Conakry : 8 accusés à la barre pour association de malfaiteurs, vol à main armée, utilisation d’armes de guerre…

Huit (8) personnes, accusées dans des dossiers criminels, sont jugées depuis quelques jours au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la mairie de Ratoma, dans la capitale guinéenne. Les accusés ont pour noms Mamadou Moussa Barry, Moustapha Camara dit Mousto, Alia Camara dit Zépé, Thierno Amadou Diallo, Mamadou Alpha Barry, Mamoudou Diallo dit Massinga, adjudant Salifou Soumah dit Lif, et Souleymane Baldé dit Papino. Jugés pour association de malfaiteurs, vol à main armée, utilisation illicite d’armes de guerre et complicité, ils ont nié les faits. Lundi dernier, 05 juin 2023, a été consacrée à l’audition de certains d’entre eux, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans cette affaire, Alia Camara dit Zépé a été le premier à être devant le Tribunal. Il a rejeté les faits mis à sa charge. Il est peintre de profession, célibataire, domicilié au quartier Lambanyi carrefour cimetière, dans la commune de Ratoma, en détention préventive depuis le 27 avril 2020, comme la plupart de ses codétenus.

Le deuxième accusé appelé à la barre est Moustapha Camara, alias Mousto. Il a nié les faits et accuse sa copine Marie Marguerite Ange Soumah de l’avoir livré à la police. « Elle m’a appelé au téléphone pour connaître ma position… ».

Souleymane Baldé, dit Papino, fut la troisième personne à être entendue à la barre. Comme Moustapha, il dit avoir été interpellé par le biais de sa copine. « Trois jours après le jour du vote, j’étais à la plage Lambanyi. On m’a appelé pour me dire qu’il y a eu une descente militaire dans beaucoup de lieux, de faire attention. Vers 18 heures, je suis rentré. Le lendemain, je suis allé me recréer. Je suis resté jusqu’à 2h/3h. En rentrant, mon ami m’a appelé pour me demander où j’étais, et qu’il y avait beaucoup de pick-up au temple. Ce jour-là, je ne suis pas rentré chez moi. J’ai appelé un certain Barry pour savoir si les agents sont partis, il m’a dit non. J’ai décidé de me rendre à Kindia. J’ai fait 2 mois là-bas. Un jour, la femme m’a appelé pour me dire que la police l’a arrêtée et que tant que je ne me présente pas, ils ne vont pas la relaxer. J’ai emprunté une moto pour venir. Un officier m’a appelé trois fois par Papino, je n’ai pas répondu. Par la suite, je lui ai dit que mon nom, c’est Souleymane Baldé. Ils m’ont arrêté et m’ont montré une photo où j’étais arrêté avec Mamoudou Diallo, or lui, c’est un frère, on est du même village. Ils m’ont dit que j’étais un bandit, j’ai dit que je ne l’étais pas. Ils m’ont frappé ce jour jusqu’à ce que j’ai perdu une dent. L’officier Simakan m’a dit que Mamoudou Diallo a avoué m’avoir donné son arme pour la garder. J’ai répondu que je ne connaissais rien de cette affaire », a-t-il déclaré.

Poursuivant, Souleymane Baldé indique avoir reçu une proposition de la part de Simakan, commandant de la BRI au moment des faits. « Simakan m’a fait une proposition de cinq millions GNF. Il dit qu’il va appeler le commissaire Fabou pour dire que le jeune s’est échappé. Mais je lui ai dit que je suis l’espoir de ma famille. Ma mère vend de la bouillie. On m’a conduit alors à la DPJ. Là où on m’a enfermé, tant qu’on n’ouvre pas les portes, tu ne vois pas de lumière. Quand le colonel est venu, il m’a demandé si je suis Papino, j’ai dit non, que je me nomme Souleymane Baldé. J’ai été auditionné au moins deux fois. L’un d’entre eux a dit que comme je ne coopère pas, qu’il fallait me déférer », a expliqué l’accusé.

Mamadou Alpha Barry, revenu à la barre, a raconté ce qu’il dit savoir dans cette affaire. « Moi, je ne sais pas pourquoi je suis là. C’est chez moi à Bentourayah qu’ils m’ont trouvé. Ils ont fait sortir ma voiture, mes coffre-fort vides au nombre de trois, ma moto, ma télévision. À l’enquête préliminaire, on m’a interrogé un peu. À mon domicile, ils m’ont demandé de payer 10 millions GNF pour être libéré. J’ai dit que je n’avais pas cette somme. C’est à cause de cela qu’on m’a arrêté. A la police judiciaire, ils m’ont demandé si je connaissais Mamadou Diallo, j’ai dit oui. Pour Moustapha Camara, Salifou Soumah, j’ai dit qu’il a l’habitude d’acheter des médicaments avec moi. Ils m’ont demandé si j’avais des armes, j’ai répondu que je ne connaissais pas l’affaire d’armes. Je ne me rappelle que de ça », a-t-il raconté.

Le président, Sékou Ibrahima Soumah, est ensuite revenu le procès-verbal d’interrogatoire à l’enquête préliminaire. Mamadou Alpha Barry a nié à bloc le contenu du document qui parle de plusieurs opérations de vols : « l’opération au camp Alpha Yaya où 32 millions de francs guinéens ont été emportés, l’opération à l’Aéroport et l’opération de Madina où trois coffre-fort ont été volés… ».

Toutefois, Mamadou Alpha Barry a reconnu ne pas être à sa première incarcération. Il reconnaît avoir été condamné pour le vol d’un coffre-fort. « J’ai fait un an. C’est à cette peine qu’on m’avait condamnée… ».

Dans ce dossier, sur les huit détenus, quatre ont été entendus. Ils ont tous réfuté les faits à eux reprochés. Le Tribunal a renvoyé l’affaire au 19 Juin 2023 pour la suite des débats.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

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