Manque d’infrastructures et de cohésion à Mafara (Dalaba) : les jeunes veulent changer la donne

La sous-préfecture de Mafara (une des 11 sous-préfectures de Dalaba) est une localité cosmopolite avec de nombreuses potentialités agropastorales. Mais, de nos jours, cette commune rurale est abandonnée à elle-même par le manque d’infrastructures. A cela s’ajoute l’incompréhension entre les communautés, qui y cohabitent pourtant depuis des siècles. Des acteurs politiques sont accusés d’avoir soufflé sur la fibre ethnique pour qu’on en soit arrivé là. Face à cette situation, des associations des jeunes s’activent dans ce domaine pour inverser la tendance dans une localité où tout est prioritaire, rapporte Guineematin.com à travers son envoyé spécial.

Thierno Sita Diallo, président de l’Association des jeunes de Niogo et Amis pour le Développement (AJNAD)

Thierno Sita Diallo, président de l’Association des Jeunes de Niogo et Amis pour le Développement (AJNAD), interrogé par notre reporter, est revenu sur certaines difficultés rencontrées sur le terrain. « Avant de quitter Conakry, nous avions programmé une réunion entre les jeunes résidents et les ressortissants. Nous avons profité de l’occasion pour rencontrer les frères qui sont sur place et leur expliquer notre souci. Il s’agit de faire une union entre eux et nous parce que nous avons quelque chose en commun. A leur tour, ils ont expliqué beaucoup de choses. Nous leur avons soumis notre programme. Nous avons surtout compris leurs préoccupations, notamment le manque de maisons des jeunes, le manque d’union entre les jeunes… Ensuite, il y a un manque de terrain de football, parce que pour jouer un match de foot ici, il faut se rendre au niveau de la sous-préfecture. La localité de Niogo est un secteur très peuplé composé des plusieurs grands villages : il y a Niogo Missidé, Pompa Niogo, Kalimalé, Hamdallaye Séleyâbhé, Hansagheré Niogo, Kigna, Nassouroulahi, Télékourou, Guilla, Thiernoyah, Bantanhi, etc. Donc, si vous comptez tous ceux-ci, ils sont dans le secteur de Niogo. Ils méritent un terrain de sport. Mais nous n’en avons pas. Ils nous ont demandé d’aménager un terrain de football ici pour eux », a expliqué le président de l’AJNAD.

L’autre difficulté, c’est le manque d’eau pour les activités agricoles. Des efforts ont été faits dans ce sens. « Les jeunes ont demandé l’obtention d’un moteur de puisage. Par rapport à cette demande, ils peuvent faire des jardins parce que Niogo est une grande agglomération très riche en agriculture. Vous pouvez cultiver n’importe quoi, tel que le maïs, le haricot, la banane… tout ce que vous voulez. Vous pouvez cultiver pendant la saison sèche et pendant la saison des pluies. C’est dans ce cadre qu’ils nous ont expliqué leurs préoccupations qui constituent une priorité. Nous avons dit que notre association est représentée au Bénin, aux États-Unis, en Europe. Alors, nous leur avons recommandé de s’unir et de s’aimer parce que s’ils ne sont pas organisés, on ne peut pas envoyer quelque chose ici. Nous avons posé nos conditions, dont la mise en place d’une structure avec un président, un secrétaire et autres. Quant à nous, on a assez de projets. Donc on peut bien les appuyer. Avec l’AJNAD (Association des Jeunes de Niogo et Amis pour le Développement) nous avons déjà réalisé un projet d’adduction d’eau potable à travers un forage qui fonctionne avec un système solaire. Aujourd’hui, il y a des robinets partout dans les villages. Nous avons aussi mis une clôture en grillages, électrifié la mosquée en panneaux solaires. Tous les villages de Niogo sont clôturés et ont l’adduction en eau potable. Tout ceci est rendu possible grâce à l’ONG AJNAD. Ce n’est pas nous qui finançons les projets, mais nous les montons pour les soumettre aux parents qui ont les moyens. Si nos recommandations tombent dans de bonnes oreilles, nous allons tenir compte de leurs préoccupations et agir favorablement. Nous avons même plusieurs associations au sein de la commune rurale qui évoluent des fois en consortium », a laissé entendre le président de l’AJNAD, Sita Diallo.

Ismaël 2 Diallo, secrétaire général de la Coalition des Associations des Jeunes et Amis de Mafara pour le Développement

Pour sa part, Ismaël 2 Diallo, secrétaire général de la Coalition des Associations des Jeunes et Amis de Mafara pour le Développement (CAJAMAD), est revenu sur le manque d’infrastructures. « La sous-préfecture de Mafara est sérieusement en manque d’écoles, de structures sanitaires, de maisons des jeunes, de terrains aménagés, de grands marchés entretenus. Bref, la sous-préfecture est abandonnée à elle-même. La plupart des écoles sont délabrées, les structures sanitaires également qui sont là ne fonctionnent pas comme ça se doit et il y a certaines localités qui n’en ont pas. La maison des jeunes qui existe est privée ».

En outre, Ismaël 2 Diaby est revenu sur les problèmes communautaires que connaît Mafara. « Vous n’êtes pas sans savoir que le cas de Manden Djallon a fait l’objet de division et a entraîné la confrontation. Donc, le tissu social est déchiré. Il y a le mépris ainsi que la haine.  C’est une véritable préoccupation de nous jeunes pour pouvoir recoudre ce tissu social. Sur le plan économique, ça ne va pas parce que le revenu des habitants de la collectivité laisse à désirer », a laissé entendre Israël Diallo, secrétaire général de CAJAMAD.

Toutefois, des actions sont entreprises par la structure pour lutter contre la pauvreté à Mafara à travers des actions de développement. « Nous avons plein de projets pour la sous-préfecture. Il faut rappeler que la CAJAMAD a déjà réalisé beaucoup de projets l’année passée à l’occasion de la fête tournante de la structure de Dalaba qu’on appelle AJDD (Association des jeunes pour le Développement de Dalaba). Nous avons fait du reboisement. Il y a eu des séances de sensibilisation qui sont en cours. On a rénové certaines structures sanitaires, il y a eu des dons. Et la CAJAMAD, qui regroupe la jeunesse, est une structure faîtière. Elle est à l’œuvre pour répondre plus que jamais aux besoins de la localité. Cette année, nous avons reboisé plus de 120 plants à l’occasion de la fête de tabaski. On a la sensibilisation également qui continue, de localité en localité pour faire la réconciliation suite à cette histoire de Manden Djallon. Nous sommes en train de nous battre par rapport au secteur de l’éducation qui laisse à désirer. En ce qui concerne la maison des jeunes, nous sollicitons auprès de l’Etat de nous de nous venir en aide. Le terrain de football n’existe que de nom, parce que rien n’est fait. C’est une zone spéciale que les jeunes s’offrent. Mafara a un double avantage sur le plan humain, parce que c’est la sous-préfecture la plus cosmopolite. Vous pouvez retrouver toutes les ethnies ici. Mais, il y a des problèmes et il faut que les autorités, les médiateurs et les sages s’impliquent. On peut retrouver tous les noms de famille dans cette circonscription. Par ailleurs, il faut souligner l’existence de Pennoun qui est une grande réserve agricole. Donc, on peut s’en réjouir », a indiqué Ismaël 2 Diallo.

De retour de Mafara, préfecture de Dalaba, Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 00224 628 516 796

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