Guinée : voici ce qu’a dit Amadou Damaro Camara à la CRIEF

Amadou Damaro Camara, ancien président de l'Assemblée nationale

Poursuivis par l’Etat guinéen pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption dans le secteur public et privé, prise illégale d’intérêt et complicité, l’ancien président du Parlement guinéen, Amadou Damaro Camara, Michel Kamano et Zeinab Camara (tous questeurs) et l’homme d’affaires taïwanais Jin Sun Cheng, sont ce lundi 09 octobre 2023, devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF).

Dans sa déposition et dans un langage clair, Amadou Damaro Camara a pris la parole pour narrer à la Cour l’histoire des 15 milliards de francs, initialement destinés à l’aménagement du site devant abriter le siège de l’Assemblée nationale.

Guineematin.com revient sur quelques passages de sa déposition devant la Cour.

Amadou Damaro Camara, ancien président de l’Assemblée nationale

« Sur le montant des 15 milliards, je rappelle que l’Assemblée nationale ne reçoit que des subventions de fonctionnement et d’investissement. Elles sont non remboursables et non nomenclaturées. Elles sont laissées à la guise de l’ordonnateur pour le bon fonctionnement du service public.

Pour ces 15 milliards de francs, on a bénéficié d’un don chinois de 40 millions de dollars pour construire un siège de l’Assemblée nationale…

En 2020, le site de l’AN a été relocalisé pour une surface de 36 000 m2 pour un pourtour de 900 m…

J’ai écrit au Président de la République pour la viabilisation du terrain, une ligne spéciale de haute tension, un transfo autonome et de l’eau en abondance pour le travail. EDG a évalué les travaux à 750 millions, la SEG a évalué ses travaux à 350 millions. J’ai tout payé.

C’est en ce moment que j’ai fait recours à la société de M.Kim. Il a dit qu’il a fait la clôture du Palais des nations, l’abri de l’hélicoptère du Président Alpha Condé, la clôture de la Primature, sans être payé. J’ai dit non, tu va travailler pour l’assemblée nationale. Il a évalué les travaux à 2 milliards. J’ai dit que je paie a 1,8 milliards. J’ai dit de faire une clôture en poteau IPN et deux guérites. Un opérateur nous a offert deux forages cadeau. Le total des dépenses nous a fait 3 milliards… », a dit l’ancien Président du parlement guinéen.

De son passage à la Brigade des investigations judiciaires de la gendarmerie à son emprisonnement à la maison centrale en passant par la CRIEF.

« En trois séances d’interrogation, la gendarmerie a pu obtenir les copies des chèques qui ont été utilisés pour ces différents paiements et 6 milliards étaient dans les comptes de l’Assemblée nationale, à la date du 5 septembre 2021. Ce qui fait un total de 9 milliards de francs. Et les 6 milliards restants ?

Pour ceux qui étaient dans la gestion, savent que le Président de la République n’a pas autorisé de paiement. Jusqu’au 15 août donc les primes des députés ne sont pas payées. Et le Président a demandé de tenir la session extraordinaire sur la LFR. Entre temps, le Budget a payé les 15 milliards de francs guinéens pour la clôture du siège. Finalement, j’ai ordonné de payer les 6 milliards aux députés, en attendant de recevoir les primes pour reconstituer les montants. Après tout, la gendarmerie a fait ses calculs, ils ont même eu 790 millions comme reliquat. Moi j’étais content. Ils m’ont demandé mon sentiment. J’ai dit que j’étais fier puisque vous avez compris que je n’ai pas distribué de l’argent. Ils m’ont demandé de rentrer à la maison. Le lendemain, la gendarmerie m’appelle pour signer mon PV. Delà et à ma grande surprise, j’ai été conduit à la CRIEF, avant d’être placé sous mandat de dépôt depuis le 27 avril… », a narré l’ancien patron du parlement, visiblement décontracté.

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