Conakry : des « faux » agents de la police routière jugés et condamnés au tribunal de Mafanco

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Quatre prévenus, qui exerçaient illégalement la profession d’agent de la police routière, ont été jugés et condamnés hier, jeudi 10 août 2023, au tribunal de première instance de Mafanco. Idrissa Keïta, Mohamed Konaté, Alseny Diallo et Mohamed Camara, en détention préventive depuis le 3 août 2023, étaient poursuivis pour usurpation de titre. Ils ont écopé de 6 mois de prison avec sursis et du paiement d’une amende d’un million de francs guinéens chacun, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

C’est à tour de rôle que les quatre stagiaires de la police routière ont fait leur déposition à la barre du tribunal correctionnel de Mafanco. Ils soutiennent que c’est après avoir travaillé pendant des années en tant que stagiaires qu’ils ont été finalement mis à la touche par une note circulaire du Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, leur demandant de ne plus exercer cette fonction.

En outre, ils disent tous être stagiaires au niveau de la police routière et reconnaissent avoir, sans titre, réglé pendant des années la circulation routière.

Dans sa déposition, le prévenu Idrissa Keïta a déclaré à la barre être stagiaire depuis 20 ans. « Pendant 20 ans, je suis stagiaire à la police routière. Moi, j’ai travaillé au compte de la police pendant 20 ans. Durant tout ce temps, je n’ai reçu aucun salaire. J’ai deux femmes et plusieurs enfants. C’est Dieu seul qui me venait en aide pour assurer la dépense de ma famille. Mais depuis qu’ils nous ont dit de rester à la maison, de ne plus aller au service, je n’ai pas été là-bas. Ça fait deux mois, depuis qu’ils nous l’ont signifié, à travers une circulaire interdisant aux stagiaires de travailler. Et depuis ça, moi je ne travaille pas. Pour preuve, on m’a interpellé au quartier Yimbaya pendant que je réclamais ma monnaie à un motard. Je n’étais pas en tenue lorsqu’ils m’ont mis aux arrêts », a-t-il déclaré.

Même argument de défense chez Mohamed Konaté, qui dit être stagiaire à la police routière depuis 14 ans. Il a expliqué que c’est dans l’exercice de ses fonctions de policier qu’il a été interpellé. « Je suis stagiaire de police depuis 2009. Je n’ai pas de matricules. Mais, ce sont nos chefs qui nous dotent de tenues et nous envoient sur le terrain. Moi, on m’a pris dans l’exercice de mes fonctions. Nous avons suivi la formation de base. Mais on n’a pas eu les matricules. Ils ont revendu les matricules à des personnes qui n’ont pas fait le test et la formation de base », a-t-il lancé.

Même son de cloche chez Alseny Diallo, autre prévenu dans cette affaire. « En 2012, la liste est sortie et depuis cette année, je suis à la CMIS (Compagnie mobile d’intervention et de sécurité) numéro 22. Quand vous regardez, vous trouverez que c’est nous qui intervenons en ligne rouge. Même sur la route Le Prince, si ça ne va pas, ils venaient me chercher pour aller régler la circulation. Mais ces derniers temps, ils nous ont remplacés par des enfants. Jusqu’à présent, mon sac se trouve dans le dortoir là-bas. C’est vrai, je ne suis pas policier parce que je n’avais pas de matricule. Mais les tenues que nous portions, ce sont nos chefs qui nous les ont données. Aujourd’hui, ils nous demandent de rester à la maison ; pourtant depuis 2008, nous intervenons sur les lieux », a expliqué Alseny Diallo.

Pour Mohamed Camara, c’est en accompagnant son ami Alseny Diallo pour récupérer son sac qu’il a été interpellé. « Moi, j’ai travaillé là-bas pendant 5 mois. Mais comme ils nous ont dit de ne plus aller là-bas, on a arrêté. C’est quand j’ai accompagné Alseny Diallo pour récupérer son sac qu’ils nous ont arrêtés », a-t-il dit.

Au terme de ces différentes dépositions, le procureur va demander au tribunal de les retenir dans les liens de la prévention en les condamnant chacun à 6 mois d’emprisonnement et au paiement de 2 millions de francs guinéens d’amende.  Pour le procureur, si cette peine est appliquée, « cela va permettre de préserver notre symbole qu’est la police nationale ».

Finalement, le tribunal a déclaré les quatre prévenus coupables des faits mis à leur charge. Ils ont été condamnés chacun à 6 mois avec sursis et au paiement d’une amende d’un million de francs guinéens.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel :620 589 527/664 413

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