Qui des enfants ou du mari doit organiser les obsèques de la femme ? Elhadj Mohamed Makanera Kaké donne l’avis juridique de l’islam !

Prof Alpha Condé et feue Hadja Djéné Kaba

Cette question est d’actualité en Guinée, d’autant plus qu’elle divise l’opinion depuis le décès de l’ex première dame, Hadja Djénè Kaba Condé. Mais, dans cette société à majorité musulmane, Guineematin.com a choisi de traiter cette question sous l’angle religieux pour avoir un avis juridique de l’islam afin d’éclairer la lanterne du public. Et, pour ce faire, votre quotidien en ligne a tendu le micro ce mercredi, 12 avril 2023, à Elhadj Mohamed Makanera Kaké, chroniqueur islamique et coordinateur chargé des questions franco-arabes au ministère de l’enseignement pré-universitaire. Et, à en croire notre interlocuteur, il n’y a pas d’amalgame possible sur l’organisation et la gestion des obsèques d’une femme légalement mariée en islam.

« La première personne qui est censée faire tout, c’est son mari… La femme est au compte de son mari même après le décès de ce dernier pour quatre mois dix jours », a-t-il indiqué.

Pour appuyer son propos, Elhadj Mohamed Makanera Kaké cite le cas de Rouqayyatou, fille du prophète Mohammad (PSL) et épouse de Ousmane. Il évoque aussi la sacralité du mariage en islam et la responsabilité mutuelle des époux. Et, en cela, il rappelle l’épisode de Zaynab, une autre fille du prophète Mohammad (PSL), dont le mari [qui n’était pas musulman] a été capturé lors de la bataille de Uhud.

« Quand la nouvelle est venue pour la libération des capturés de guerre, le prophète a demandé à sa fille si elle avait quelque chose pour libérer son mari. La femme a réuni ses bijoux (qui lui ont été donné par sa mère le jour de son mariage) et ses colliers, et elle les a remis au prophète pour la libération », a-t-il souligné.

Guineematin.com vous propose ci-dessous l’intégralité de l’intervention de Elhadj Mohamed Makanera Kaké sur cette question d’organisation des obsèques de la femme mariée.

Elhadj Mohamed Makanera Kaké, imam

« L’avis juridique de l’islam, la première personne qui est censée faire tout, c’est son mari. C’est son mari qui est même au-dessus de ses parents. C’est ce que l’islam dit. Donc, c’est lui qui décide, c’est à lui qu’on présente tout, c’est lui qui s’occupe du corps de sa femme. Ce ne sont pas ses enfants, ni ses parents, ni autre personne qui doit le faire. Quelle que soit la classe sociale de la femme dans une société, la responsabilité revient à son mari en cas de décès. Pour une petite histoire, l’expédition de Badr, quand le prophète Mohammad (PSL) s’apprêtait à y aller, le départ était annoncé, on lui a annoncé le décès de sa fille Rouqayyatou, l’épouse de Ousmane. Le prophète a demandé à ce qu’on informe tout le monde que Ousmane a perdu sa femme et il a excusé Ousmane de ne pas assister à la bataille de Badr. Il a dit que Ousmane a eu un problème dans sa famille, la troupe ne va pas se retourner pour ça, Ousmane est le premier concerné et la responsabilité [de la gestion du corps de sa femme] lui revient. On lui a alors demandé si ce n’est pas sa fille ; et, il a dit : c’est ma fille jusqu’à ce jour-là, mais au moment où nous sommes, c’est la femme de Ousmane qui est décédée… Donc, c’est comme ça que Ousmane est resté pour les obsèques de sa femme… Voyez ! Quand le mari décède, la femme reste quatre mois dix jours au compte de son foyer conjugal… Donc, la femme est au compte de son mari même après le décès de ce dernier pour quatre mois dix jours. Donc, celui qui est demandé d’entretenir les obsèques de la femme légalement épousée en islam, c’est son mari. Ce n’est ni ses enfants, ni ses frères, ni son papa. Parce qu’ils ne sont pas au-dessus de son mari. Le mariage est sacré ; et, voilà deux exemples que je vous donne : quand l’un des deux époux décède, la personne censée laver le corps, c’est celui-là qui est en vie. Si votre femme est décédée, c’est vous [le mari] qui lavez le corps en premier lieu, à moins que vous ordonnez à d’autres personnes de faire ça à votre place. C’est ce que l’islam recommande. Et, si c’est le corps de l’homme, la femme fait la même chose. La première fille du prophète Mohammad, Zaynab, son mari n’a pas voulu embrasser l’islam au début, jusqu’à ce que le prophète est parti à Médine. Mais, la fille avait embrassé la religion avec son père. Mais, à l’époque, l’interdiction de mariage entre les femmes musulmanes et les non-musulmans n’était pas encore descendue dans le Saint Coran. Mais, avec l’expédition de Uhud, son mari a été capturé. Et, quand la nouvelle est venue pour la libération des capturés de guerre, le prophète a demandé à sa fille si elle avait quelque chose pour libérer son mari. La femme a réuni ses bijoux de mariage et ses colliers, et elle les a remis au prophète pour la libération », a-t-il expliqué.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tél. : 622 97 27 22

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