Les bornes tactiles, la solution de Mountagha Keita pour rendre les élections transparentes et crédibles en Guinée (interview)

La Guinée a connu ces dernières années une avancée significative en termes de développement technologique. Parmi les inventions technologiques qui ont vu le jour dans le pays, figurent en bonne place et de façon récente, les bornes tactiles qui commencent à être utilisées dans plusieurs secteurs d’activités. Pour en savoir plus sur cette réalisation, un journaliste de Guineematin.com est allé à la rencontre de Mountagha Keita, entrepreneur et PDG de Tulipes Industrie qui a créé pour la première fois des bornes tactiles en République de Guinée.

Selon lui, les bornes tactiles sont des dispositifs électroniques interactifs qui permettent aux utilisateurs d’interagir avec une interface numérique à travers un écran tactile. Dans le contexte du développement économique, social et politique, elles peuvent jouer un rôle important, notamment en améliorant l’efficacité et la transparence des processus électoraux.

Décryptage !

Le parcours académique de Mountagha Keita

Mountagha Keita, PDG de Tulipes Industrie

J’ai commencé les études en Guinée, j’ai étudié jusqu’à l’âge de 13 ans dans des écoles publiques, puis dans une école privée qui venait de commencer en 1988. Suite à cela, en 1990, j’ai convaincu mes parents de me laisser rejoindre mon grand frère qui était en France pour continuer mes études là-bas. Ils ont fini par céder face à ma pression et à la pression de certaines tantes. Donc on m’a expédié dans un internat en France, où j’ai fait le lycée et l’université en Droit précisément à l’université de Paris René Descartes. Mais à un moment donné, je sentais que ce n’était vraiment pas ma voie, je voulais vraiment changer. Alors, je suis rentré en Guinée. Pendant six mois, je cherchais un visa américain qui était très difficile à avoir, je l’ai eu au bout de la 9e tentative.

Arrivé aux États-Unis, au bout de six mois, j’ai fait toute autre chose : International business. J’ai fait mes quatre années que j’ai résumées en deux ans parce là-bas, on peut étudier très vite, j’ai obtenu un Master en passation des marchés et contrats, un autre MBA (Master of business administration) et enfin, un diplôme de Harvard en Négociations. Mais avant d’arriver à Harvard, pendant que je passais les autres études, j’étais en même temps banquier parce qu’aux États-Unis, vous pouvez travailler toute la journée et dès 18 heures, vous allez à l’université jusqu’à presque 23 heures. Donc j’ai pu faire les deux en même temps : études et expérience. A la fin, j’ai abandonné tout pour aller à Harvard. Fini là-bas, j’ai plié bagages, j’ai fait louer mon appartement et je suis rentré en Guinée. Parce que c’est ici ma maison.

Ce qu’il a fait à son retour en Guinée

 

A mon retour en Guinée, je faisais un petit boulot qui me rapportait de l’argent. Mais ce n’était aussi facile que ça puisque les choses avaient changé, notamment le mode de vie, le climat et tout. Alors, étant seul ici dans la maison, puisque je ne m’étais encore pas marié, j’ai commencé à faire des recherches sur internet. J’ai appris à dessiner des bornes en 3D. J’ai commencé petit à petit. Vous savez, lorsqu’un individu est seul, son esprit est tranquille. Donc étant seul et tranquille, j’ai commencé à émettre des idées, j’ai commencé à avoir un esprit créatif. Et puis, j’ai commencé à dessiner en 3D. C’est ainsi que je me suis dit que je créais un ordinateur debout. Quand j’étais aux États-Unis, je voyais des bornes dans les aéroports, mais qui sont grosses comme un frigo, qui ont à peu près 200 kg et plus. Moi, je me suis dit pourquoi ne pas faire la même chose mais en plus petit modèle ?

C’est que j’ai commencé à faire des choses multiples, c’est-à-dire des bornes débout à usage multiple. Aux États-Unis, une seule ne fait qu’une seule chose, mais chez nous ici, on a fait des bonnes à usage multiple et varié qu’on peut utiliser notamment dans le domaine de la santé pour des consultations par exemple ou bien dans le domaine de l’agriculture qui peuvent servir à fournir peu d’efforts et avoir beaucoup de bénéfices de façon très rapide. Entre la fin de l’année 2014 et le début de l’année 2016, j’étais vraiment dans la théorie. Après ça, j’ai cherché un soudeur à qui j’ai montré le schéma et comment souder. J’ai fait la première borne et puis, j’ai continué comme ça, je me suis débrouillé et aujourd’hui, j’ai ma société Tulipes Industrie, où on a l’internet, on a la courant, la climatisation et tout. Avec les collaborateurs, on fait de notre mieux.

Importance des bornes tactiles dans les processus électoraux

Mountagha Keita, PDG de Tulipes Industrie

Sur le plan technique, nous pouvons apporter beaucoup de choses. Lorsque je vous parlé des bonnes, je vous ai dit qu’on peut faire des bornes polyvalentes, on peut faire ce qu’on veut avec. Soit dans le domaine de l’éducation, dans le domaine de la santé ou de l’agriculture. En 2018, j’ai présenté de nouvelles bonnes encore beaucoup plus améliorées au nombre de 5. Alors, j’ai reçu les membres de la CENI (Commission électorale nationale de indépendante) qui étaient au nombre de 7 ou 8, et j’ai fait une démonstration. Je leur ai donné des sourires incroyables parce qu’ils étaient tous séduits. Ils ont vu tout ce qu’on pouvait faire avec, tout le potentiel. Mais après leur disparition, je n’ai plus entendu parler de ces bornes. Est-ce qu’ils les ont aimées ? Ça, oui très certainement. Es-ce que c’était dans l’intérêt de l’un ou l’autre ? Ça, je ne sais pas.

Maintenant, pour les élections futures, on peut déjà enregistrer tous les électeurs en temps réel et obtenir sur une plateforme sécurisée aussi, là où on peut obtenir les renseignements ou mettre des plateformes un peu partout pour permettre à tout le monde d’obtenir les résultats avant même que ça ne soit diffusé à la télévision. En tant réel, on peut savoir qui est où et qui est enregistré, qui ne l’est pas. On peut bel et bien le faire. Deuxièmement, il n’y a aucune possibilité de détourner un vote, une voix. Les bornes ne mentent pas, ça donne exactement les résultats en temps réel. Il est impossible qu’un électeur vote deux, trois fois ou plus. Lorsque vous venez, il y a la reconnaissance faciale, vous ne pouvez pas tricher face à la reconnaissance faciale, surtout aussi avec les dix doigts, c’est impossible.

Puisque dès que vous votez, le système s’interconnecte automatiquement. Le système peut fonctionner en offline tout comme en online. Même s’il y a une coupure de connexion, dès que ça revient, la connexion et le système se connectent immédiatement. Les données peuvent se corriger immédiatement et montrer là où il y a eu des tentatives de fraude pour chasser toutes les autres tentatives de fraudes. Ce que je peux vous dire et qui à 100% sûr, c’est que les meilleures élections sont les celles qui sont faites avec les bornes, avec une retransmission en direct de chaque vote. Toute l’élection est faite en un seul jour, et on sait qui gagne le même jour.

Ces bornes peuvent faire le travail partout où vous les envoyez, dans n’importe quel bureau de vote, sans électricité publique. Parce que, chacune des bornes a son petit panneau solaire. Et l’autonomie et de deux à trois jours. Donc lorsque vous avez des systèmes de ce genre, ce n’est pas possible (de frauder). Donc si on met les moyens, nous on met l’intellect pour faire en sorte que les élections se passent super bien. Après, on pourra laisser ces bornes-là dans les mairies pour l’état civil. Donc si les décideurs prennent la décision, nous, nous avons l’intellect et nous savons le faire très bien. Nous pouvons assurer ça ici, du Made in Guinea, par des jeunes guinéens diplômés qui ont cette compétence.

Propos recueillis par Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : 622919225

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