Escroquerie sur plus de 2 millions de dollars US à Conakry : 5 banques américaines s’expliquent au tribunal

Le procès initié par la société Panaméenne « Inversions » contre 5 banques américaines et la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) se poursuit devant le tribunal correctionnel de Kaloum. Hier mardi, 4 avril 2023, ce sont les représentants de Citibank, Standard chhtered Bank, la Deutsche Bank Trust Company, Bank of America N.A et la partie civile qui ont livré leur part de vérité dans cette affaire. À tour de rôle, les prévenus ont balayé d’un revers de la main les accusations d’escroquerie et de complicité d’escroquerie mises à leur charge. Selon eux, ils ont reçu et transféré des fonds conformément aux indicateurs qui leur ont été communiqués, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Très tôt dans la matinée du mardi, c’est monsieur Sall, représentant de la banque américaine dénommée Citibank, qui a été appelé à la barre. Pour le représentant de cette banque à New-York, les fonds reçus de la banque Banisme du Panama ont été bel et bien transférés à la BCRG, conformément au code reçu. « Nous, notre client, c’est la banque centrale ; c’est la banque centrale que nous connaissons. Nous avons reçu un message dans lequel se trouvait le code. L’instruction était correcte, rien à changer. C’est ce message correct qu’on a appliqué chez nous pour transférer l’argent. Nous sommes une banque correspondante, nous ne sommes pas à la place du commercial pour suivre le processus. Pour nous, la BCRG a reçu les fonds et c’est là-bas que notre rôle s’arrête », a-t-il expliqué.

Selon le représentant de Deutsche Bank Trust Company, la transaction a été faite conformément à l’ordre de virement reçu de Banisme : « on a agi en tant que banque correspondante en faveur de notre client Banisme. Ces transactions ont eu lieu entre le 9 octobre et novembre 2017. Nous avions exécuté ces 4 transferts selon l’ordre de virement communiqué par la banque Banisme vers la banque centrale. C’est un ordre qu’on a reçu de Banisme. Nous avions exécuté l’opération. Nous, nous n’avons pas cette responsabilité de savoir si l’argent est arrivé à la destination finale ou pas », a-t-il laissé entendre.

Maître Amadou Oury Binta Bah, membre du collectif des avocats de la défense des 4 des 6 banques, à savoir Citibank N.A, Bank of America N.A, Standard chhtered Bank, Deutsche Bank, interrogé au sortir de l’audience, est revenu sur les dépositions de leurs clients. « Les fonds sont arrivés à destination, c’est-à-dire à la BCRG, conformément aux instructions données dans les ordres de virement à la banque Banisme et à la Bank of America. Et, la BCRG a mis les fonds à la disposition des sociétés SOGUINE et SOKAMI comme indiqué par la société Inversions. Le rôle des banques, de nos clients, se limitait au transfert des fonds. C’était ça leur responsabilité, acheminer les fonds jusqu’à destination comme demander par les parties civiles. Qu’est-ce que les bénéficiaires allaient en faire de ces montants ? Ce n’est pas notre problème. Quand ils déposaient les montants, c’est eux qui ont fait des erreurs dans les ordres de virement qu’ils ont remplis : en citant par exemple la Citibank comme étant la banque intermédiaire, ils ont nommé Citibank : Citibank New-York alors que c’est Citibank N.A, et sur le code de Citibank ils ont mis US33. Et ce sont les erreurs matérielles que la banque Banisme, qui est la banque émettrice, a jugé nécessaire de rectifier. Il faut noter que cette rectification n’a pas empêché l’acheminement des fonds. On ne nous poursuit pas ici parce qu’il y a eu rectification du nom d’une banque mais parce que, selon eux, ils ont acheté de l’or, l’argent est arrivé des mains de leurs vendeurs mais que les vendeurs ne leur ont pas livré l’or. Tout au long des débats, on s’attendait à ce que les parties civiles nous prouvent en quoi est-ce que les banques intermédiaires, correspondantes et émettrices, ont joué un rôle de complices dans la commission de l’infraction d’escroquerie par les sociétés SOKAMI et SOGUINE. Ce qui n’a pas été le cas et c’est ce qui nous réconforte dans notre position pour dire que nos clients sont poursuivis à tort », a-t-il dit.

De son côté, maître Cécé Victorien Théa, l’avocat des parties civiles, est aussi revenu sur la déclaration de son client monsieur Dennis Rafael Pères Perozo, PDG de la société Panaméenne Inversions à la barre. « Mon client a démontré au tribunal qu’il a été entrainé dans cette situation par le canal d’une femme espagnole qui avait des relations ici au niveau de la BCRG, mais aussi avec certaines autorités de l’État guinéen. C’est dans ce contexte qu’ils sont arrivés ici. À leur arrivée, ils ont été escortés comme une délégation VIP vers un hôtel. Une fois là-bas, ils ont eu des contacts avec certains travailleurs de la banque centrale qu’ils ont nommément cité à la barre qui, les ont conduits jusqu’à la banque centrale. Une fois à la banque centrale, ils ont même eu accès à la fonderie d’or ce qui n’est pas donné à tout le monde. Ils ont été ensuite reçus par l’ancien gouverneur de la banque centrale, Lounceny Nabé, et l’un de ses vices gouverneurs. Après, ils ont été entendus par le Directeur général des matières précieuses et c’est lui qui les aurait remis un formulaire à remplir avec le nom de deux sociétés qui seraient les comptoirs d’exportation d’or artisanal en Guinée, en leur disant aussi qu’en Guinée, la procédure d’exportation d’or passe obligatoirement par la banque centrale qui doit vérifier, qui doit voir la section d’expertise et la douane et remettre l’or au bénéficiaire. Mais dans ces conditions, il fallait que les investisseurs démontrent qu’ils peuvent acheter pour que la banque s’engage. Ils ont dit, bon ! On va acheter 5 kilos d’or. La BCRG a dit non, il faut augmenter à 10 kilos pour qu’on puisse être sûr que vous êtes des gens sérieux. Automatiquement, ils ont ordonné à leur banque depuis le Panama d’augmenter à 10 kilos d’or. C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés jusqu’à 75 kilos d’or soit 2 millions 460 mille dollars US. Après 6 virements, quand mes clients sont revenus à la BCRG pour dire effectivement nous avons fait des virements, la banque a refusé de leur communiquer les sections de l’argent et on les a même chassés de la banque centrale », a expliqué l’avocat des parties civiles, qui est une entreprise familiale.

Finalement, le tribunal a renvoyé le dossier à ce mercredi, 5 avril 2023, pour la suite des débats et les réquisitions et plaidoiries des parties au procès. À noter que cette phase des réquisitions et plaidoiries est en cours ce mercredi 5 avril 2023 au tribunal de première instance de Kaloum.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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