Détournement présumé de 15 milliards GNF : Michel Kamano réfute les accusations portées contre lui à la CRIEF

Michel Kamano, ancien député à l'Assemblée nationale

L’ancien questeur de la 9ème législature, Michel Kamano a été entendu à la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) dans la journée d’hier jeudi, 6 avril 2023. Il est poursuivi pour détournement de fonds publics, enrichissement illicite, blanchiment d’argent et corruption dans le secteur public et privé et prise illégale d’intérêt. Il est reproché à l’ancien député d’avoir détourné 15 milliards de francs guinéens au préjudice de l’État guinéen en étant incapable, selon l’accusation, de justifier l’origine licite des ressources. A la barre, Michel Kamano a nié les faits mis à sa charge, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon l’ordre de renvoi, dont le président Francis Kova Zoumanigui a fait lecture, Michel Kamano est renvoyé devant la chambre de jugement de la CRIEF pour avoir détourné 15 milliards de francs guinéens à Conakry, au détriment de l’Etat guinéen. En tant qu’agent public, il n’a pas été en mesure de justifier l’origine légale de ses ressources. Ce qui a conduit à une mise en demeure de la Cour. En outre, Amadou Damaro Camara est accusé d’avoir transféré des fonds provenant d’une activité criminelle pour cacher l’origine licite des biens. Il aurait également accepté des libéralités pour s’abstenir de prendre des mesures dans le cadre de ses fonctions officielles et, en tant qu’agent public et élu, aurait conservé des intérêts dans le paiement de primes et de salaires de députés, ainsi que dans le paiement des factures liées à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale.

Après avoir été notifié des charges qui pèsent contre lui, Michel Kamano dit qu’il ne reconnaît aucune des accusations articulées contre lui. « Pour la gestion de ces 15 milliards, il y a bientôt un an que nous en parlons. Nous les prévenus, avons été entendus. J’ai été entendu, et des preuves ont été données de l’utilisation de ces 15 milliards GNF. Pour la petite histoire, nous avions été accusés, le président de l’Assemblée nationale d’alors (Amadou Damaro Camara, ndlr) et le premier questeur que j’étais, d’avoir détourné ces 15 milliards de francs guinéens alors que l’autorisation de paiement de ces 15 milliards n’avait même pas encore donnée. Plainte a été portée contre nous, le premier président du Parlement et le premier questeur à l’époque, chez le président de la République comme quoi, nous avons réparti cet argent entre nous et nos amis. De l’argent que nous n’avons pas encore. Monsieur le Président a décidé de nous attribuer ce fonds comme fonds de contrepartie. Lorsque nous l’avons obtenu, il était tout à fait clair que nous devions rendre compte au Président de la République avant de rendre compte à la Cour des comptes comme la loi le dispose. Et, nous avons été entendus, au niveau de la gendarmerie, des documents comptables ont été envoyés et à notre grande surprise, j’ai toujours été appelé parce que dans les grandes lignes, sur ces 15 milliards de francs guinéens, 3 milliards ont été payés pour les travaux de déguerpissement, de préparation du terrain où va être construit le nouveau siège de l’Assemblée nationale. 7 milliards de francs guinéens ont été dépensés, preuve à l’appui avec des signatures des bénéficiaires ayant servi pour le paiement des salaires et primes des députés en attendant que notre subvention de 28 milliards de francs guinéens ne soit payée. Nous avons une subvention de 28 milliards de francs guinéens. Les 28 milliards accusent un retard de deux semaines, nous avions une autre ligne de crédit de 15 milliards de francs disponible pendant que nous sommes dans le besoin d’un montant de 7 milliards de francs pour l’ouverture d’une nouvelle session. On a tiré les 7 milliards de francs de la ligne de crédit de 15 milliards en attendant que la subvention de 28 milliards de francs ne soit payée pour compenser. Et quand la subvention des 28 milliards a été envoyée, la compensation était automatique. Et le 05 septembre 2021, le pouvoir a changé de main, il y avait le reliquat de 5 milliards et quelques francs guinéens sur les comptes à la Banque centrale. Ceci a été justifié à la gendarmerie et là, nous en parlons encore. C’est pourquoi j’ai dit que je ne reconnais aucune de ces accusations », a-t-il expliqué.

Michel Kamano, ancien député à l’Assemblée nationale

Pour Michel Kamano, il n’y a pas eu de détournement dans cette affaire. Selon lui, le montant en question a été utilisé juste pour permettre la continuation de l’administration parlementaire en attendant de recevoir la subvention allouée par l’Etat. « Ce n’est pas un détournement. Lorsque vous avez un budget, il y a des possibilités d’affectation interne. Lorsque nous avons eu ce budget pour accompagner la partie chinoise dans les travaux d’investissement pour la construction du siège de l’Assemblée nationale à Koloma, nous n’avions pas notre subvention. La session a commencé. Donc, nous pouvons dire aussi que nous avons utilisé une partie de ce montant là pour la subvention qui allait venir. Et tous les paiements qui ont été effectués sont documentés avec signature à l’appui. Dès que la subvention est arrivée, il y a eu compensation automatique. On ne pouvait retarder l’Assemblée pour dire que le gouvernement n’a pas payé la subvention, la session ne commence pas. Non ! Pour la continuité de l’administration, nous avons utilisé une partie de ce montant, heureusement que nous l’avions là disponible pour pouvoir tenir l’Assemblée en ouvrant la session à la date réglementaire. Et ce type de fonctionnement en termes gestion financière interne, c’est l’orthodoxie financière connue de toutes les administrations », s’est justifié l’ancien député.

Selon Michel Kamano, le montant des 15 milliards de francs guinéens était destiné au financement des travaux de construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale pour laquelle la partie guinéenne avait la charge de préparer le terrain, le viabiliser, mettre une clôture pour le sécuriser, y construire des guérites et payer des gardiens de jour et de nuit.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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