Condamnation de la Guinée par la Cour de justice de la CEDEAO : Cellou Dalein espère que « cette décision fera jurisprudence »

Cellou Dalein Diallo, président de l'UFDG

Opposée à Abdoul Ghadiri Diallo et plus de 250 autres personnes (tous de nationalité guinéenne) pour une affaire de recensement et de vote, l’Etat guinéen a été condamné le 9 juin dernier au paiement de 102 500 000 francs CFA par la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). La juridiction sous-régionale a reconnu la Guinée coupable violation des droits de requérants. Une décision qui a été vivement saluée par Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre guinéen et président de l’UFDG (union des forces démocratiques de Guinée).

A l’occasion d’une conférence virtuelle (un webinaire) ce mercredi, 9 août 2023, Cellou Dalein Diallo a dénoncé les « restrictions au niveau opérationnel » dans l’exercice du droit de vote en Guinée. Il s’est aussi réjoui de la décision de certains Guinéens vivant au Sénégal de trimballer l’Etat guinéen en justice pour les violations de droit dont ils ont été victimes. Le leader de l’UFDG a également émis l’espoir que la présente condamnation de la Guinée fera désormais jurisprudence dans les Etats membres de la CEDEAO.

« Il est utile et même important que cette décision soit vulgarisée. L’exercice du droit de vote fait l’objet de beaucoup de restrictions au niveau opérationnel. Et, l’UFDG en a été victime pendant longtemps. L’exclusion des citoyens guinéens vivant au Sénégal des élections législatives et présidentielles, et même du référendum constitutionnel, est une manifestation éloquente de ces formes d’exclusion, de cette fraude opérationnelle… Le fait d’avoir ajouté que pour les Guinéens de l’étranger disposer d’un passeport en cours de validité, (…) c’est une forme d’exclusion qui a été consacrée par un texte réglementaire de la CENI (commission électorale nationale indépendante). Même ceux qui avaient des cartes d’électeurs, qui étaient dans le fichier, mais qui n’avaient pas de passeport ou de carte d’identité à cours de validité, ne pouvaient pas se faire enrôler. C’est une forme d’exclusion qu’il fallait dénoncer, et je pense qu’on l’a bien fait avec action menée auprès de la cour de justice de la CEDEAO… On ne peut pas justifier qu’au Sénégal on ne recense pas les gens pour qu’ils puissent exercer leur droit de vote, alors qu’on sait que plus de 90% des Guinéens qui vivent au Sénégal votent UFDG. Donc, c’était prémédité. On a fait voter en Malaisie, alors qu’on a refusé aux Guinéens vivant au Sénégal, en Guinée Bissau et une bonne partie de ceux qui sont en Sierra Leone de voter. Donc, c’était important que le problème soit posé et que les gens puissent s’adresser à la justice. Je félicite vraiment mes compatriotes vivant au Sénégal qui ont pris l’initiative de saisir la justice et j’espère que cette décision fera désormais jurisprudence dans notre espace CEDEAO. Parce que c’était vraiment une discrimination », a indiqué Cellou Dalein Diallo.

Cette décision de la cour de justice de la CEDEAO n’est susceptible d’aucun recours. Et, la Guinée est tenue dans l’obligation de faire exécution de cet arrêt, même si la Cour ne dispose d’aucune mesure contraignante pour lui forcer la main.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tél. : 622 97 27 22

Facebook Comments Box