Koumbia (Gaoual) : « cette année, j’ai perdu plus de 50 bœufs », déplore Idrissa Diallo

Renommée pour son statut de principal cheptel du pays, la préfecture de Gaoual est confrontée à d’importants problèmes en matière d’alimentation, d’accès à l’eau pour le bétail, de qualité des produits vétérinaires, de tracasseries administratives et de vol de bétail. Parmi les régions les plus durement touchées par ces fléaux, se distingue la sous-préfecture de Koumbia, le berceau de la race Ndama. Idrissa Diallo et son aîné Alimou, qui s’efforcent de préserver la tradition familiale d’éleveurs, se retrouvent aujourd’hui dans une situation désespérée, cherchant l’aide de l’État pour faire face à ces défis.

Rencontré dans son parc d’éleveur à Para Laaré samedi dernier, 19 août 2023, par un journaliste de Guineematin.com, Idrissa Diallo décrit les difficultés quotidiennes auxquelles son cheptel est confronté.

Idrissa Diallo, membre de la Coordination des éleveurs de Koumbia

« Chaque année, depuis 2015, nous enregistrons d’importantes pertes au sein de notre troupeau. Autrefois, nous pouvions compter entre 40 et 50 veaux chaque année, et malgré les pertes et les charges, il nous restait généralement entre 30 et 35 têtes pour renforcer notre troupeau. Cependant, depuis près de dix ans, nous faisons face à un déclin constant. Rien qu’en raison des maladies, nous avons perdu plus de 50 têtes cette année. Même nos chèvres et moutons ne sont pas épargnés. Autrefois, nous en avions des centaines de chaque espèce, mais aujourd’hui, leur nombre se compte sur les doigts. Si l’on ajoute à cela les charges et les vols, les pertes sont considérables. Pourtant, nous nous efforçons de maintenir la santé de notre troupeau en suivant scrupuleusement les conseils des vétérinaires. Nous investissons dans des produits vétérinaires de qualité et les administrons tous les six mois. Étrangement, ce sont les bœufs vaccinés qui semblent les plus touchés. C’est une situation très préoccupante », a exprimé cet éleveur, membre de la Coordination des éleveurs de Koumbia.

Par crainte de perdre des deux côtés, Idrissa se tourne de plus en plus vers d’autres activités telles que l’agriculture et le petit commerce.

« Autrefois, dans notre famille, notre expertise se limitait à la connaissance religieuse et à la gestion du bétail. Cependant, avec cette situation qui commence à nous inquiéter, nous sommes contraints de chercher d’autres solutions. Depuis quelques années, je cultive notre nourriture et je m’engage dans le petit commerce pour compenser les pertes subies par le troupeau. Ce n’est pas facile, mais nous espérons que l’État ne laissera pas tomber le secteur de l’élevage, en particulier ici à Koumbia, où la race Ndama a ses racines », a-t-il déclaré.

Alimou Diallo, âgé de près de 60 ans, qui est considéré comme un bouvier inflexible, partage la même préoccupation.

Alimou Diallo, bouvier

« Je suis né dans ce métier d’éleveur, et j’y resterai toute ma vie. J’approche bientôt des 60 ans. Tout ce que je connais, c’est la garde du bétail. Nous sommes arrivés ici à Para Laaré il y a au moins cinquante ans. Tout allait bien autrefois. Le bétail se nourrissait bien, l’herbe et l’eau étaient abondantes. La reproduction était florissante, avec jusqu’à 50 naissances par an, voire plus. Il y avait du lait en abondance et du beurre de vache en quantité. Cependant, depuis dix ans, les choses ont sérieusement changé. À l’heure actuelle, nous ne pouvons même pas obtenir le tiers de la production laitière que nous avions autrefois à la même période. Autrefois, nos calebasses étaient remplies de lait frais chaque jour. Aujourd’hui, il faut attendre deux à trois jours pour remplir une calebasse. Nous sommes vraiment inquiets », a souligné Alimou Diallo.

Avec l’âge et l’expérience, cet éleveur de naissance pense avoir identifié l’origine de ces problèmes.

« Autrefois, la brousse était pratiquement libre. À part quelques cultivateurs qui venaient cultiver leurs champs, il n’y avait pas grand-chose. Cependant, maintenant, il y a des plantations d’anacardiers partout. Pourtant, cette zone est désignée comme une zone protégée pour l’élevage, comme le confirment les documents officiels. Le problème le plus grave réside non seulement dans ces plantations d’anacardiers, mais aussi dans l’utilisation intensive de produits phytosanitaires, tels que les herbicides et les pesticides. Depuis l’introduction de ces produits, c’est une catastrophe chez nous », a-t-il déploré.

Pour résoudre ces problèmes, ces éleveurs lancent un appel urgent à l’État pour améliorer leur situation et sauver ce secteur gravement menacé.

« Nous avons besoin de points d’eau pour abreuver nos animaux pendant la saison sèche. Certains de nos bovins meurent de soif lorsque la saison sèche atteint son apogée. Les températures atteignent des niveaux intolérables, et sans eau, il est impossible de survivre. Plus de 50 troupeaux se trouvent dans la zone de Para Laaré, mais nous n’avons pas accès à un seul puits pour abreuver nos animaux. Le seul point d’eau disponible est une rivière qui subit une pression constante. Nous avons également besoin de médicaments efficaces pour soigner notre bétail, ainsi que d’une meilleure sécurité pour réduire les tracasseries administratives et les vols de bétail », a conclu Idrissa Diallo, membre de la Coordination des éleveurs de Koumbia.

Cette voix s’ajoute à d’autres pour rappeler au département de l’Agriculture et de l’Élevage l’importance d’accorder une attention particulière à la situation de ces éleveurs en difficulté.

De retour de Koubia (Gaoual), Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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