Echec de la France au Mali : « ce que Barkhane n’a pas pu faire en 9 ans, les forces armées maliennes l’ont réussi en 6 mois »

Dr Foussenou Ouattara, conseiller national et vice-président de la commission défense

Depuis plus de dix ans, le Mali fait face à une grave crise sécuritaire sur son territoire. Des groupes terroristes lourdement armés s’attaquent aux populations civiles et militaires et menacent fortement la paix et la sécurité au Nord du pays, notamment dans la région de Kidal. Pour inverser cette tendance et assurer la sécurité des maliens dans cette partie du territoire, plusieurs réformes ont été entreprises pour reconquérir tout le territoire malien.

Au cours d’un entretien a accordé à un journaliste de Guineematin.com à Bamako, Dr Foussenou Ouattara, vice-président de la commission défense, sécurité et protection civile au conseil national de la transition, a tenté de justifier la résiliation de l’accord de défense signé avec la France et le choix de la Russie.

« Le Mali traverse une crise multidimensionnelle. Nous, nous essayons de prendre le problème dans toute sa complexité. Ce n’est pas le volet militaire seulement qui va restaurer la paix dans le pays. C’est aussi le volet social et surtout politique qui doivent jouer un grand rôle. Le Mali, malheureusement, avait signé un contrat en 2013 avec la France dans le domaine de l’assistance militaire. Donc, la formation et même le commandement étaient dirigés par la France. Si vous lisez le texte, il est dit que les soldats français qui venaient sur le sol malien doivent se soumettre à l’autorité malienne et aux ordres de l’état-major des armées. Deuxièmement, ils doivent avoir accès à tous les coins et recoins du pays. C’est ce que les textes disaient. Quand on a appelé la France à réviser ce contrat pour qu’il puisse répondre aux aspirations profondes des maliens et aux intérêts du peuple malien, vous le savez la France a refusé. Et, la conséquence a été que le contrat a été résilié. Aujourd’hui, si vous comparez les 9 ans de présence de l’opération Barkhane sur le terrain et les 2 ans que l’armée malienne est en train de gérer, il n’y a pas de comparaison possible. Parce que ce que Barkhane n’a pas pu faire en 9 ans, les forces armées maliennes l’ont réussi en 6 mois », a expliqué ce conseiller national.

Poursuivant, ce législateur de la transition a rappelé les difficultés auxquelles l’État malien faisait face dans le maintenant de la paix au nord du Mali, notamment dans la région de Kidal. Il s’est ensuite réjoui de la récente collaboration de son pays avec la Russie dans le cadre de l’équipement des forces armées maliennes en matériels de guerre.

Dr Foussenou Ouattara, conseiller national et vice-président de la commission défense

« Un militaire qu’on envoie sur un champ de guerre, il faut lui donner les matériels de guerre dont il a besoin. Avant, ce n’était pas le cas. Par exemple, un contingent qui allait relever un autre, se déplaçait même sans les moyens de sécurité. S’ils tombaient dans une embuscade… Un soldat qui va sur un front de bataille, si vous lui donnez 30 balles à la place de 200, vous voyez ce que ça fait ? C’était les problèmes auxquels on était confrontés. Mais aujourd’hui, le Mali peut se flatter d’avoir une flotte à la hauteur d’une grande puissance et les engins blindés de toute sorte. Bref, tout ce dont on a besoin. Aujourd’hui, le Mali a pu acheter ses propres équipements. Notre armée est maintenant à l’image d’une armée qui se respecte ; elle est armée de tout ce dont elle a besoin pour défendre l’intégrité territoriale. Alors que quand on était en accord avec la France, (…) l’ancien président (paix à son âme) même l’avait dit lors d’un meeting : on l’empêchait d’acheter les armements pour le Mali. Vous voyez dans quelle condition nous étions ? » indique Dr Foussenou Ouattara.

Foussenou Ouattara a nié la présence du groupe Wagner (organisation paramilitaire Russe) sur le territoire malien. Il précise tout de même que l’Etat malien a scellé un accord de collaboration avec la fédération de Russie dans le cadre de la fourniture des armements.

« Il n’y a pas de Wagner au Mali. Il y a plutôt une mission militaire russe au Mali, on n’a pas caché cela. C’est une mission militaire officielle. C’est un accord avec l’État Russe et non pas avec une société privée. Il y a un accord de collaboration et non un accord de défense comme ce fut le cas de la France. Le Mali ne produit pas les armements. Donc, le Mali achète les avions de guerre avec la Russie, on achète les blindés et avec la Russie et avec la Chine, la Turquie ainsi de suite. Ce sont des matériels, quand ça arrive ici, ce sont des instructeurs qui viennent pour nous apprendre le maniement de ces appareils-là, leur maintenance. Il faut que ces gens soient là durant le temps du transfert de compétence. Si vous achetez avec la France, c’est sûr qu’il y aura les instructeurs français pour vous apprendre. Le président Assimi Goita a dit trois choses auxquelles il faut se conformer. Tout pays qui se conformerait à cette doctrine, le Mali travaillera avec toi. Si la France se conforme à cette doctrine aujourd’hui, le Mali travaillera avec la France. Nous, notre porte est grandement ouverte pour tous les pays. Si vous voyez la France et les pays dits occidentaux, eux, quand ils viennent chez vous, ils n’écoutent pas ce que vous vous leur dites. Quand ils viennent, ils veulent vous imposer leur politique, ils veulent vous dire ce que vous- mêmes vous devriez aimer ou pas. Or, avec la Russie, eux, ils ne s’immiscent pas dans vos affaires intérieures. La Russe respecte le choix des partenaires du Mali », a precisé ce proche du pouvoir de Bamako.

Enfin, le vice-président de la commission défense, sécurité et protection civile au CNT du Mali accuse la France d’être derrière la recrudescence de l’insécurité à Kidal.

« A un moment donné, l’armée malienne avait réussi à repousser les terroristes. On avait pu conquérir Gao, Toumbouctou… Mais, une fois arrivée au niveau de Kidal, c’est l’opération Barkhane qui nous a barré la route pour dire : non, vous ne pouvez pas rentrer à Kidal. C’est une force étrangère qui nous a empêchés d’accéder sur une partie de notre territoire. On est resté comme ça, le temps qu’on a pas pu reconquérir Kidal, on a vu les terroristes qui descendaient et qui étaient en train de reconquérir notre espace. Ce qui est grave, c’est l’armée française à travers Barkhane qui a pu armer un groupe rebelle qui n’existait même plus (MLA) contre nous », a dit Dr Foussenou Ouattara.

De Bamako, Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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