pour lui dire que le chef était venu.

Donc il est revenu et s’est entretenu avec le chef, qui l’a convaincu. Il a demandé s’il y avait une garantie, le chef a dit : « oui, en le faisant, on ira à la gendarmerie ou à la banque pour déposer l’argent là-bas ». Il (Abdourahmane Bangoura) a dit : « on va alors verser l’argent à la banque », mais le chef a dit qu’il préfère qu’ils le fassent à la gendarmerie parce qu’en faisant le retrait à la banque, il faudra leur donner quelque chose. Il a dit OK, on est partis à la gendarmerie. Quand on est allés là-bas, ils m’ont dit d’écrire, en tant que secrétaire, toute la procédure et de signer.

J’ai dit non, je ne peux pas écrire, parce que je ne sais pas comment ça fonctionne. Le commandant a appelé un des ses collègues qui a tout écrit. Ils ont mis mon nom et mon numéro de téléphone sur le document et m’ont demandé de signer comme témoin, soi-disant que M. Bangoura a remis l’argent à M. Aly Sacko. J’ai signé, le chef aussi a signé », a-t-elle expliqué, ajoutant que son chef lui fera savoir plus tard que sur les 5 dossiers qu’il aurait engagés, seulement Abdourahmane Bangoura n’a pas eu le visa.

Il demande donc à Mlle Cissé de convaincre le plaignant de patienter, le temps qu’il puisse lui rendre son argent. Finalement, n’ayant pas vu Aly Sacko, qui a pris la fuite, M. Bangoura fait arrêter et incarcérer sa secrétaire. Mais Aminata Cissé parvient à avoir une ordonnance de mise en liberté qui lui permet de comparaître libre dans cette affaire. Après avoir entendu le plaignant et la prévenue, le tribunal a renvoyé le dossier au 30 mars 2023 pour les réquisitions et plaidoiries.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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