Ousmane Bah tué à Cosa : « je ne pardonne pas à ceux qui ont tué mon fils, Ousmane Bah », dit son père, Moussa Bella Bah

Les accrochages qui ont opposé manifestants et forces de l’ordre hier à Cosa ont fait deux victimes. Ce sont Thierno Ibrahima Diallo et Ousmane Bah, tous âgés de 21 ans. Ce jeudi, 11 mai 2023, un des reporters de Guineematin.com s’est rendu dans la famille de la seconde victime pour recueillir leurs sentiments par rapport à la mort de leur fils. Tous les deux parents ont fait savoir qu’ils ne pardonnent pas ceux qui ont commis l’horrible acte, et ils demandent que justice soit rendue.

Selon les informations, Ousmane Bah aurait été tué sur un terrain non loin de son domicile à Cosa au niveau des rails. Son corps a été emmené dans une clinique de la place avant d’être finalement transporté au CHU d’Ignace Deen où le corps se trouve encore.

Ibrahima Bah, cousin de la victime

« Hier, vers 13h, on était tous là dans le kiosque d’à côté, chez nous, quand 3 pick-up de gendarmes (GIPGN) sont venus brusquement dans notre quartier. Tout le monde a pris la fuite, mais moi je n’ai pas pu fuir, il y avait mon frère qui vendait du café. Je lui ai dit de ne pas fuir parce que nous sommes chez nous, on ne va pas fuir. Ils sont venus jusqu’à notre niveau, ils ont ralenti après ils ont continué leur chemin vers le terrain. Lorsqu’ils sont venus, il y a eu une partie qui avait fui vers le terrain et d’autres qui étaient entrés dans les concessions. Arrivés au niveau du terrain, il y a l’un des pick-up qui a garé. Du côté escroc (passager), il y a un gendarme qui est sorti, il a fait une rafale sur la foule qui était sur le terrain, après ils ont continué leur chemin vers le carrefour Cosa…Quelques minutes plus tard, on s’est retrouvé au kiosque, après on a entendu des cris qui viennent vers chez nous, des enfants qui venaient en pleurant en disant « ils ont tiré sur Bah Ousmane ». Tout le monde a couru pour aller vers le train, arrivés sur les lieux, j’ai trouvé qu’ils avaient déjà transporté mon jeune frère à l’hôpital. Je me suis retourné, j’ai pris la moto pour continuer là où on l’a emmené chez Dr Taibata. Arrivé là-bas, les médecins m’ont dit qu’il y a eu plus de 4 blessés par balle qui sont là bas. Mais qu’il y a eu un cas de mort, après j’ai dit au médecin de me montrer le corps. Il m’a dirigé vers le corps, j’ai vu le corps de mon petit frère allongé, c’était bien lui Ousmane Bah », a expliqué Ibrahima Bah, cousin de la victime.

Après lui, nous avons échangé avec les deux parents de la victime qui ne pardonnent pas ceux qui ont ôté la vie à leur enfant alors ils demandent justice.

Son père, portant des lunettes claires et assis sur une chaise en plastique entouré de plusieurs personnes, explique comment il a su la mort de son fils.

Moussa Bella Bah, père de la victime

« J’étais dans ma pépinière à Tanéné quand un de mes fils m’a appelé pour me dire qu’ils ont tiré sur Ousmane, j’étais paniqué donc j’ai laissé mon travail pour venir. Ousmane Bah est un jeune bien éduqué, en tout cas il me respecte beaucoup avec toute ma famille. Il a un peu étudié, après on l’a emmené pour apprendre la mécanique. Je demande justice parce que si tu trouves quelqu’un chez lui et que tu lui tires dessus, ce n’est pas quelque chose de normal. Ils devaient l’appréhender, si c’était fait comme ça, la justice allait faire son travail pour le condamner s’il le méritait. Mais s’ils le trouvent et le tuent, je ne pardonne pas ceux qui ont fait cela jusqu’à l’au-delà », a-t-il fait savoir Moussa Bella Bah

La maman de la victime est également allée dans le même en interpellant les autorités guinéennes.

Mariama Bah, mère de la victime

« J’étais déjà sortie le matin pour aller à Koloma et en ce moment les accrochages n’avaient pas commencé. Après, son petit frère m’a appelé vers 15 heures, j’ai demandé ce qu’il y avait, il m’a dit de venir vite qu’ils ont tiré sur Bah Ousmane. Mon corps est devenu faible comme j’ai eu peur, je n’ai pas pu me laver là où j’étais. Mes voisins m’ont attrapé, après qu’une moto est allée me chercher. Je suis venue trouver qu’il y avait plein de gens ici.Je demande aux autorités si c’est comme ça que la Guinée va rester jusqu’à la fin de la vie. Je leur demande comment la Guinée devrait être sans que ça ne soit comme ça, tous nos enfants sont en train d’être tués. Nous nous avons une plaie sur nous qui ne va pas guérir jusqu’à ce qu’on aille retrouver nos devanciers. On s’en remet à Dieu mais nous ne pardonnons pas à ceux qui sont en train de tuer nos enfants. On les laisse avec Dieu puisque c’est lui qui a la récompense et c’est lui qui a la justice. Eux aussi vont arriver là où ils ont fait mis ceux-ci, tôt ou tard puisqu’ils ont été créés, ils vont mourir. C’est Dieu qui les a créés avec ceux qu’ils ont tués, ils vont leurs âmes à Dieu », a martelé Mariama Bah.

À rappeler qu’Ousmane Bah était âgé de 21 ans, il est originaire de Goundoupi, sous-préfecture de Sinatali, préfecture de Pita.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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