Guinée : le CNT adopte le Document de programmation budgétaire 2024/2026

Présenté en séance plénière le 16 août dernier, le Document de programmation pluriannuel 2024/2026 a été adopté par le Conseil national de la transition, réuni en séance plénière ce lundi 28 août 2028, sous l’égide de son Président, Dr Dansa Kourouma, a constaté l’équipe de Guineematin.com déployée sur place.

Introduite par le président de la Commission du Plan, des affaires financières et budgétaires, les deux rapporteurs du jour, les Honorables Fatim Camara et Badra Koné ont parcouru devant les nombreux invités le Rapport  établi par leur Commission suivi de débats et sanctionné par un vote approbatif.

Selon ce document de 32 pages, malgré le contexte économique international marqué par la guerre en Ukraine, les perspectives budgétaires ont été projetées sur de bonnes perspectives.

Honorable Fatima Camara, rapporteure générale du CNT

« En dépit du conflit russo-ukrainien et la résurgence de la pandémie de Covid-19 en Chine qui ont fortement pesé sur l’activité économique mondiale en 2022, les perspectives macroéconomiques de la Guinée ont été tirées vers le haut par : la prise de mesures pour la stabilisation du cadre macroéconomique afin de renforcer la résilience du pays ; la mise en œuvre du Programme de Référence Intérimaire (PRI) 2022-2025 ; la mise en œuvre du Plan de Relance Economique (PRE) 2022-2024 ; l’amélioration du climat des affaires ; et les réformes engagées dans le secteur minier », indique le Rapport.

En conséquence, les agrégats macroéconomiques dans les trois prochaines années sont présentés nettement à la hausse.

« Les principales hypothèses retenues dans le cadrage budgétaire de la période soumis à notre appréciation se résument comme suit : réaliser un taux de croissance du PIB de 5,8% en 2024 ; 6,2% en 2025 et 7,4% en 2026; ramener le taux d’inflation (en moyenne annuelle) à 5,9% en 2024 ; 7,1% en 2025 et 6,0% en 2026 ; atteindre un taux de pression fiscale de 12,2% en 2024, 12,5% en 2025 et 13% en 2026 ; stabiliser le taux de change à 8 805,7 GNF pour 1 Dollar en 2024 ; 8 881,8 en 2025 et 8 899,9 en 2026 », souligne le Rapport.

Dans le document de programmation budgétaire pluriannuel 2024/2026, l’Etat s’est engagé à améliorer substantiellement la mobilisation de ses recettes internes.

« Sur la base de ces hypothèses macroéconomiques, les projections budgétaires en recettes et en dépenses de la période se présentent ainsi qu’il suit :

VOLET RECETTES : Elles sont projetées à 108 131,81 Mds de GNF sur la période 2024-2026 et augmenteraient en moyenne de 11,75%. Ces recettes sont constituées de recettes fiscales pour 98 651,81 Mds, de dons, legs et fonds de concours pour 3 616,56 Mds et des autres recettes pour 5 863,44 Mds.

Les recettes à mobiliser en 2024 devraient croître de 13,82% par rapport au PLFR 2023 (déjà annoncée au CNT).

Pour les années 2025 et 2026, les taux de progression seraient respectivement de 9,52% et de 14,93% », lit-on.

D’importantes mesures incitatives de sécurisation et de modernisation des outils de mobilisation des recettes fiscales sont annoncées.

Pour les dépenses, le Rapport prévoit également une croissance progressive de l’enveloppe.

« Les dépenses sont évaluées à 132 604,59 Mds de GNF sur la période, soit une évolution moyenne de 10,56%. Elles se décomposent en budget général pour 128 502,94 Mds (96,91%) et en Budget d’Affectation Spéciale (BAS) pour 4 101,65 Mds (3,09%). Les dépenses du budget général sont reparties en dépenses courantes pour une enveloppe de 73 618,20 Mds (57,29%) et en dépenses d’investissement pour un montant de 54 884,74 Mds (42,71%) ».

Dans les détails, ces dépenses sont étalées ainsi qu’il suit :

« Dépenses courantes : Elles sont évaluées à 73 618,20 Mds de GNF dont 22 422,46 Mds en 2024, 24 287,31 Mds en 2025 et 26 908,44 Mds en 2026, soit un taux d’accroissement moyen annuel de 9,55%, pour une augmentation de 7,94% en 2024 par rapport au Projet de Loi de Finances Rectificative 2023.

Elles sont constituées de charges financières de la dette pour 3 735,55 Mds (5,07%), de dépenses de personnel pour 23 627,68 Mds (32,09%), de dépenses de biens et services pour 23 131,73 Mds (31,42%) et de dépenses de transfert pour 23 123,24 Mds (31,41%).

Dépenses d’investissement :

Les dépenses d’investissement hors BAS projetées pour la période 2024- 2026 se chiffrent à 54 884,74 Mds dont 27 684,74 Mds (50,44%) de ressources propres et 27 200,00 Mds (49,56%) en financement extérieur. Elles représentent 42,71% du Budget Général et sont évaluées à 16 083,77 Mds en 2024, 17 933,21 Mds en 2025 et 20 867,76 Mds en 2026, soit un taux de progression moyen de 12,43%. Ce niveau d’accroissement s’explique par la poursuite de la mise en œuvre du PRI pour répondre aux besoins infrastructurels et augmenter la croissance potentielle de notre économie. Il importe de souligner que la projection des dépenses d’investissements hors BAS de l’année 2024 augmenterait de 8,68% par rapport au PLFR 2023 », selon le document.

De façon responsable les membres du CNT ont énuméré les différents risques tant à l’interne qu’à l’externe et qui pourraient compromettre ces projections.

« La mise en œuvre de ce Document d’Orientation Budgétaire pourrait être confrontée à un certain nombre de risques susceptibles de compromettre l’atteinte de ses objectifs. Ces risques sont d’ordre économique, politique et social aussi bien au niveau national qu’international », ont-il fait savoir.

A l’ordre des risques au niveau international, ils ont cité entre autres la recrudescence de la pandémie de COVID-19 ; l’incertitude autour de la fin du conflit russo-ukrainien; les tensions entre la Chine et les Etats-Unis qui pourraient affecter les exportations des produits miniers de la Guinée ; l’envolée des cours des produits pétroliers ; la baisse des cours des produits miniers ; le resserrement monétaire par les pays partenaires qui pourrait diminuer les flux de capitaux étrangers vers la Guinée, l’insécurité dans la sous-région et les conséquences économiques d’éventuelles sanctions des organisations sous régionales et internationales.

Au niveau national, les Honorables Conseillers font allusion aux crises sociopolitiques ; à l’insécurité alimentaire consécutive à l’augmentation des prix de l’engrais et d’autres produits phytosanitaires ; à l’accroissement du taux d’inflation; à la conduite peu prudente de l’endettement public au regard de son évolution ; aux catastrophes naturelles (inondations, séismes, feux de brousse…) ; aux  dépenses extrabudgétaires ; la sous-estimation des besoins de financement…

Selon le Document de programmation budgétaire pluriannuelle 2024/2026, un total de 127 projets sont prévus.

« Dans la projection des projets à caractère économique évalués à 27 206 193,73 Mds GNF pour un total de 129 projets, on dénombre 69 projets d’infrastructures routières pour un montant total de 14 918 141, 73 Mds GNF soit 54,83 % et 32,02 % des 46 596 145,08 Mds GNF du montant total des investissements (titre 5 du budget national). Les Autres infrastructures économiques (AE) au nombre de 60 projets pour un montant total de 12 288 052,00 Mds soit 45,17 % et 26.37% des 46 596 145,08 Mds GNF du montant total des investissements (titre 5 du budget national) ».

Avant d’approuver le Rapport et après avoir obtenu du ministre du Budget, Dr Lancinet Condé, de réponses rassurantes à leurs inquiétudes, les honorables Conseillers ont formulé d’importantes propositions et de recommandations pour non seulement mieux mobiliser les recettes mais également qualifier et rationaliser les dépenses de l’Etat.

Pendant l’examen du document les différents acteurs de la vie socioéconomique du pays ont été impliqués et leurs avis pris en compte.

A cette plénière, on notait outre la présence massive des membres du CNRD, des Présidents des institutions républicaines, de nombreux ministres, de hauts cadres de l’Etat, des diplomates, des représentants des institutions internationales en poste à Conakry, la Gouverneur de la ville de Conakry, les maires de la capitale, les représentants des partis politiques, de la société civile, des centrales syndicales, les religieux et le public.

Abdallah BALDE et Yahya Pétel Diallo pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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