Aboubacar Kourouma, tué dans les inondations à Coyah : « la corde qui les encerclait l’a serré au cou… »

Aboubacar Kourouma, victime des inondations à Coyah

Aboubacar Kourouma, alias Del, électricien profession, est le nom du jeune tué par les eaux suite aux inondations survenues dans la nuit du samedi au dimanche, 6 août 2023, dans la préfecture de Coyah. Le jeune homme a perdu la vie en tentant de sauver des gens pris au piège des vagues.

Le drame s’est produit dans la matinée du dimanche au quartier Laminaya, dans la commune urbaine. Plusieurs concessions et de nombreux citoyens des zones touchées ont été éprouvés par cette montée des eaux, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters qui s’y est rendu hier lundi, 7 août 2023.

Au quartier Fily 1 où vivait la victime chez un ami, la consternation et la tristesse se lisaient encore sur les visages. Tous regrettent la disparition d’un jeune au service des autres, dévoué tant pour la cause de sa famille biologique que de sa famille adoptive. Amara Kourouma, lui-même victime d’inondations à Fily 1, est témoin de l’activité de sauvetage qu’a entrepris le défunt d’abord à Fily puis à Laminaya où il a finalement perdu la vie.

« Il était avec ses amis, ils aidaient les gens pour les faire traverser. Après ici (Fily), ils se sont rendus à Laminaya où se trouve sa famille biologique. Là aussi, il s’est mis à faire traverser les enfants avec ses amis. Ils avaient réussi à faire passer 3 enfants, le quatrième maintenant, à leur retour, lui il a trébuché puisque lui il était derrière. Quand il est tombé dans l’eau, la corde qui les encerclait l’a serré au niveau du cou.

Ses amis qui étaient devant ne se sont pas très vite rendus compte qu’il a cédé lui. Au moment où on l’a retrouvé, il était complètement fatigué et étouffé ; on l’a pris maintenant pour l’amener à l’hôpital. C’est en cours de route qu’il est décédé. C’était un jeune homme très gentil dans le quartier », a-t-il expliqué avant de formuler les bénédictions pour le repos de son âme.

Bintia Camara, mère adoptive du défunt Aboubacar Kourouma, encore sous le choc, explique les derniers instants qu’elle a eus avec celui qu’elle appelle affectueusement mon « fils ».

« Quand notre concession a été inondée, ils sont sortis eux les jeunes pour faire sortir l’eau de la maison à l’aide de seaux. Quand l’eau a baissé, il est entré chez moi, il a mis mes effets sur le fauteuil et il a lavé ma maison. Puisque moi je viens de subir une intervention chirurgicale, il m’a dit de venir m’asseoir ici sur la terrasse devant notre cour ; et il m’a confié la clé de sa moto. Après ce travail de nettoyage, il est sorti pour, dit-il, accompagner son papa à l’hôpital. C’est en partant maintenant qu’il aperçut les gens piégés dans l’eau.

Ils ont fait des cordes pour faire traverser les gens. C’est dans ça malheureusement il aurait trouvé la mort. J’étais assise devant ma cour ici, là où il m’a laissé, quand j’ai vu l’ambulance et une voiture de la croix rouge passer. Quand j’ai demandé, on m’a dit que c’est un jeune qui s’est noyé là-bas. Je ne savais pas que c’était mon fils. C’est par après que quelqu’un est venu informer… C’est ainsi que tous mes enfants sont allés à l’hôpital pour voir et c’est son corps qu’ils ont trouvé là-bas », a-t-elle dit, en sanglots.

Pour sa part, Seydouba Cissé, fils cadet de dame Bintia Camara et ami intime du défunt, déplore le départ prématuré de son compagnon. « C’est lui qui m’a réveillé pour me dire que l’eau est entrée dans les maisons. Après, on a soulevé la moquette et le fauteuil ensemble pour les mettre dans la chambre. C’est après quoi, il a dit à mon grand frère qu’il vient chez son papa. Donc pour nous, il était allé chez eux… »

Le corps du jeune Aboubacar Kourouma se trouve à la morgue de l’hôpital préfectoral de Coyah. Un symposium sera organisé à sa mémoire avant son inhumation demain mercredi à la maison des jeunes de Coyah, apprend-on.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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