Pharmacies par terre à N’Zérékoré : « les médicaments périmés entraînent des insuffisances rénales… »

Malgré l’interdiction de la vente des médicaments par des non-professionnels, les pharmacies par terre sont encore visibles tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays. Le laxisme dans le contrôle et la répression de la pratique fait que la pratique se poursuit malgré les risques encourus en termes de santé publique. Interrogé sur cette situation dans la journée d’hier, lundi 28 septembre 2023, Mamady Djoma Condé, Directeur du dépôt régional de la Pharmacie Centrale de Guinée (PCG) à N’Zérékoré, a déploré cette situation. Au micro de l’équipe de Guineematin.com basée dans la préfecture, il a rappelé les conséquences de la manipulation des médicaments par des profanes.

Malgré la décision du gouvernement guinéen, prise le 15 Septembre 2022 et interdisant les pharmacies par terre dans tout le pays, la pratique se poursuit à N’zérékoré. Les citoyens continuent de s’approvisionner en produits pharmaceutiques sur le marché parallèle.

Dr Mamadi Djoma CONDÉ, directeur du dépôt régional de la Pharmacie centrale de Guinée (PCG) à N’Zérékoré

Dr Mamadi Djoma CONDÉ, directeur du dépôt régional de la Pharmacie centrale de Guinée (PCG) à N’Zérékoré déplore cet état de fait et rappelle les efforts fournis par les autorités. « C’est un phénomène qui est déplorable parce que dès la fermeture du marché illicite des médicaments, la PCG a pris toutes les dispositions nécessaires pour approvisionner la population guinéenne en médicaments beaucoup plus abordables et de bonne qualité. Donc, depuis la fermeture, c’est ce qui continue. Aujourd’hui, je peux vous dire que les médicaments sont disponibles dans toutes les structures privées et publiques au niveau de la région de N’Zérékoré. Pour le cas des structures publiques, vous savez, nous avons 6 hôpitaux, dont 1 hôpital régional. Nous avons 79 centres de santé, 5 centres de santé confessionnels, 300 postes de santé. Toutes ces structures que je viens de citer sont approvisionnées par la PCG. Pour ne pas que ces structures se déplacent pour venir vers nous, nous nous déplaçons à chaque trimestre pour aller vers elles et déposer leurs commandes. Depuis la fermeture du marché illicite, il n’y a pas eu de rupture de médicaments au niveau des structures. C’est ce qui est très important, parce que partout où vous partez aujourd’hui, vous trouvez des médicaments de la PCG à un coût abordable et de très bonne qualité. Donc, je peux vous rassurer que le ravitaillement des structures agréées en médicaments sera bien fait par la PCG. Il faut que la population comprenne que si auparavant les gens achetaient des faux médicaments et ça leur créait beaucoup de troubles, cette fois-ci, ça ne sera plus la même chose. Nous remercions le gouvernement parce que depuis la fermeture du marché illicite, nous avons toujours un grand stock, et nous approvisionnons toutes les structures en norme. Nous avons 4 grands magasins au niveau de la région de N’Zérékoré. Donc, c’est ce que je peux dire aux gens qui vivent dans la clandestinité », a laissé entendre Mamadi Djoma Condé.

Poursuivant, le directeur du dépôt régional de la PCG à N’Zérékoré a expliqué les conséquences liées à l’achat de faux médicaments. « Vous savez que l’utilisation de ces marchés illicites a des conséquences très graves. Parce que ça ne les protège pas. Au lieu d’aller se traiter, ils partent se créer des problèmes. Par exemple, quand nous prenons un groupe d’antibiotiques qu’on appelle les cycliques, c’est le groupe des tétracyclines, ces médicaments périmés entraînent des insuffisances rénales. Nous savons tous que les médicaments qui sont vendus en cachette sont des médicaments dont les dates sont expirées. Si quelqu’un arrive à tomber sur ces médicaments-là, il va se retrouver dans un tableau d’insuffisance rénale. C’est une lourde maladie qui ne se traite pas. Dès qu’on a une insuffisance rénale dans notre pays, cela constitue une condamnation, et en plus de ça, les implantations rénales ne se passent pas en Guinée. Franchement, c’est un problème très grave lié aux faux médicaments dont les dates d’expiration sont changées. Alors que les 80% de ces cas-là sont entraînés par des faux médicaments. Ça crée de la résistance. Les faux médicaments sont des médicaments qui n’ont même pas de principe actif. Dans les marchés illicites, si tu veux aller te traiter, tu vas perdre ton temps, et ça ne va pas les traiter. Le moment pour toi de venir dans les structures agréées, ça trouvera que la situation est grave. C’est pourquoi nous avons l’habitude de dire que les médicaments tuent plus que les maladies. Cela est dû à ces faits. Nous invitons toute la population à fréquenter les structures publiques et privées pour le bien de leur corps et afin éviter ce type d’erreurs… ».

Parlant des dispositions prises pour le ravitaillement en médicament des structures sanitaires, le Directeur de PCG rassure : « je crois que la mesure qu’on a prise est une excellente mesure parce que la PCG a dit qu’elle est prête à accompagner le gouvernement. Nous avons pris des mesures pour ravitailler les structures à temps, qu’ils aient l’argent ou pas. Mais quand elles nous envoient des besoins, nous les envoyons partout où elles sont. C’est ce qu’on appelle le dépôt vente. Donc, on ne refuse jamais celui qui n’a pas d’argent pour accéder à des médicaments. Qu’ils soient publics ou privés, quand vous venez, nous pouvons vous donner une date de paiement. Avec le respect de votre consommation, vous pouvez accéder, et après l’utilisation, vous payez l’argent de la PCG. Après avoir payé, on peut vous livrer d’autres quantités encore. C’est comme ça que nous faisons pour atteindre les postes de santé. Et vous pouvez partir au niveau de ces structures-là, c’est très ordonné dans la région forestière », a-t-il souligné.

Pour terminer, le Directeur du dépôt de la PCG à N’Zérékoré s’est prononcé sur le cas des quartiers qui n’ont pas de centres de santé avant d’inviter la population à éviter les faux médicaments. « Par rapport aux quartiers qui ne sont pas pourvus pas de centres de santé, nous avons pris des dispositions par rapport à cela. Actuellement, nous avons des pharmacies privées partout, au niveau de toutes les localités. Maintenant, nous sommes en train de voir au niveau des quartiers et des structures. L’inspectrice des laboratoires de médicaments est en train de faire cette proposition en vue de la création des points de vente qui seront gérés par des pharmaciens. Au niveau des villages, tous les villages ont des centres de santé, tout le monde s’approvisionne à partir de ces centres de santé pour avoir des médicaments de bonne qualité. Il faut qu’on les sensibilise, qu’il n’y ait pas de difficultés liées à cela. Ils peuvent avoir des médicaments à n’importe quels lieux et à n’importe quel moment. Si quelqu’un a un problème de compréhension, il peut rapidement se rendre dans ces lieux. Alors, je remercie vraiment le gouvernement qui a pris les devants pour garantir la santé de tout le monde… Je vais inviter les services de sécurité à appliquer la décision du gouvernement pour ne pas que les faux médicaments entrent pour intoxiquer la population. J’invite tout le monde à s’inscrire dans la même logique », a lancé Mamadi Djoma Condé.

Depuis N’zérékoré, Foromo Gbouo LAMAH, Joseph GOUMOU et Jean David LOUA pour Guineematin.com

Tel : 00224 620 166 816/666 890 877

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