Kindia : « ce débrayage des magistrats a eu un impact sur nos activités… »

Comme on le sait déjà, l’appareil judiciaire guinéen est paralysé depuis quelques semaines par un débrayage des magistrats, en froid avec le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Alphonse Charles Wright. Une situation qui a un impact négatif sur les auxiliaires de justice, notamment les huissiers de justice. Maître Thierno Araf Diallo, huissier de justice près les juridictions du ressort de la cour d’appel de Conakry avec résidence à Kindia, reconnaît cet impact sur ses activités.  Il l’a dit dans un entretien accordé à un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Guineematin.com : quel est le rôle d’un huissier de justice et depuis quand êtes-vous dans cette profession ?

Me Thierno Araf Diallo, huissier de justice à Kindia

Maître Thierno Araf Diallo : un huissier de justice, c’est un officier public et ministériel chargé d’exécuter des décisions de justice. Je suis devenu un huissier de charge exerçant à Kindia depuis 2019. Mais j’ai commencé à faire le stage en 2015 à Kindia ici.

Guineematin.com : on parle de débrayage des magistrats à travers le pays. Est-ce que cela a paralysé vos activités ici à Kindia ?

Maître Thierno Araf Diallo : je peux dire que ce débrayage des magistrats a eu un impact sur nos activités. Parce qu’il y a certains citoyens qui disent que c’est la grève des magistrats. Ils ne comprennent pas. Les citoyens ne sont pas bien informés et les clients ne viennent pas nous voir, estimant que nous sommes tous en grève. C’est ce que les gens pensent alors que c’est le débrayage. Nous avons des requêtes que nous introduisons devant le tribunal, mais ça va attendre pour les signatures. C’est ce que nous sentons actuellement. Sinon nous venons tous les jours à nos bureaux, nous faisons nos constats, nous préparons les actes pour programmer les dossiers après la rentrée des vacances judiciaires pour les prochaines audiences. Si nous sommes saisis d’une affaire, nous faisons le constat et des requêtes que nous introduisons au greffe devant le tribunal. Et nous attendons les signatures après la compréhension entre les deux parties.

Guineematin.com : quels sont vos rapports avec les forces de l’ordre dans l’exécution des décisions de justice ?

Maître Thierno Araf Diallo : l’huissier, c’est l’officier chargé d’introduire l’instance. Quand nous préparons les actes, nous les envoyons devant le tribunal. Et si là-bas ça ne marche pas, cela va jouer sur nous. Maintenant, le rapport c’est quoi ? Si nous avons une requête d’arrêt de travaux, par exemple deux citoyens qui se disputent autour d’un terrain, nous sommes saisis par une partie. Nous introduisons une requête à la demande de la partie qui nous a saisie, à la demande le président du tribunal qui va rendre une décision pour ordonner l’arrêt immédiat des travaux. Actuellement, si nous sommes saisis, nous nous préparons, nous envoyons auprès du tribunal, au greffe, qui doit remonter au président qui va examiner et qui va donner une suite. Lorsqu’il y a des recouvrements de créances, c’est à dire un citoyen qui réclame une dette, qui vient nous voir, nous sommes chargés d’exécuter, de recouvrir la créance à l’amiable… C’est l’huissier qui introduit l’action ; devant le tribunal, après le jugement, la décision nous revient et nous mettons à exécution les décisions. Nous faisons les constats concernant les employés qui ont abandonné leur service, la destruction d’édifices privés. Nous dressons des procès-verbaux.

Guineematin.com :  votre service est frappé de plein fouet suite au débrayage des magistrats qui prend de l’ampleur à Kindia. Quel est votre message à l’endroit de deux camps ?

Maître Thierno Araf Diallo : mon appel à l’endroit des parties, c’est la compréhension parce que nous parlons la même langue. On sait que c’est une situation passagère. Je fonde l’espoir que les parties vont se comprendre.

Guineematin.com : quel est le mot de la fin ?

Maître Thierno Araf Diallo : je demande aux citoyens de venir. Nous sommes là pour eux, nous allons les entendre par rapport à leurs problèmes. Ce n’est pas parce qu’ils entendent débrayage qu’ils ne peuvent pas venir nous rencontrer. Lorsqu’il y a une situation, le pays ne peut pas marcher sans qu’il y ait des lois. Cela ne veut pas dire que les citoyens ont des problèmes, ils ne peuvent pas être là pour nous voir. Nous sommes là tous les jours, sauf le samedi et le dimanche.

Entretien réalisé et décrypté par Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél : 00224 628 516 796

Facebook Comments Box