Départ de l’ANAD et création de l’APR : « on ne peut pas créer un parti politique et être l’instrument d’un autre », dit Biro Soumah

Le président du Parti pour le Progrès et Changement (PPC) dénonce le manque de volonté du régime de transition de travailler pour une sortie de la transition dans les délais convenus avec les parties prenantes Pour Aboubacar Biro Soumah, il y a une volonté de glissement. Il l’a annoncé en marge de l’assemblée générale du parti tenu ce samedi 22 juillet 2023. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com, monsieur Soumah est également revenu sur la nouvelle alliance créée par des transfuges de l’ANAD. Il s’agit de l’Alliance pour la République (APR)

Guineematin.com : Quelle analyse faites-vous de l’évolution de la transition en cours ?

Aboubacar Biro Soumah, président du parti pour le progrès et le changement (PPC)

Aboubacar Biro Soumah : je pense bien que pour tous ceux ont suivi le début de cette transition, c’est-à-dire le 5 septembre 2021, jusqu’à nos jours, ceux qui réfléchissent et qui savent recouper les avancées négatives ou positives sont au courant que la junte militaire n’a pas la volonté d’organiser ces élections. Nous voyons que petit-à-petit, la junte est en train de tout faire pour glisser le calendrier afin de se maintenir au pouvoir. Cette stratégie de la junte est déjà vue et on l’a dénoncée. Nous pensons que cette transition n’est pas une transition qui semble être dans les règles de l’art. La junte militaire n’est pas élue. Personne ne les a mandatés. C’est un coup d’Etat qu’ils ont fait. Mais, ils ne veulent pas respecter les principes de la transition qui parlent de consensus, qui parlent de proposition, parce que la légalité et la légitimité ne sont pas là. Donc, nous sommes en train de voir que la junte militaire est en train de dévier tout en se considérant comme un pouvoir légitime et légal. Alors qu’ils sont très loin de ça. Nous pensons que la Cédéao, avec d’autres institutions nationales, y compris nous les guinéens, nous n’allons pas accepter ce glissement de calendrier des 24 mois retenus avec la Cédéao. C’est pourquoi, je profite de votre micro pour lancer un appel pressent au Colonel Mamadi Doumbouya et Cie, que l’APR ne va jamais cautionner cette dérive liée au glissement de calendrier. Parce que l’APR se prépare pour être dans le concert des nations pour le respect de la démocratie. Donc, nous n’allons pas cautionner le glissement de calendrier de la transition, signé entre la junte militaire et la Cédéao. Donc, vivement le respect des engagements signés.

Guineematin.com : récemment, des partis politiques, jusque-là membres de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD), ont lancé une nouvelle alliance électorale dénommée Alliance pour la république (APR). Le PPC que vous dirigez fait partie de ses quatre structures politiques. Quelles sont les vraies raisons qui vous ont poussé à quitter l’ANAD dirigée par Cellou Dalein ?

Aboubacar Biro Soumah : pour un peu retourner en arrière, je pense qu’en 2020, l’ANAD était une alliance électorale qui était au tour de Cellou Dalein Diallo. Après 2020, l’ANAD s’est transformée en une coalition politique. Donc, les élections n’étaient pas au niveau de la charte de l’ANAD. Donc, vu l’évolution de la situation, nous sommes en transition, nous avons compris qu’au sein de l’ANAD, nous sommes des jeunes formations politiques, bien que nous soyons un peu vieux en politique. Mais notre moyen n’est pas comparatif aux grandes formations politiques comme l’UFDG qui est déjà prête, même si on dit demain on part aux élections. Secundo, l’UFDG ne pourra pas remorquer un autre parti politique. Il ne peut pas mettre les gens sur ses listes. L’exemple du 2018 en fait foi. Pendant les élections locales, sur 343 communes rurales et urbaines en République de Guinée, l’UFDG n’a fait aucune liste commune avec une autre formation politique, ni cédé à une commune à un de ses alliés. Donc moi, en tant que Aboubacar Biro Soumah, j’ai participé à cette élection au niveau de la commune de Dixinn avec ma propre liste que j’ai dirigée. Ce qui a fait que je suis conseiller communal. Ça, c’est un exemple frappant. Un parti politique vaut à ce qu’il participe aux élections. On ne peut pas créer une formation politique et devenir un mendiant. On ne peut pas créer un parti politique et devenir un instrument d’une autre formation politique. Donc, nous avons décidé de nous préparer pour affronter les futures échéances électorales. Donc, il n’y a pas d’animosité, il n’y a rien derrière. Nous voulons tout simplement assumer notre propre destin. Nous voulons aller aux élections en tant que formation politique. Puisqu’on n’a pas assez de moyens, nous avons décidé de mutualiser nos efforts afin qu’on puisse participer aux élections. C’est une alliance électorale pérenne qui doit commencer à partir des élections locales jusqu’aux élections présidentielles. Donc, de la base au sommet. Rien d’autre ne justifie d’avoir quitté l’ANAD. Seulement, nous avons voulu nous préparer et prendre notre propre destin en main. Nous ne sommes affiliés à aucune institution. Que ça soit le CNRD et son gouvernement, que ça soit d’autres institutions. Nous avons fait une expérience. Moi Aboubacar Biro Soumah, tout le monde me connaît. J’ai une expérience de 15 ans en politique. Je pense bien que je suis professeur en politique et je peux conduire cette alliance avec mes amis, et s’il plaît à Dieu, nous arriverons à bon port.

Guineematin.com : Comment comptez-vous vous organiser pour répondre aux enjeux de la transition en cours ?

Aboubacar Biro Soumah : c’est ce que nous sommes en train de faire. Nous allons mettre bientôt les commissions en place. Ces commissions seront bientôt opérationnelles. Ensuite, nous allons passer à la formation de nos cadres. Et troisièmement, nous allons être sur le terrain pour mobiliser le maximum de militants pour que l’APR puisse être au niveau des quartiers, des communes, à l’assemblée nationale et pourquoi pas avoir un candidat pour les élections présidentielles à venir.

 Guineematin.com : avez-vous un message à lancer à l’endroit des citoyens ?

Aboubacar Biro Soumah : je lance un appel à l’ensemble des guinéens et surtout à nos amis de l’ANAD et à d’autres formations politiques. Qu’ils sachent qu’un parti politique est fait pour participer aux élections. On crée un parti politique pour participer activement aux activités sociopolitiques de notre pays. Nous sommes en politique, nous sommes des adversaires. Donc, on peut se retrouver encore pour d’autres intérêts….

Entretien réalisé par Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box