Situation socio-économique de la Guinée : le Forum des Forces Sociales exprime ses inquiétudes et interpelle

Le Forum des forces sociales de Guinée (FFSG) émet des griefs contre le protocole d’accord signés entre les autorités de la transition et les banques privées de la place pour mobiliser 5 000 milliards GNF, destinés à financer des projets d’infrastructures prioritaires. A l’occasion d’une conférence de presse animée hier, samedi 7 octobre 2023, à Conakry, le Forum a soulevé de nombreuses interrogations sur le sujet, craignant un affaiblissement du secteur privé. La conférence avait pour thème « la politique sociale, économique et monétaire du CNRD et ses répercussions sur la stabilité du pays », a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les autorités de la transition ont annoncé récemment avoir signé, à travers la Banque centrale (BCRG), un protocole d’accord avec les banques privées pour mobiliser 5 000 milliards GNF, destinés à financer des projets d’infrastructures prioritaires. Selon l’accord, ces établissements financiers utiliseront une partie de leurs réserves obligataires, converties en Obligations du Trésor (ODT), pour une première tranche de 2 000 milliards GNF sur une période de 4 ans à un taux de 9%. La seconde tranche de 3 000 milliards GNF, s’étalera sur 5 ans avec un taux net de 13%, déduits des impôts et taxes.

Abdoul Sacko, coordinateur national du Forum des Forces Sociales de Guinée (FFSG)

Pour Abdoul Sakho, le coordinateur national du Forum des Forces Sociales de Guinée (FFSG), cette démarche des autorités compromet le secteur privé. « Si le pays était au bout du gouffre, au point de faire face aux infrastructures, à une dimension donnée, on ne devrait pas faire de l’emprunt avec sur ces réserves obligataires. En d’autres termes, faire des emprunts avec les banques ; d’accord, mais ne pas toucher les réserves qui sont là à nous protéger de l’inflation, qui sont là à nous protéger d’une certaine situation. Mais lorsque les banques peuvent accéder aux prêts de l’Etat jusqu’à 13%, cela veut dire que les banques vont tourner le dos au secteur privé. Parce que ce qu’elles peuvent gagner avec le secteur privé, c’est avec des risques. Puisque quand tu prêtes de l’argent à une entreprise, tu ne sais pas si ça va marcher ou bien ça ne va pas marcher. Est-ce qu’il va rembourser au moment de l’échéance ou non ? Il y a des risques. Donc là, les emprunts avec l’Etat à hauteur 13%, c’est un écrasement du secteur privé au profit, dans une dimension donnée, des banques primaires. Il faut que le ministre de l’Economie et des Finances nous explique comment ça se fait. Est-ce que c’est sur les réserves que ces gens réalisent des emprunts ? Et mieux, quand vous regardez cet accord-là, il y a 940 milliards à la SONAPI, et la SONAPI devrait s’occuper de la cité administrative de Koloma. Aujourd’hui, ces 940 milliards vont-ils être alloués à la SONAPI pour la cité administrative de Koloma ou bien pour autre chose ? Un partenariat public-privé avait été signé pour le financement de la construction de la cité administrative de Koloma sans aucune dette sur le dos de l’Etat. Pourquoi aujourd’hui cela n’est pas fait ? C’est parce que le contrat a été négocié, ils n’ont pas eu de pots de vin dedans ? Il y a des zones d’ombres dans cette affaire », estime Abdoul Sacko.

Alpha Amadou Bah, membre du Forum des Forces Sociales de Guinée

Pour sa part, Alpha Amadou Bah, membre du FFSG, déplore la fermeture de l’Agence Nationale du Financement des Collectivités (ANAFIC) « sans alternative viable et fiable », dit-il. « Le Programme d’appui aux communautés villageoises (PACV) est un projet qui a été créé pour une période de 12 ans, réparti en trois tranches de 4 ans. Ce projet est terminé en 2017. C’est ce qui a généré en 2019 l’ANAFIC. Il y avait 362 agents de développement communautaire. Vous vous souviendrez que le régime défunt, dirigé par Alpha Condé, a financé à plus d’un milliard de francs guinéens pour toutes les communes de la République de Guinée et les infrastructures ont été faites et réceptionnées. Vous savez, les agents de développement communautaire avaient des contrats annuels et chaque année, ces contrats se passaient par tacite reconduction. En décembre 2022, les agents ont continué les travaux espérant que leurs contrats seront énumérés. Mais fort malheureusement, ils n’ont pas été informés que le contrat est fini et rien n’en a été dit. Par après, ils ont fait une évaluation. Ils ont évalué tous les agents le même jour au niveau national et jusqu’à date, les résultats ne sont pas encore connus. Ils ne les ont pas publiés. Les agents avaient des motos et des ordinateurs, tout a été rendu. Le ministre a fait recruter d’autres agents qu’ils appellent des agents planificateurs mais aussi ceux qui ont voulu déposer leur candidature l’ont fait, jusqu’à présent, aucun résultat. Où va le développement local ? Alors que le développement, c’est au niveau local. Donc, c’est pour vous dire que ces messieurs, qui sont des jeunes dynamiques, qu’on pensait pouvoir rectifier les mauvaises pratiques en Guinée, sont venus pour faire pire. Sinon comment peuvent-ils fermer l’ANAFIC qui faisait des formations à chaque trois mois en développement local ? Et on vient faire table-rase sur tous les acquis du l’ancien régime, même si c’est bon pour le pays et la nation. Alors, on se demande où on va », s’interroge l’activiste de la société civile, Alpha Amadou Bah.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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