Fatoumata Binta Barry, malvoyante, admise au BAC : « je rêve d’être une grande avocate »

Fatoumata Binta Barry

« Je compte être avocate pour être la voix des sans voix, pour montrer à la face du monde ce que les non-voyants peuvent faire, ce qu’on est capable. Je rêve d’être une grande avocate qui va défendre les droits des non-voyants partout où l’occasion va se présenter… J’avais étudié jusqu’en 10ème année avant de tomber dans la cécité… J’ai la chance d’être guérie et de retrouver ma vue, mais ce n’est pas en Guinée. Je lance un appel solennel aux personnes de bonnes volontés de me venir en aide pour que je puisse recouvrer ma vue. Parce qu’avec ça aussi, je me dis que ça va beaucoup faciliter mon combat », a dit Fatoumata Binta Barry qui espère être évacuée afin de se faire soigner et continuer normalement ses études.

Présentée par le Groupe scolaire ‘’Cercle du savoir’’, Fatoumata Binta Barry vient de décrocher son ticket d’entrée à l’Université. Elle fait partie des 8 442 filles de l’enseignement général qui ont été déclarées admises au baccalauréat unique session 2023. Et, elle souhaite faire des études de Droit pour devenir « une grande avocate ». Son rêve est de défendre les droits des personnes malvoyantes dans la société.

Interrogée par un reporter que Guineematin.com a dépêché chez elle hier, lundi 17 juillet 2023, Fatoumata Binta Barry a exprimé un sentiment de joie et de satisfaction pour sa réussite au baccalauréat. Elle a aussi lancé un message aux personnes non-voyantes pour les inciter à plus de courage dans les études.

« Vu mon état, j’ai pu décrocher mon baccalauréat avec mention. C’est une fierté pour moi. Ça n’a pas été facile, c’était vraiment compliqué. Je me suis battue corps et âme pour être ici aujourd’hui. Parce que déjà, pour avoir même parfois une école pour étudier, c’est vraiment un problème… Il y a des écoles qui nous rejettent carrément, on est en manque de documents, on n’a pas de documents en braille qui sont adaptés au programme national, on est obligé de taper par tout pour être documentés, pour être vraiment à la hauteur de la classe qu’on tient… Nous, les non-voyants, on travaille en braille. C’est seulement ça la différence, mais en classe, j’enregistrais mes cours, je suivais mes cours comme tout le monde. Après l’école, je viens, je réécoute le résumé que j’ai pris à l’école, j’écoute encore l’explication du professeur, je fais mon propre résumé pour pouvoir maîtriser et j’ai un ordinateur aussi où j’ai mes brochures, j’ai mes romans. C’est comme ça que j’ai travaillé, ce n’est pas facile, ça demande beaucoup de sacrifices et de courage… Le message que j’ai à l’endroit des élèves qui n’ont pas pu décrocher leur examen, c’est de redoubler d’effort et d’apprendre à nouveau, de ne pas baisser les bras. Et ce que je dirais à mes amis non-voyants aussi, c’est d’aller à l’école. La lumière d’un non-voyant, l’espoir d’un non-voyant, c’est l’étude, c’est l’école. À part ça, nous serons à la merci des gens. Pour ne pas être un parasite dans la société ou être un mendiant par-ci, par-là, la meilleure option pour nous, c’est d’aller à l’école », a dit Fatoumata Binta Barry.

Par ailleurs, cette future étudiante a lancé un appel solennel à l’endroit des autorités, surtout au ministre de l’Enseignement pré-universitaire.

« Les conditions ne sont vraiment pas créées pour nous pour que nous puissions aller à l’école. Et pourtant, le seul espoir pour nous, c’est l’école. Sinon, nous serons un parasite pour la société… Ce n’est pas un fardeau de nous soutenir. Il faut soutenir et encourager les non-voyants, avoir confiance en eux, les motiver d’aller à l’école. Il ne faut pas se dire, j’ai un enfant malvoyant, je vais le livrer à la mendicité ou il ne va pas servir à quelque chose. Moi, je dirais non, parce qu’il y a plein de non-voyants qui ont réussi, qui ont fini leurs études, qui sont aujourd’hui devenus des fonctionnaires d’État… Moi j’ai rêvé de faire les sciences juridiques, je compte être avocate pour être la voix des sans voix, pour montrer à la face du monde ce que les non-voyants peuvent faire, ce qu’on est capable. Je rêve d’être une grande avocate qui va défendre les droits des non-voyants partout où l’occasion va se présenter », a-t-elle indiqué.

Fatoumata Binta Barry souffre de cécité. Et, elle a l’espoir qu’avec un peu de moyens, elle pourrait recouvrer la plénitude de sa vue. C’est pourquoi elle demande l’aide des autorités et des personnes de bonne volonté.

Fatoumata Binta Barry

« J’avais étudié jusqu’en 10ème année avant de tomber dans la cécité. Aujourd’hui je suis dans la cécité par manque de moyens. J’ai la chance d’être guérie et de retrouver ma vue, mais ce n’est pas en Guinée. Je lance un appel solennel aux personnes de bonnes volontés de me venir en aide pour que je puisse recouvrer ma vue. Parce qu’avec ça aussi, je me dis que ça va beaucoup faciliter mon combat », a dit Fatoumata Binta Barry qui espère être évacuée afin de se faire soigner et continuer normalement ses études.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

Tel : 628 28 61 19

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