CRIEF : toujours pas d’avocats d’office pour Oyé Guilavogui, l’affaire renvoyée au 26 juillet !

Oyé Guilavogui, ancien ministre des Postes, des Télécoms et des nouvelles technologies de l'information

Oyé Guilavogui, ancien ministre des Postes et Télécommunications sous le régime Alpha Condé, a comparu pour la 3ème fois devant la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) sans la présence de ses avocats, qui se sont retirés de la procédure. A l’ouverture de l’audience ce mercredi, 19 juillet 2023, la Cour a décidé de renvoyer de nouveau cette affaire au 26 juillet afin de permettre la constitution d’avocats d’office par le barreau de Guinée pour le prévenu. Il est jugé pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux portant sur 50 millions de dollars américains, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Oyé Guilavogui, qui a occupé à trois reprises le poste de ministre sous le règne d’Alpha Condé, rencontre toujours des difficultés pour avoir des avocats pour sa défense dans cette affaire qui l’oppose à l’État guinéen et au ministère public. Ce mercredi, 19 juillet 2023, il s’est présenté sans aucun avocat à ses côtés devant la chambre de jugement, représentée par le président Alhassane Mabinty Camara, assisté de Mamadou Tahirou Baldé et de Mohamed Samoura.

Après avoir constaté cette situation, la Cour a donné la parole au ministère public, représenté par Moustapha Mariama Diallo, ainsi qu’à l’avocat de la partie civile, Amadou Babaein Camara, afin de recueillir leurs avis sur cette situation. Les deux parties ont demandé le renvoi de l’affaire afin de permettre la désignation d’un ou de plusieurs avocats d’office pour Oyé Guilavogui.

Selon Moustapha Mariama Diallo, le prévenu n’a pas d’avocats par choix personnel, car cet ancien ministre d’Alpha Condé dispose des ressources financières nécessaires pour se constituer lui-même un ou plusieurs avocats et défendre ses intérêts. « Alors que cette affaire est en cours d’examen, les avocats de la défense ont décidé de se retirer, ce qui nous confronte à cette situation. La désignation d’avocats d’office est prévue lorsque le prévenu n’est pas en mesure de se constituer lui-même une défense. Monsieur le président, nous ne sommes pas dans ce cas, nous souhaitons que cette procédure se déroule dans le respect absolu de la loi, en protégeant les droits du prévenu, tels que prévus par les lois et conventions internationales. Mais monsieur le président, cette situation a été créée délibérément, car monsieur Oyé Guilavogui, en tant qu’ancien ministre, est solvable pour se constituer un ou des avocats. Par conséquent, compte tenu de la situation à laquelle nous sommes confrontés et qui a été volontairement créée, un renvoi s’impose. En tenant compte de tous ces éléments, nous vous demandons humblement d’accepter ce renvoi. De plus, comme vous le savez, nous approchons des vacances judiciaires qui débutent le 1er août et se terminent le 31 août 2023. Récemment, nous avons reçu un courrier du barreau nous informant que les avocats bénéficieront de deux mois de vacances judiciaires. Par conséquent, un renvoi de deux mois s’impose. Nous profiterons de ce temps pour régler la question de la constitution d’avocats d’office conformément aux dispositions de l’article 13 de l’ordonnance 007 relative à la création et au fonctionnement de la CRIEF, ainsi qu’au code de procédure pénale, à la charte de la transition et aux Constitutions de 2010 et 2020, qui garantissent les droits et libertés, y compris le droit à la défense. Nous formulons cette demande et nous nous conformerons à toutes les mesures que vous prendrez », a-t-il requis.

La partie civile a formulé la même demande, exprimant ses regrets quant à la situation actuelle. Me Amadou Babaein Camara, avocat de la partie civile, a plaidé en faveur du renvoi. « Il est regrettable que des avocats ne soient pas constitués pour Monsieur Oyé Guilavogui. Comme l’a rappelé monsieur le Procureur, monsieur le Bâtonnier est rentré de La Mecque et n’était pas en bonne santé. Ainsi, après le renvoi, l’affaire Oyé Guilavogui ne pourra pas être traitée lors de l’audience d’aujourd’hui, car le prévenu Monsieur Oyé Guilavogui n’a pas d’avocats présents dans cette salle, suite au retrait de ses conseils. Nous espérons que lors de la prochaine audience, le barreau répondra à la demande de la Cour, et monsieur Oyé Guilavogui sera assisté par un avocat pour défendre ses droits et intérêts conformément à la législation guinéenne. Nous respecterons la décision que vous prendrez », a plaidé la partie civile.

Quant au prévenu lui-même, il soutient que s’il n’y a pas d’avocats d’office désignés par le barreau en sa faveur, cela n’est nullement de sa faute. Il dit se tenir à la disposition de la Cour. « Il a été dit que des avocats allaient être constitués d’office mais s’ils ne sont pas constitués, ce n’est vraiment pas ma faute. Et je ne sais pas, les vacances judiciaires commencent au mois d’août, nous avons un autre mercredi qui arrive, alors pourquoi, on sauterait ce mercredi, pour aller jusqu’à 2 mois après ? Mais de toutes les façons, je suis à votre écoute, je me mets à votre disposition », a dit Oyé Guilavogui à la barre.

Finalement la Cour accède aux demandes de renvoi mais à la date du mercredi, 26 juillet 2023 pour la constitution d’office d’avocats pour l’ancien ministre Oyé Guilavogui.

De la CRIEF, Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Facebook Comments Box