Mystérieuse maladie des pêcheurs à Conakry : « la rareté du poisson se fait déjà sentir dans notre débarcadère » (responsable)

Depuis près d’un mois, une mystérieuse maladie de la peau, provoquant des éruptions cutanées et brûlures de la peau, s’empare des pêcheurs artisanaux de plusieurs débarcadères de Conakry. Cette infection dont la nature n’est pas encore élucidée serait causée, selon les autorités, par les déchets toxiques rejetés en haute mer par les bateaux. Mais, depuis son apparition dans le milieu marin en début d’avril dernier, cette mystérieuse maladie de la peau continue de faire des victimes. Mieux, cette situation désastreuse engendre la rareté des produits halieutiques, notamment le poisson.

Rencontré hier, vendredi 5 mai 2023, par une équipe de reportage de Guineematin.com, Aboubacar Aboly Koumbassa, le directeur communal de l’agence de la navigation maritime de Kaloum, est revenu sur l’évolution de la maladie au port de pêche de Boulbinet. Il confie en outre que plusieurs pirogues sont stationnées actuellement par le fait de cette infection.

Aboubacar Aboly Koumbassa, directeur communal de la navigation maritime de Kaloum

« Depuis l’apparition de cette maladie, les différents services qui opèrent au port de pêche ici sont actifs et gèrent très bien la situation. Dès qu’il y a un cas, tout de suite nous faisons appel au service compétent au niveau de l’hôpital Donka. Du coup, ils envoient une ambulance qui vient chercher le ou les malades pour leur traitement au CHU de Donka. Même ce matin nous en avons eu des cas qu’on vient d’acheminer à l’hôpital. Présentement, il y en a un autre qui vient de nous trouver pour la même situation. Il est là en attente de l’ambulance. Après la fête, c’est la première fois qu’on a des cas. Ce matin, on en a reçu 7 et c’est le 8ème qui est en attente de l’ambulance comme ça au dehors.

Depuis le début de la maladie, il y a effectivement eu de la panique chez les pêcheurs, parce qu’il y a des pêcheurs qui ont peur aujourd’hui d’aller en mer au risque de choper la maladie. C’est pourquoi vous constaterez qu’il y a beaucoup de pirogues qui sont stationnées ici, qui ne vont pas en mer. Et, cela a un impact sur le marché ; car, la rareté du poisson se fait déjà sentir dans notre débarcadère ici », a-t-il révélé.

Aboubacar Aboly Koumbassa, directeur communal de l’agence de la navigation maritime de Kaloum

Toutefois, Aboubacar Aboly Koumbassa regrette le fait que malgré les efforts fournis par l’État et les services techniques, l’infection continue de plus belle dans certains débarcadères de Conakry, comme c’est le cas au port de Boulbinet.

« Chaque fois nous faisons des réunions entre nous services compétents pour voir dans quelle mesure nous pouvons définitivement trouver solution à cela. Les techniciens sont partis en mer, ils ont ramené un échantillon de l’eau contaminée pour des fins d’étude, mais jusqu’à présent ça continue », a-t-il indiqué.

Assis en attente d’une ambulance pour sa prise en charge au CHU Donka, Joseph Cissé, en retour de la mer présente les signes de brûlures sur ses lèvres inférieures et supérieures et sur sa partie génitale. À visage découvert, il explique les circonstances dans lesquelles il a choppé lui aussi cette maladie d’origine inconnue.

Joseph Cissé, pêcheur victime de brûlures

« J’étais allé en mer pour pêcher. Arrivée, j’ai jeté le filet dans l’eau. Mais, il y a une partie de l’eau en haute mer qui ressemble à la couleur de l’essence, on dirait c’est l’essence qu’on a versée dans la zone. Quelque temps après, j’ai décidé de reprendre le filet dans l’eau. C’est en tirant le filet vers moi que j’ai été aspergé par les gouttes d’eau dans le visage, dans la bouche, mais aussi entre les jambes. C’est ce qui m’a brûlé comme ça. Je suis blessé même au niveau de la partie génitale ; et cela me fait mal. C’est pourquoi je suis venu informer le bureau du port, ils m’ont dit d’attendre, qu’ils ont appelé à l’hôpital et qu’un l’ambulancier serait en route pour venir me chercher », a confié ce Guinéo-Sierra Léonais.

Depuis l’apparition de la maladie, aucun cas de décès n’a été enregistré au port de pêche de Boulbinet, selon les responsables.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

Facebook Comments Box