Cherté de la vie en période de Ramadan : des habitants de Conakry expriment leur préoccupation

C’est une période de vache maigre que le Ramadan (mois de jeûne musulman) est arrivé cette année en Guinée. Les prix des denrées alimentaires sont vertigineux sur le marché et les populations sont quasiment asphyxiées par le coût de la vie. Curieusement, ce mois de jeûne rime avec grande consommation. Et, avec un pouvoir d’achat maigrichon, nombreux sont les Guinéens qui se plaignent des tourments de la conjoncture.

En tout cas, à Conakry où un reporter de Guineematin.com a promené son micro hier, samedi 25 mars 2023, les citoyens se lamentent de la cherté des prix des denrées de première nécessité.

Décryptage !

Karifa Bérété, étudiant à l’université Kofi Annan

Karifa Bérété, étudiant à l’université Kofi Annan : « Pour moi le Ramadan a très bien débuté, parce que je me sens en bonne santé. Mais, au niveau de la conjoncture, c’est quelque chose qui est inexplicable. Ce que je peux dire, je ne vois pour le moment aucun acte positif de la transition sur la population dans l’amélioration du panier de la ménagère. Si tu vas au marché actuellement, les prix des denrées alimentaires sont trop élevés. Comme par exemple, un sac de riz, certains vendent à 300.000 GNF et d’autres à 290.000 GNF. Le sac d’oignon aussi se vend à 180. Mais, ce qui est déplorable, c’est que certains Guinéens n’aiment pas la Guinée. Même ce qu’on cultive chez nous ici, le prix est trop élevé. Ici en Guinée, tout augmente sauf le salaire. Mais, on doit être honnête avec Dieu. Nous sommes environ 13.000.000 habitants et la religion musulman domine. Mais, qu’est-ce qui fait que les choses sont difficiles ? Si ton voisin n’a pas les moyens, vient au secours pour l’aider. Tout augmente en Guinée sauf le salaire ».

Niangadou Amadou, entrepreneur

Niangadou Amadou, Entrepreneur : « La conjoncture actuelle est plutôt un peu compliquée. Parce qu’il y a beaucoup de choses à revoir. C’est à peu près la même chose chaque année. On est en train de constater que les autorités sont en train de faire de leur mieux pour pouvoir pallier tout cela, mais il y a beaucoup de choses à revoir. Parce que vous savez bien que la population est confrontée à beaucoup de problèmes surtout sur le marché par rapport à la cherté des denrées alimentaires. Et ça, en ce début de ramadan, je pense que c’est des hauts et des bas. Il faut rappeler tout simplement que lorsqu’il y a la cherté de la vie, le salaire se discute très souvent en fonction de ça. Parce que plus c’est cher au dehors, moins on est payé au boulot, ça devient encore plus compliqué. C’est pourquoi je dis qu’il y a beaucoup de choses à revoir. Notre pays a besoin d’être amorti dans plusieurs secteurs. La vie devient vraiment chère. Il y a deux choses qu’il faudra en parler : c’est la cherté des loyers et le cas de la nourriture. Sinon, même si on a des millions, ça ne vaut rien ».

Mamadou Saliou Sow, agent commercial

Mamadou Saliou Sow, Agent commercial : « De mon côté, le ramadan, comme c’est un fait coutumier, je me suis préparé à temps par rapport aux dépenses. Mais, à quel coût ? Les réalités du terrain m’ont prouvé le contraire par rapport à l’année passée et par rapport à la cherté des denrées alimentaires. J’ai investi énormément cette année, contrairement à l’année dernière, pour que la famille puisse faire le ramadan dans les meilleures conditions. Quand j’ai été au marché pour l’achat des produits, mon constat n’a pas été reluisant. Par rapport aux boîtes de mayonnaise qu’on achetait l’année dernière à 35.000 GNF, cette année c’est à 40.000 GNF. L’oignon qu’on achetait à 130.000 GNF, cette année c’est à 180.000 GNF. Moi je trouve qu’il y a eu un changement par rapport au prix. Ce qui veut dire que cette année est plus chère que l’année dernière. Ce qui est grave pour notre pays. Ce qui est déplorable, c’est qu’on ne constate jamais de diminution sur les prix. Que ça soit sur les nourritures, le loyer, le carburant… Avant, j’étais dans une chambre-salon où je payais 400.000 GNF par mois. Maintenant je paie jusqu’à 500.000 GNF. Ce qui veut dire qu’il y a eu une augmentation considérable sur les loyers en Guinée. Ce que je demande aux autorités de la transition, c’est de faire beaucoup attention à ce qui concerne l’alimentation de la population. Parce que si tout va bien en matière d’alimentation, notamment sur le pouvoir d’achat de la population, c’est ça qui va soulager la population. Si les gens mangent bien matin, midi et soir, c’est ce qui arrangera réellement les dirigeants qui sont là actuellement ».

Mamadou Saliou Diallo Porédaka N’dagnan

Mamadou Saliou Diallo Poredaka N’dagnan : « Je préfère l’année dernière qu’à cette année. Parce que vue de ce que j’ai vécu, l’année dernière est meilleure que cette année. Par rapport à la dépense, c’est extrêmement cher. Là, c’est incontestable. L’année dernière je payais moins de 80.000 GNF, mais cette année il me faut nécessairement 110.000 GNF. Mais, j’ai une famille de 12 personnes. Il me faut 110.000 et 120.000 par jour cette année. Mais, je trouve cette situation déplorable. Parce que si je me réfère à mon voisinage, je suis trop chargé par rapport à lui. Je sais ce que c’est. Je ne peux me satisfaire en mangeant seul et laisser les autres sans nourriture. Ça me donne de la peine aussi ».

Mamadou Saliou Oularé, prestataire

Mamadou Saliou Oularé, prestataire : « Mon constat, il est un peu alarmant. Pourquoi ? Parce que le ramadan s’annonce dans une situation un peu compliquée. D’abord au point de vue climatique, le soleil est très ardent et il fait excessivement chaud. Ça, c’est une réalité qu’il ne faut pas oublier, mais aussi les conditions par rapport aux denrées alimentaires. Aujourd’hui, nous avons des familles qui n’arrivent même pas à subvenir à certains de leurs besoins nutritifs, c’est vraiment désagréable. Parce que d’année en année les choses deviennent de plus en plus compliquées. Donc, je pense que les autorités doivent revoir ça par rapport au prix des produits de première nécessité (le riz, le sucre, l’huile, les pommes de terre). Au niveau des œufs, le prix a trop grimpé cette année et c’est ce que beaucoup de personnes utilisent par rapport aux déjeunés. On doit revoir tout cela, parce que le Ramadan est un mois sacré et de pardon dans lequel on doit se rapprocher de notre seigneur ».

Propos recueillis par Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

Tél. : +224 622 07 93 59

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