Conakry : ce que disent des citoyens sur la victoire du NON au Référendum du 28 septembre 1958

Alpha Ousmane Barry, chauffeur

Le 28 septembre 1958, la Guinée a voté NON au référendum pour la communauté Franco-africaine. Une date historique pour notre pays, marquée par l’accès direct à l’indépendance. Dans les rues de Conakry, si les citoyens saluent cette position qui a permis à notre pays d’accéder à la souveraineté, certains regrettent la gestion qui en a découlé. Surtout que notre pays peine encore à sortir de la pauvreté malgré ses potentialités. Ils l’ont dit à un reporter de Guineematin.com dans la journée d’hier, mercredi 27 septembre 2023.

Après avoir voté Non au référendum Gaulliste du 28 septembre 1958, la Guinée est devenue le premier pays de l’Afrique subsaharienne à devenir libre de la France. Une accession à l’indépendance saluée par certains compatriotes.

Sékou Kaniadja Keïta, citoyen guinéen

Sékou Kaniadja Keïta, citoyen guinéen, est ravi de la décision prise à l’époque par nos devanciers. « Aujourd’hui, je suis très content. Si je vois aujourd’hui le Mali, la Côte d’Ivoire avec les choses qui se passent là-bas, par rapport à notre pays, la Guinée de Sékou Touré, on est vraiment honoré. Ce que Sékou Touré a fait, il était en avance, il a vu ça. Et on est sur ça aujourd’hui. Vraiment, on est content d’être guinéens. Donc en Guinée, on doit se donner la main, oublier ce qui s’est passé et regarder l’avenir. On va comprendre que la Guinée, c’est la famille. Le guinéen doit être exemplaire », a-t-il déclaré.

Adoulaye Morciré Camara, alias Roga

Même son de cloche chez Camara Abdoulaye Morciré, alias Roga, qui estime que malgré le rejet effectué par la Guinée, les Français continuent toujours de coloniser le pays autrement. « Mon point de vue à cette date du 28 septembre, je suis très ravi parce qu’on a chassé les colons. Mais jusqu’à présent, si les africains comprennent comme moi, les blancs sont en train de nous coloniser ; mais pas par la force maintenant, mais intellectuellement. Surtout les Français. Tous les problèmes qui sont au monde entier à l’heure-là, particulièrement en Afrique surtout en Afrique de l’Ouest, ce sont les Français qui sont en train de nous fatiguer. Ils nous ont mélangés n’importe comment, des coups d’État qui se font… C’est grâce à eux. Dans un pays, s’ils n’ont pas d’intérêts, ils ne se mêlent pas, mais s’ils ont un intérêt dans un pays, ils font du n’importe quoi pour qu’ils gagnent. Personnellement, je ne veux pas voir les français chez nous. Sans les français, la Guinée peut vivre comme nous voulons, mais si les français sont là, on ne peut pas. Chaque fois, il y aura des problèmes, des coups d’État ».

Si certains soutiennent la décision de l’ancien président guinéen, Ahmed Sékou Touré, pour le NON, d’autres par contre l’apprécient moyennement. Alpha Ousmane Barry, chauffeur de profession, est de ceux-là.

Alpha Ousmane Barry, chauffeur

« Le choix du Non au référendum est appréciable, mais ça n’a pas fait de fruits parce que la population guinéenne continue à tirer le diable par la queue. Tous les gouvernements qui sont passés ne se sont jamais souciés du bien-être de la population guinéenne. Ils se soucient plutôt de comment conserver leur pouvoir. Donc, je veux dire que le Non était bon parce que c’est l’indépendance. C’est l’accès à la souveraineté. Il n’y a pas plus de fierté que ça ; mais, on ne l’a pas exploité dans le bon sens. Les Guinéens devraient vivre comme les Libyens au moment de Kadhafi, les Guinéens devraient vivre comme les Koweïtiens ».

Ibrahima Diallo, ingénieur

C’est le même point de vue que l’ingénieur informaticien, Ibrahima Diallo, exprime.  Selon lui, la Guinée ne fait que régresser depuis cette date du 28 septembre. « Le référendum 1958, ce à quoi les guinéens s’attendaient, ce n’est pas ce qui s’est produit. A l’époque, il y avait de l’espoir. Mais du jour au lendemain, nous ne faisons que reculer. On s’attendait à des changements positifs sur tous les plans : financiers, économiques… On s’attendait au développement dans le vrai sens du terme. Le conseil que je peux donner à la population guinéenne, c’est de s’unir et de se donner les mains, de travailler ardemment, d’abandonner les rancunes entre guinéens pour un meilleur lendemain », a-t-il laissé entendre.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

Tél : 628 286 119

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