Un médecin à la barre : « on a enlevé des débris de son estomac…je ne savais pas que c’était de la drogue… »

Le médecin Samuel GOEPOGUI et plusieurs autres personnes sont jugés au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la mairie de Ratoma, dans une affaire de drogue. Dans la journée d’hier, lundi 3 avril 2023, Dr GOEPOGUI a comparu pour nier les faits mis à sa charge. Le médecin est poursuivi pour avoir extrait, dit-on, de la drogue du ventre d’une dame grâce à une opération chirurgicale, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Médecin de profession, marié et père de neuf (9) enfants, Dr Samuel GOEPOGUI est poursuivi, avec d’autres, pour complicité d’offre, de mise en vente, distribution, de courtage, de l’expédition, de transport, de l’achat, de la détention, ou de l’emploi de drogues à haut risque…

Selon nos informations, Dr Samuel GOEPOGUI aurait aidé une porteuse ambulante de cocaïne à faire passer sa marchandise. Des accusations que rejette l’accusé qui dit n’être au courant de rien. « Je n’ai fait que sauver une vie en tant que médecin », a-t-il déclaré en répondant aux questions de Sékou Ibrahima Soumah, président du tribunal Criminel.

« Dans la nuit du 21 août 2021, j’étais à la maison lorsque l’un de mes stagiaires m’a appelé pour me dire qu’ils ont reçu une patiente qui avait des douleurs atroces au niveau de l’abdomen. Elle s’appelait Angeline et je l’entendais au téléphone dire, frère aide-moi, frère aide-moi. Dès qu’ils m’ont fait le diagnostic sur son état, j’ai ordonné immédiatement qu’on la fasse passer à l’hôpital Donka. Moi-même j’ai emprunté une mototaxi pour me rendre à Donka et on s’est croisé là-bas. J’y suis allé par pure humanisme. Notre déontologie voudrait qu’on respecte l’être humain en lui venant en aide, sans discrimination, comme il est dit dans les articles 4 et 5. J’ai trouvé Angeline et son compagnon à l’intérieur de la cour de Donka. C’est Mbö, une de mes anciennes patientes, qui a accompagné Angeline dans ma clinique, située à Hafia 2. C’est de là que j’ai ordonné qu’ils se rendent à Donka », a-t-il expliqué.

Plus loin, l’accusé est revenu sur le déroulement de l’intervention chirurgicale après l’admission de la patiente à l’hôpital Donka, tout en réitérant être uniquement venu secourir une personne en détresse. « Au cours de l’opération chirurgicale, nous avons trouvé un corps étranger englouti de débris alimentaires. Je n’ai jamais vu Angeline avant ce jour. L’équipe était composée du Dr Ibrahima Baldé, du Dr Ibrahima Touré, moi et les anesthésistes. Sa tension était très faible. On a même pensé à une perforation », a-t-il raconté.

A la question de savoir où sont passés les corps étrangers trouvés dans l’abdomen d’Angeline, l’accusé à la barre répond : « après l’opération, Ibrahima Baldé m’a donné le plastique contenant les corps étrangers que j’ai remis à mon tour à Mbö, et elle me dit avoir aussi donné ces débris à un certain chérif Bah que moi je n’ai jamais vu. Quand j’ai remis le plastique à Mbö, je ne savais pas que la patiente était suspecte, sinon je n’allais pas me mettre dans des situations pareilles à la fin de ma carrière », soutient-il, rappelant qu’il a été muté à Donka dans le cadre du travail.

Le procureur Siba Toupou a posé la question de savoir si l’accusé, Samuel GOEPOGUI, n’avait pas eu de soupçons. « Je n’ai eu aucun soupçon. C’est la première fois, depuis que j’ai commencé à exercer ce métier, de rencontrer des cas pareils », a-t-il répondu.

La défense de son côté a fait ressortir ce qu’elle appelle l’absence de preuves concernant le corps étranger dont il est question dans cette affaire. « Le Tribunal ne possède pas de preuves concrètes qu’il s’agit réellement de la drogue, car il n’y a pas eu de vérification, n’est-ce pas ? », a demandé l’avocat de la défense à l’endroit de son client lors des débats, en rappelant que Samuel GOEPOGUI a déjà fait plus d’une année en prison.

Dans cette affaire de complicité, Samuel GOEPOGUI n’est pas le seul à être accusé. Thierno Mamadou Baldé, Ibrahima Touré, Madeleine Koïvogui, Cherif Bah et Fatoumata Diariou Doumbouya figurent également sur la liste.

Le président du Tribunal Criminel, Sékou Ibrahima Soumah, a renvoyé l’affaire au 15 mai prochain pour la comparution du Dr Ibrahima Baldé, Dr Ibrahima Touré, Mamadou Cellou Sidibé et Fatoumata Diariou Doumbouya.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

Tél : 628 28 61 19

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