Gnagara (Mamou) : manque d’eau, de postes de santé, d’enseignants… Les habitants de Toka tirent la sonnette d’alarme

Les habitants du secteur Toka, dans le district de Mangol, relevant de la commune rurale de Gnagara, dans la préfecture de Mamou, sont en manque criard d’eau potable, de soins de santé, de réseau téléphonique, de routes et d’autres services de base. Ils ne manquent pas l’occasion de l’exprimer surtout à cette période de saison pluvieuse où tout est défi. Interrogés par l’envoyé spécial de Guineematin.com dans la localité, ces habitants ont dit leur désarroi et appelé les autorités à voler à leur secours dans une conjoncture particulièrement compliquée.

Mme Widow Onivogui, enseignante contractuelle à l’école de Toka

Widow Onivogui, enseignante contractuelle à l’école primaire de Toka, parle des difficultés qui assaillent la localité. « Notre école est à 14 km du chef-lieu de la sous-préfecture de Gnagara. Elle comprend 3 salles de classe, 6 groupes pédagogiques qui fonctionnent avec un personnel de trois enseignants contractuels.  Cette année, le travail n’a pas été facile pour nous parce qu’il y a eu assez de déplacements dus à l’enrôlement des enseignants. Nous avons trop dépensé. On peut même dire que l’année n’a pas été bonne pour nous. Je précise que cette année, il y a 5 groupes pédagogiques qui ont fonctionné parce qu’on n’a pas présenté de candidats au CM2. Il y aura une classe de CM2 l’année prochaine », dit-elle.

Poursuivant, l’enseignante contractuelle est largement revenue sur leurs conditions de vie en dénonçant tout de même le manque d’eau potable et de réseau téléphonique dans cette localité. « Nous sommes bien logés. Mais la nourriture fait défaut. Nous avons aussi des difficultés liées au manque total d’eau potable et de réseau téléphonique. La connexion internet, on n’en parle même pas. Il y a une seule rivière ici, très éloignée du village, qui tari pendant la saison sèche. Cette localité est très enclavée. On y trouve des petites montagnes et des collines et il n’y a même pas de routes. Des fois, c’est encourageant ; et des fois, c’est décourageant. Je demande à l’Etat de nous prendre en charge, de nous engager maintenant dans la fonction publique. La communauté doit nous considérer. Même si on est des contractuels, elle doit avoir du respect pour nous », plaide Widow Onivogui, enseignante à l’école primaire Toka.

Mme Fatoumata Bintou Camara, matrone au poste de santé de Toka

Il y a un poste de santé à Toka, construit par un natif de la localité et géré par la communauté qui prend en charge le personnel contractuel pour les soins. Madame Fatoumata Bintou Camara, matrone au poste de santé de Toka, revient sur le fonctionnement de la structure. « Nous sommes là pour assister les docteurs afin de ne pas souffrir de trop avec les femmes lors de l’accouchement. J’avoue que le taux de fréquentation est très important. Si ce n’est pas à cause de la campagne de vaccination, on travaille toute la nuit. Cependant, nous avons des difficultés. En première position, les agents de santé qui sont là ne sont pas engagés par le gouvernement. C’est qu’on peut dire. Ceux qui sont engagés par le gouvernement se battent pour nous affecter le personnel de soins de santé. Ensuite, nous n’avons pas de courant dans le poste de santé. Il n’y a pas de réseau téléphonique aussi. C’est ce qui cause d’énormes problèmes aux habitants des villages et hameaux environnants. Des fois, il peut y avoir des malades et on nous appelle, mais ça ne passe pas. Notre panneau solaire qui est là n’est plus fonctionnel par manque d’entretien. Les appareils sont vétustes et les frigos ne peuvent plus conserver nos vaccins et autres matériels de travail. Il n’y a pas de forage pour fournir de l’eau dans cette structure sanitaire. Nous avons besoin d’un pylône pour le réseau de téléphone, d’un forage et d’un kit solaire pour le fonctionnement de notre poste de santé. Pour le reste, la communauté se débrouille et il y a aussi le manque de financement. Ce poste de santé a été construit par feu Elhadj Doumbouya Toka. L’association des ressortissants avait fait la rénovation avec leurs moyens de bord. Nous demandons une aide à tous les niveaux », a-t-elle lancé.

Mahamadou Baïlo Doumbouya, 1er vice maire de la commune rurale de Gnagara

Mahamadou Baïlo Doumbouya, 1er vice maire de la commune rurale de Gnagara, interrogé par notre reporter, est largement revenu sur les infrastructures réalisées par la communauté. Des infrastructures en manque d’entretien, même si des efforts sont fournis par endroits. « Ce poste de santé de Toka a été construit et rénové par la communauté en collaboration avec les ressortissants. Il y a eu assez d’efforts. Le chef de poste qui travaille ici est un contractuel de l’Etat. Il est payé à chaque fin de mois pour qu’il puisse travailler pour notre santé et il se bat à sa manière. Mais, nous avons des problèmes qu’on n’a pas pu résoudre. Il n’y a pas d’eau potable. Dans tout le secteur Toka, nous n’avons pas eu de forage d’abord. C’est l’eau de la rivière que les habitants boivent ici. Cependant, cela nuit à la santé de la population. Le problème de lumière se pose. Les agents de santé utilisent la torche pendant la nuit pour travailler. Des fois, ils sont obligés de dire aux patients d’attendre jusqu’au petit matin faute de lumière. En ce qui concerne l’approvisionnement en médicaments, il y a problème également. C’est pourquoi les médicaments coûtent chers. L’extrême pauvreté empêche les citoyens de venir se faire soigner. Cette école primaire, également réalisée par un natif d’ici, était tombée. Mais elle a été rénovée par les fils résidants et les ressortissants sur fonds propres l’année surpassée à hauteur de 60 millions de GNF. Les tables-bancs sont en fer. Jusqu’à présent, on n’a pas pu mettre la peinture et le plafond. Ensuite, tous les enseignants qui sont là sont des contractuels qui sont pris en charge par les parents d’élèves. Cette année, le gouvernement a promis de nous aider dans ce sens. Mais cela a été très compliqué pour nous, car nous avons passé une année scolaire difficile. Des fois, on était même obligé de payer ces enseignants. Nous avons eu plus de 132 élèves ici. L’association des ressortissants prévoit la construction de 3 salles de classe. Il y a plusieurs enfants scolarisables dans ce district. Mais, ils n’ont pas pu d’abord faute de financement. Si nous gagnons un appui, cela serait une bonne chose. C’est pourquoi nous lançons un SOS pour l’éducation de nos enfants à Toka, pour l’équipement et l’adduction en eau potable à notre poste de santé », a laissé entendre le 1er vice maire de Gnagara.

De retour de Gnagara (Mamou), Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél : (00224) 628 516 796

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