Procès de Damaro Camara à la CRIEF : Aly Touré évite de justesse un incident entre son parquet et la Cour

Amadou Damaro Camara, ex président de l'Assemblée nationale

La chambre de jugement de la CRIEF a décerné ce jeudi, 27 avril 2023, un mandat d’amener contre Amadou Damaro Camara, ancien président de l’Assemblée nationale. Le principal concerné est en détention à la maison centrale de Conakry depuis une année. Et, il est actuellement malade. Ce qui, apparemment, l’empêche d’être présent à la CRIEF pour son procès. Mais, la cour n’en a visiblement rien à cirer de son état de santé. En tout cas, à la présente audience, elle a ordonné la comparution forcée de Damaro Camara, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Après la lecture par le président de la Cour de l’ordonnance de comparution forcée de Damaro, le procureur Mamady Lazare Boret a voulu s’opposer à cette décision au motif qu’un huissier de justice a fait constat de l’état de santé de Damaro et notification a été faite aux parties au procès. Mais, cette tentative d’opposition à la décision de la Cour a provoqué un incident ayant conduit à la suspension de l’audience pendant plusieurs dizaines de minutes.

A la reprise de l’audience, le procureur spécial, Aly Touré, est venu temporiser les ardeurs et requérir en faveur de la reprise sereine des débats, tout en disant avoir pris acte de la décision de la Cour. Il a aussi promis de tout mettre en œuvre pour la bonne exécution du mandat décerné contre Amadou Damaro Camara.

« Monsieur le président, honorables assesseurs, d’entrée de jeu, je voudrais présenter les excuses du parquet à la Cour. Nous sommes partie au procès ; et, comme vous le savez, toutes les parties ont le devoir absolu d’accorder un respect religieux à la Cour. L’obligation de courtoisie nous incombe aussi face aux magistrats de la Cour. Ce qui est arrivé est arrivé monsieur le président, c’est vrai, mais nous vous présentons toutes nos excuses liées à cet incident. Et, je voudrais vous demander de considérer cet incident comme étant un passage de procès pénal. Le procès pénal, vous le savez, les parties sont surchauffées, le pénal même est une matière chaude. C’est ce qui fait souvent qu’il y a des cris dans un procès. C’est inhérent à la conduite d’un procès. Nous savons cela. Et, ce sont des choses qui arrivent. C’est vrai, c’est une bataille, mais c’est une bataille qui doit se passer entre les parties. La Cour ne doit nullement être mêlée à cela. Nous vous présentons nos excuses et vous réitérons notre engagement à être aux côtés de la Cour pour que le procès puisse être tenu dans une atmosphère de sérénité, de convivialité et surtout de courtoisie due à votre Cour », a dit le procureur spécial Aly Touré.

En ce qui concerne la conduite à prendre désormais dans ce dossier l’Etat guinéen et le ministère public contre honorable Amadou Damaro Camara toujours absent de ce procès, honorable Michel Kamano, honorable Zenab Camara, honorable Abdoulaye Bernard Camara et le chinois Jin Sun Cheng bénéficiaire du marché dans lequel les 15 milliards de francs guinéens devraient être dépensés, le procureur spécial près la CRIEF dit être engagé à procéder à l’exécution du mandat décerné par la Cour.

« Nous avons pris acte de la décision que vous venez de rendre à l’effet de faire présenter de force ou d’amener de force monsieur Damaro. Nous accueillons cette décision, parce que nous sommes parquetiers monsieur le président, on a l’obligation d’exécuter les décisions de justice. Sauf que nous devons vous faire cas des difficultés que nous avons dans l’exécution de cette mesure immédiatement pour aujourd’hui. Parce ça nécessite l’utilisation de la force publique, et nous devons mobiliser cette force monsieur le président, honorables assesseurs. Nous voudrions exécuter cette décision aujourd’hui, parce que ça fait partie de nos attributions. Mais, matériellement, ça nous cause de sérieux problèmes de mobilisation et pour être efficace dans l’exécution de la mesure que vous venez d’entreprendre. C’est pourquoi nous sollicitons que vous nous donniez un temps à l’effet de nous organiser pour nous permettre de le faire dans les règles de l’art. Pour cela, nous demandons un renvoi ne serait-ce qu’à huitaine, pour nous permettre de mobiliser ce qui va être fait pour la bonne exécution de votre décision, mais conformément à la loi », a requis le procureur spécial, Aly Touré.

Finalement, la Cour a renvoyé le dossier au 4 mai prochain pour la comparution de l’honorable Amadou Damaro Camara.

Mamadou Laafa Sow et Mohamed Guéasso Doré pour Guineematin.com

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