Koundara : 80 salles de classe sur 438 sont en mauvais état (DPE)

Mamadou Bhoye Barry, directeur préfectoral de l'éducation de Koundara

En Guinée, le déficit d’enseignants, le manque de salles de classe et la vétusté des infrastructures scolaires font partie des problèmes qui assaillent le secteur éducatif. Et, la préfecture de Koundara n’échappe pas à cette triste réalité. En tout cas, dans un entretien accordé à Guineematin.com, le directeur préfectoral de l’éducation de Koundara, Mamadou Bhoye Barry, a confié que 80 salles de classe (sur les 438 que compte la préfecture de Koundara) sont en mauvais état. Il a aussi évoqué le cas des ‘’écoles hangars’’ et déploré l’éloignement des écoles des communautés.

« Du point de vue infrastructures, la préfecture de Koundara dispose de 215 écoles à l’élémentaire ; et, ces écoles disposent de 438 salles de classe dont 80 en mauvais état. Au privé, il y a 20 écoles qui disposent de 98 salles de classe dont 7 en mauvais état. 69 écoles communautaires pour 82 salles de classe dont 75 sont en hangars et en mauvais état. Au secondaire, il y a 17 établissements qui disposent de 108 salles de classe dont 40 en mauvais état. Le préscolaire, il a 32 établissements dont 16 sont privés. De l’informel, il y a 6 centres NAFA dont deux sont fonctionnels », a dit Mamadou Bhoye Barry.

Décryptage !

Guineematin.com : Quels sont les principaux objectifs de votre département pour promouvoir l’éducation dans la préfecture de Koundara ?

Mamadou Bhoye Barry : la direction préfectorale de l’éducation s’attelle aux principales missions assignées à l’éducation, à savoir : la scolarisation des enfants en âge d’aller à l’école, promouvoir la réussite scolaire en favorisant l’équité. Au-delà de ça, booster le non formel, c’est-à-dire les jeunes qui n’ont pas poussé les études, les insérer et les mettre dans le système des informels que ça soit notamment les centres NAFA pour que les enfants bénéficient d’un enseignement leur permettant de lire, écrire, calculer et parler et éventuellement embrasser un métier.

Guineematin.com : Pouvez-vous nous parler des réalisations récentes dans le domaine de l’éducation à Koundara ?

Mamadou Bhoye Barry : A Koundara, récemment avec l’appui du gouvernement, il y a eu la rénovation de 12 salles de classe au collège-lycée de Koundara, 12 salles de classe au collège de Saaréboydho, un centre NAFA de deux salles de classe, plus les deux toilettes à Madina Badjar. Donc, ça ce sont des réalisations qui sont récentes.

Guineematin.com : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés en matière d’éducation dans la préfecture ?

Mamadou Bhoye Barry : Les principaux défis qui assaillent l’éducation à Koundara, c’est d’abord l’insuffisance du personnel enseignant et la faiblesse des résultats, parce qu’au niveau de l’éducation il y a eu beaucoup de relâchement. Alors comment faire réussir les élèves aux examens nationaux ? Comment trouver le personnel nécessaire capable d’encadrer toutes les écoles que nous avons ? Donc, voici les défis auxquels la direction communale de Koundara est confrontée puisque quand on parle d’enseignants, on parle du nombre et de la qualité. Mais, même les enseignants qui sont là, beaucoup ont connu beaucoup de suivi, de formation continue.

Guineematin.com : quelles initiatives avez-vous prises pour améliorer la qualité de l’enseignement dans les écoles de Koundara ?

Mamadou Bhoye Barry : Depuis l’ouverture des classes au compte de cette année scolaire 2022-2023, le gouvernement guinéen, à travers le ministère de l’administration du territoire et celui de l’éducation, a pris le devant pour satisfaire ce besoin, notamment penser à une administration locale. Ils ont signé des contrats avec des sortants des écoles normales d’instituteurs ou des écoles professionnelles du secondaire pour que les enfants natifs résidents de Koundara acceptent de travailler dans les écoles à Koundara. Nous avons donc recruté une bonne partie malgré que les besoins n’ont pas été atteints. Ça, ce sont des initiatives qui ont été entreprises. Par ailleurs, il y a eu une signature de contrat de performance avec le département de l’éducation, un contrat dans lequel, on avait pour mission de former un certain nombre d’enseignants. Aujourd’hui, ces formations ont été réalisées. Les inspections régionales et nationales ont des programmes de formations des enseignants du secondaire et du primaire. A ces formations aussi, nos enseignants ont participé tant au niveau régional qu’au niveau national.

Guineematin.com : quelle est la situation de l’éducation dans les établissements scolaires de la préfecture de Koundara ?

Mamadou Bhoye Barry : Vous savez, si vous voulez amorcer le changement, il faut impliquer tous les acteurs et partenaires. Pour améliorer la qualité de l’enseignement à Koundara, la première initiative que nous avons entreprise, dès l’ouverture des classes, nous avons sillonné toutes les sous-préfectures de la préfecture en présence des APEAE. On a parlé avec les enseignants et les élèves pour améliorer ou inverser la qualité qu’il y avait jusque-là. Pour cela, on a motivé parents, élèves et enseignants. Nous avons demandé l’accompagnement des communautés. Les enseignants ont pris l’engagement de faire le travail, de lutter contre l’absentéisme et de toute forme de malversations au niveau des écoles. Ayant eu la motivation de ces communautés à la base, nous avons appliqué ce qu’on a envisagé du point suivi, formation et encadrement. Toutes les activités ont été menées. Jusque-là, vraiment nous sommes très satisfaits d’eux. Même les contractuels qui ont eu des difficultés de paiement, jusqu’à présent ils sont en place, parce qu’on a l’appui de la communauté qui les prend en charge du point de vue logement et nourriture. A Koundara, nous avons 6 communes rurales qui ont des DSE, plus une DSE au niveau de la commune urbaine qui abrite également la DPE (direction préfectorale de l’éducation). D’est à l’ ouest, vous avez les communes rurales de Termessé, Guingan et Youkounkoun. Au nord vous avez Sambailo, au sud vous avez Kamabi et à l’ouest vous avez Saarébhoydho.

Guineematin.com : par rapport aux infrastructures sociales, où en est-on dans la préfecture de Koundara ?

Mamadou Bhoye Barry : Du point de vue infrastructures, la préfecture de Koundara dispose de 215 écoles à l’élémentaire, et ces écoles disposent de 438 salles de classe dont 80 en mauvais état. Au privé, il y a 20 écoles qui disposent de 98 salles de classe dont 7 en mauvais état. 69 écoles communautaires pour 82 salles de classes dont 75 sont en hangars et en mauvais état. Au secondaire, il y a 17 établissements qui disposent de 108 salles de classe dont 40 en mauvais état. Le préscolaire, il a 32 établissements dont 16 sont privés. De l’informel, il y a 6 centres NAFA dont deux sont fonctionnels. Donc voilà la réparation des écoles par niveau et les infrastructures y afférentes.

Guineematin.com : Y-a-t-il des projets pour améliorer les conditions d’apprentissage ?

Mamadou Bhoye Barry : Il y a des projets d’extraction en cours au niveau central avec le service national des infrastructures et équipements scolaires. Ils envisagent de construire deux blocs d’établissements de 12 salles de classe. Ils nous ont demandé de proposer les sites. Les sites ont été proposés. On a un projet d’extension du collège de Sambailo pour 4 salles de classes et une direction. On a le projet d’extension de quelques écoles primaires. Parce que parmi les 115 écoles dont nous disposons, 40% n’ont que 3 salles de classes. Nous avons besoin d’extension pour qu’au minimum les écoles soient à 6 classes.

Guineematin.com : comment assurez-vous l’accès aux ressources pédagogiques dans les écoles de Koundara ?

Mamadou Bhoye Barry : Par rapport à ça, c’est une gestion que nous faisons, parce que nous sommes dotés en manuels par le département central. Une fois les quantités reçues, proportionnellement réparties dans les écoles en fonction des écoles et des effectifs, d’abord pour les écoles publiques, ensuite si c’est suffisant, nous prévoyons pour les écoles privées pour qu’ils aient accès aux programmes. Parce que les écoles privées et publiques reçoivent les mêmes programmes officiels d’enseignement guinéens ; et, la première ressource, ce sont les manuels, les programmes. Nous les distribuons en fonction des quantités disponibles.

Guineematin.com : on s’achemine vers les examens nationaux. A date, comment vous vous préparez pour ces examens ?

Mamadou Bhoye Barry : Dans les préparatifs, nous entamons les derniers virages. A ce jour, nous avons fini la préparation de toutes les listes, les PV d’appel sont disponibles. Maintenant nous sommes en train de contrôler les PV d’appel pour voir encore des anomalies à corriger ou les enfants qui ne se sont pas photographiés pour régulariser tout avant le jour-j. Mais déjà, même les cartes sont imprimées. C’est pour vous dire que ce qui nous reste, c’est de préparer les surveillants et les correcteurs et le choix des délégués et superviseurs. Pour ce qui est des préparatifs, c’est à ce stade qu’on est à date.

Guineematin.com : pouvez-vous nous fournir les statistiques liées aux examens nationaux session 2023 ?

Mamadou Bhoye Barry : Du point de vue statistiques pour les examens nationaux, pour l’enseignement élémentaire, nous avons 24 centres dont un centre franco-arabe pour un total de 3886 candidats parmi lesquels il y a 2011 filles. Au BEPC, nous avons 7 centres pour 1002 candidats dont 451 filles répartis dans 145 salles d’examen. Au baccalauréat unique pour les trois profils confondus, nous avons 324 candidats dont 119 filles répartis dans 13 salles pour un total de 26 surveillants et 3 délégués.

Guineematin.com : avez-vous des partenaires pour trouver de nouvelles opportunités en faveur des apprenants ?

Mamadou Bhoye Barry : Ici, le partenariat le plus fécond, c’est le programme alimentaire mondial qui appuie 77% d’écoles de la préfecture en denrées alimentaires. Ils offrent des repas chauds à nos élèves et des repas secs aux filles pour encourager ces dernières à rester et à obtenir de bons résultats, surtout les filles de la 5ème et de la 6ème année.

Guineematin.com : Comment collaborez-vous avec les ONG, les associations comme l’APEAE pour améliorer la qualité de formation des enfants à Koundara ?

Mamadou Bhoye Barry : Nous sommes ouverts à tous ceux qui peuvent nous apporter un appui. Au niveau local, nous travaillons avec une association de retraités qui, de temps en temps, donne un appui à certaines écoles. Nous avons des ONG qui nous ont envoyé des sujets d’examen qui sont en train de faire une caravane à travers le pays, ils ne sont pas arrivés à Koundara, mais les sujets qu’ils sont en train de traiter avec les élèves, ils nous les ont fait parvenir et nous faisons même appel à des personnes ressources extérieures. Nous appelons deux CPMEF qui sont venus nous appuyer au niveau des DSE, notamment en mathématiques.

Guineematin.com : quels sont vos objectifs à long terme pour l’éducation à Koundara ?

Mamadou Bhoye Barry : Nos objectifs sont d’abord de continuer ce que nous avons trouvé comme projets, rapprocher les écoles de tous les enfants, que les enfants aient moins de distance à parcourir pour aller à l’école. Et, fort heureusement, Koundara a un relief favorable à cela. Tout est presque plat à Koundara. Donc, partout on peut avoir accès et construire pour que tous les enfants de Koundara puissent accéder à l’école.

Guineematin.com : quelles mesures prévoyez-vous pour atteindre ces objectifs ?

Mamadou Bhoye Barry : Chaque année, nous faisons des sensibilisations à la veille de l’ouverture des classes pour la scolarisation des enfants. Au jour d’aujourd’hui, des communautés qui n’ont pas d’écoles sont en train de nous acculer pour les aider à ouvrir des écoles dans leurs zones. Pour cette année seulement (2023), nous avons eu trois communautés qui ont ouvert avec leurs propres initiatives, ils ont construit les infrastructures, ils ont pris l’engagement qu’ils peuvent prendre en charge du point salaires des contractuels que nous avons recrutés et qu’on a mis à leurs dispositions pour que leurs enfants puissent accéder à la formation. Donc, aujourd’hui, les populations ont compris que c’est les moyens qui nous manquent ou les ressources financières pour faire ces constructions. Mais, l’Etat progressivement a promis des infrastructures. Cette année, avec le projet PRODEG, il y aura des constructions, c’est prévu pour le préscolaire une construction de mille salles de classe, chaque préfecture doit en bénéficier. En ce moment, ils ont un programme de formation, nous venons de remonter la liste des enseignants qui doivent être formés pour l’encadrement du préscolaire.

Guineematin.com : y-a-t-il autre chose que vous aimeriez partager concernant l’éducation à Koundara ?

Mamadou Bhoye Barry : Pour travailler, nous avons besoin de moyens. J’ai une équipe dynamique et disponible qui m’entoure, mais les moyens logistiques, à part cette voiture, font défaut. Les membres de cette équipe n’ont pas de motos, à plus forte raison un autre ou des véhicules pour parcourir les écoles. Jusque-là, ils font des sacrifices avec leurs engins personnels pour faire les missions de l’éducation. Parfois quand leurs engins sont en panne, je ne suis pas en mesure de les aider à les dépanner. C’est difficile qu’ils m’aident à faire les travaux. Ce que je peux solliciter des services centraux, c’est la dotation en moyens logistiques en motos et en ordinateurs, puisque les ordinateurs que nous avons aujourd’hui, ce sont des ordinateurs qui sont vétustes et ne répondent pas aux préoccupations de l’heure. Nous demandons de l’aide aux services centraux, aux partenaires au développement, les ONG et associations, ainsi qu’aux personnes de bonne volonté pour permettre la bonne exécution des programmes d’éducation en faveur des enfants natifs et résidents à Koundara.

De Koundara, Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél : 622919225

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