Calvaire des femmes de Mandiana : l’or ne brille plus pour les orpailleuses !

Les femmes sont au cœur de l’exploitation minière artisanale dans les communautés de la Haute Guinée. Cependant, elles sont marginalisées et ne profitent pas pleinement de la rentabilité croissante de ce secteur au cours de la dernière décennie. Les femmes sont aussi  exposées à de multiples formes d’insécurité. Elles travaillent dans des conditions difficiles et la plupart des faibles revenus engrangés sont utilisés pour supporter les charges familiales, rapporte un correspondant de Guineematin.com dans la région.

L’exploitation minière à petite échelle ou artisanale est communément considérée comme une industrie à prédominance masculine dans les zones minières de la préfecture de Mandiana. En dépit des conditions de travail précaires, l’or ne brille plus pour ces femmes. Car, elles ne bénéficient que de maigres revenus.

Au milieu d’un bassin boueux, Mariame Kéita regarde attentivement le contenu d’une petite calebasse dans l’espoir de faire fortune. Mais, cet espoir s’est évanoui.

Mariame Keita, orpailleuse

« Nous souffrons énormément. Depuis le matin, je n’ai rien gagné.  Avant, ce travail nous rapportait beaucoup d’argent ; mais, actuellement, nous travaillons à perte.  L’or se fait rare. Mais, nous ne pouvons aucunement abandonner, car c’est le seul travail qui nous permet d’avoir un peu de sou. Nos maris ne prennent pas soin de nous. Donc, si nous restons assises sans rien faire, nous ne pourrions plus prendre soins de la famille, surtout nos enfants qui sont à nos charges », a-t-elle expliqué.

Ces orpailleuses, au-delà de travailler à perte, sont exposées à plusieurs dangers. Trempée dans une eau boueuse pendant des heures, ces femmes, en majorité, malaxent la terre molle sans protection. Une pratique qui  crée parfois des problèmes de santé.

Oumou Diakité, orpailleuse

« À force de venir travailler à la mine, j’étais en contact avec ces eaux souillées. Et, cela m’a causé des problèmes de santé. J’ai eu des démangeaisons partout au bas ventre, ces petites blessures se multipliaient et s’aggravaient chaque jour.  Le médecin m’a demandé de quitter la mine ; car, il a retrouvé l’effet de ces eaux souillées dans ma vulve. Mais, je ne pouvais abandonner, parce que c’est ici que je me débrouille pour nourrir ma famille », a fait savoir Oumou Diakité.

Kadia Diallo, orpailleuse

Même si le métal jaune se fait rare sur ce site, Kadia Diallo espère rester assez longtemps et économiser suffisamment d’argent pour lancer son entreprise. « Je travaille ici depuis plusieurs mois, bien que je ne gagne presque rien, je compte continuer à travailler pour avoir un peu d’argent pour créer mon entreprise personnelle », a-t-elle rassuré.

Alamako Konaté, orpailleuse

Dans cette aventure incertaine, l’argent engrangé après la vente de quelques pépites permet à ces femmes de s’occuper des charges familiales. « Malgré toutes ces souffrances que nous traversons, le peu d’argent que nous gagnons, nous l’utilisons pour nourrir et scolariser nos enfants. Les hommes n’arrivent plus à supporter la famille », a fait savoir Alamako Konaté.

Malgré le calvaire de ces orpailleuses, le métal jaune a détrôné l’agriculture dans les localités minières de la Haute-Guinée. Il fascine et attire les adeptes de l’enrichissement fulgurant. Mais les conséquences écologiques sont alarmantes.

De Kankan, Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com

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