Manéah (Coyah) : immersion dans le quotidien difficile des femmes concasseuses de pierres

Depuis plus de 10 ans, des groupes de femmes se livrent au concassage de pierres, transformées en granites, pour assurer le quotidien de leurs familles. Très nombreuses, en compagnie de leurs enfants parfois, ces dames, d’origines diverses, s’arment de courage et d’abnégation pour donner un sens à leur vie malgré les conditions de travail qu’elles traversent. Interrogées par un reporter de Guineematin.com, elles ont décrit leurs difficultés quotidiennes avant d’interpeller le Colonel Mamadi Doumbouya.

Au lever du soleil, ces femmes concasseuses de cailloux, par groupes ou familles, dès les premières heures de la matinée, investissent les carrières de granite du secteur Hèrèmakono, relevant du district de Koba, dans la sous-préfecture de Manéah. Elles commencent le travail à 7 heures pour terminer à 18 h voire à 19 heures.

Assises à même le sol, sous le soleil, sous des hangars de fortune ou sous des arbres, les foulards noués autour de la tête, portant des pantalons sous des robes longues ou des chemises, les pieds nus pour certaines, ces femmes concassent les pierres pour tirer leur épingle du jeu dans une conjoncture très compliqué.

M’ma Soumah, concasseuse à Manéah

« Tous les matins, nous prenons le chemin de la carrière située à 2 kilomètres du goudron (la route nationale). Une fois ici, sur le site, mes enfants et moi, on se met à rechercher les pierres à concasser ou à acheter. Avec courage, on casse d’abord les grands blocs de pierres en de gros morceaux avant de les concasser en de plus petits morceaux à l’aide de marteaux. C’est avec tous ces travaux durs que les pierres nous servent de granite, destinés aux matériaux de construction. C’est franchement dur et difficile, mais ce boulot est notre quotidien, c’est ce que nous faisons pour subvenir à nos besoins et à ceux de nos enfants. Une manière de chasser la pauvreté, mais je vous avoue que ça nous prend tout le temps et c’est un calvaire pour nous, car c’est un travail qui demande assez d’efforts », a expliqué M’ma Soumah.

Les femmes qui font ce travail éreintant, dont l’âge varie entre 20 et 50 ans, voire plus, accusent la pauvreté et le chômage des pères de famille. Elles invitent le Colonel Mamadi Doumbouya à les aider à sortir de la misère. « Ça, ce n’est pas le travail d’une femme. La femme doit être à la maison, s’occuper des enfants ou vendre des marchandises. Mais si vous voyez que nous sommes là à casser des cailloux, c’est dû à la pauvreté. Nos maris ne travaillent pas aussi. Il y a même des femmes veuves ici parmi nous, qui luttent contre la pauvreté. Mais avec ce type de travail, cela est impossible. J’ai fait 10 ans ici, mais je ne vis qu’au jour le jour ! Et quand je rentre chez moi, je ne peux presque rien faire avec tout le corps qui me fait mal. Si le Colonel Mamadi Doumbouya doit aider les femmes, c’est nous. Mais jamais les gens qui connaissent notre existence ici mais qui ne pensent à nous. Donc, le Colonel Doumbouya doit marcher lui-même pour faire une telle découverte à Manéah. Il ne doit pas être au palais seulement pour lutter contre la pauvreté », lance Diaraye Sow.

Malgré le courage de ces femmes battantes, elles ont parfois du mal à écouler leurs produits. « On a des difficultés. Quand on prend les 2 qualités, 8/16 ou béton, ça peut faire un à deux mois sans qu’on ait un client. Pourtant, on achète les rochers, on les brûle, et si c’est assez dur, on donne de l’argent aux jeunes pour casser de temps en temps. Tout ça nous prend de l’énergie. Mais si ça marche rapidement, on ne peut pas ressentir tellement de fatigue. Surtout que nous avons des enfants à nourrir et nos maris ne travaillent pas. Nous rencontrons un véritable problème d’écoulement de nos cailloux. Des tas de cailloux peuvent faire des fois plus de 4 mois ici sans acheteurs. Les quelques clients qui viennent n’achètent pas à bon prix aussi. Il y a tout ça qui nous fatigue. Alors, dites au Colonel Doumbouya, s’il fait des dons pour nous, qu’il vienne le faire, en personne. Parce que s’il donne aux gens, ils donnent à leur tour à leurs connaissances », a dit une autre femme sous anonymat.

Toutes ces braves femmes, approchées par notre reporter, n’ont qu’un seul refrain, la recherche du pain quotidien pour pouvoir nourrir la famille et assurer l’école de leurs progénitures.

Depuis Kindia, Mohamed M’bemba Condé de retour de Coyah pour Guineematin.com

Tel : 628 51 69 51

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