Manifestation au Port de Conakry : Fodé Oussou Fofana, Mohamed Touré et Cie jugés à Kaloum

Une manifestation survenue le 17 octobre 2021 au port autonome de Conakry a mis aux prises des dockers et le bureau syndical des travailleurs. Il s’en suivra des échanges peu amicaux, au point que les responsables syndicaux vont porter plainte contre les dockers. C’est dans ce cadre que Fodé Oussou Fofana, Mohamed Touré, Almamy Bangoura, Ibrahima Sory Camara et Mamadou Sylla vont être poursuivis pour injures publiques, coups et blessures, violences et voies de fait. Les parties civiles sont Youssouf Camara et plusieurs autres.

A la barre du tribunal de première instance de Kaloum ce jeudi, 22 juin 2023, ils ont tous nié les faits mis à leur charge, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Fodé Oussou Fofana et ses amis sont accusés de s’être ingérés dans une manifestation qui a éclaté entre les chauffeurs et les syndicats, provoquant des cas de blessés. Ce jeudi matin, ils ont été identifiés et entendus à tour de rôle par la juge Apolline Gobou Théa sur ce qu’ils savent dans cette affaire.

L’interrogatoire a débuté par Mohamed Touré dit Bob Lee. Il a nié les faits qui lui sont reprochés. « Ce jour, je suis arrivé, j’ai trouvé les gens en train de se battre. J’ai appris que nos amis sont venus fermer le bureau du syndicat. Moi, comme ça ne me concernait pas, je suis passé. Mais ce jour, j’ai passé la nuit au port. Ceux qui se battaient, j’avais un ami parmi eux. J’ai dit à mon ami que celui qui est à la tête du syndicat, c’est juste pour deux ans. Si tu manifestes contre lui, ça ne te servira à rien. On est resté là. Les gendarmes sont venus nous prendre tous pour nous déposer à la gendarmerie. Moi, je n’ai insulté personne. Je suis venu travailler mais pas pour manifester », a-t-il expliqué.

Même constat chez Almamy Bangoura qui a également réfuté les accusations. « Le matin, j’ai vu un groupe venir. J’étais assis devant le bureau de l’AGEMAP. Le groupe est venu en disant qu’il n’y aura pas travail. Ils sont allés fermer le magasin en disant qu’il n’y aura pas de classement aujourd’hui. C’est de là-bas que j’ai vu les chauffeurs venir. Certains avaient des pierres qu’ils ont commencé à lancer. Nous, on n’a rien fait là-bas. C’est tout ce que je connais. Je ne sais pas comment mon nom s’est retrouvé dans le groupe des prévenus… ».

Par contre, Ibrahima Sory Camara a reconnu s’être bagarré avec les manifestants pour défendre son lieu de travail. « Ce que je reconnais dans cette affaire, nous étions dans la cour le matin. Il y en a certains qui sont venus par la grande porte. Nous, nous étions vers la porte arrière. Quelqu’un est venu avec le cadenas. Il disait : À bas le syndicat. Ils sont venus à 3 pour fermer la porte en disant que le syndicat doit partir. Nous aussi, on s’est opposés à eux. Celui qui était venu fermer la porte, je me suis opposé. J’ai pris le cadenas dans sa main. On s’est bagarré. J’ai jeté sa montre. Lui, il a pris un couteau pour me blesser. Quand les gendarmes sont arrivés, ils ont vu que j’étais blessé. Ils nous ont tous pris pour nous envoyer à la gendarmerie. Ils ont pensé que je faisais partie des grévistes. C’est ce que je connais… ».

Pour sa part, Fodé Oussou Fofana a nié avoir insulté et violenté quelqu’un pendant le tumulte. « Ce que je connais dans cette affaire, j’ai quitté Sangoyah pour venir travailler au port. Je suis venu ouvrir la porte pour que les équipes soient classées et que le travail reprenne. J’ai vu un groupe venir vers la porte du syndicat en disant A bas le syndicat, à bas le chef de quai. A ce moment-là, j’étais devant la porte du chef de quai. J’étais venu regarder et prendre la liste des équipes qui devaient travailler ce jour. Je n’ai insulté personne, je n’ai rien fait. J’ai dit à mes amis, les 8 éléments, d’aller travailler », s’est-il défendu.

Après avoir écouté ses clients, l’avocat de la défense a demandé au tribunal d’ordonner la communication des pièces justifiant les infractions portées à l’encontre de ses clients et la comparution d’un des responsables du port en tant que témoin.

Après avoir entendu toutes les parties prenantes à ce procès, la présidente du tribunal a renvoyé l’affaire au 13 juillet 2023 pour la suite des débats et, éventuellement, le début des plaidoiries et des réquisitions.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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