Cinq prévenus, accusés de vol aggravé entre ENTA et Sangoyah, dans la commune de Matoto, risquent gros au tribunal correctionnel de Mafanco. Alors qu’ils nient avoir volé le téléphone d’une dame à bord d’un taxi, le parquet a demandé la condamnation de Lamine Konaté, Nanfadima Kourouma et Nafissatou Barry, présents à la barre, à deux ans d’emprisonnement. Deux autres, à savoir Med et Fiston, en fuite mais jugés dans la même affaire, risquent 5 ans ferme et une forte amende. Ces réquisitions ont eu lieu hier, lundi 9 octobre 2023, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
À tour de rôle, chacun des prévenus est venu à la barre pour donner sa version des faits dans cette affaire de vol de téléphone au préjudice de dame Fanta Koné. La dame a eu le malheur de monter dans un « taxi » à bord duquel se trouvait les cinq complices présumés qui vont réussir à voler son téléphone. Mais, suite à une panne d’essence, ils seront appréhendés et remis aux autorités.
Lamine Konaté, domicilié à Sonfonia, a expliqué ce qui s’est passé tout en reconnaissant faire partie de la bande. « Quand je me suis réveillé ce jour-là, mon grand m’a dit de l’accompagner quelque part. Ce n’était pas la première fois qu’on volait. On avait l’habitude de le faire. Une fois, nous avons volé deux téléphones, après la vente, j’ai reçu 200 mille GNF. Ce jour du 25 septembre, quand nous sommes sortis, on était au nombre de 6 dans la voiture. Nafissatou Barry, Nanfadima Kourouma, mon grand, une dame, moi et le chauffeur. Arrivé à ENTA marché, le grand a volé le téléphone de la dame. Nous sommes descendus de la voiture à Sangoyah après une panne d’essence. Des gens nous ayant aperçu ont crié au voleur. C’est ainsi qu’on nous a envoyé à la gendarmerie. Mais ce n’est pas moi qui ai volé le téléphone », a déclaré le prévenu.
Interrogé par le président du tribunal sur l’inadéquation entre les deux déclarations du prévenu au commissariat et au tribunal, Lamine répond : « c’est ce que j’ai déclaré ici au tribunal qui est vrai et non mes déclarations à la gendarmerie. J’ai menti là-bas parce que j’avais peur. Le quartier voulait ma peau et à la gendarmerie, les mots qu’on lançait à mon encontre étaient effrayants. Les agents à la gendarmerie m’ont menacé et j’ai dit ce qu’ils voulaient entendre. C’est la première fois que je me fais arrêter », a-t-il laissé entendre.
Le passage de Lamine Konaté a été interrompu pendant une heures de temps suit à un souci de santé de la greffière, transportée rapidement hors de la salle.
À la reprise de l’audience, Nanfadima Kourouma, célibataire domiciliée à Sonfonia, va opter pour la négation des faits. « Je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés. On était ensemble dans un même taxi, avec mes co-prévenus. Ils ont pris une dame et un parmi eux a pris le téléphone de la dame. Arrivé à une station, ils ont fait descendre la dame. Arrivé quelque part, ils nous ont fait savoir que l’essence était finie, Med et Fiston. Ils ont emprunté une moto pour aller acheter de l’essence et moi je suis allée pour les attendre, acheter du bouillon et en manger. Comme ils duraient, j’ai dit que je vais prendre un autre taxi. C’est là que les jeunes sont venus nous amener au commissariat. De là, la dame a reconnu Nafissatou Barry. On a demandé à Nafissatou de livrer sa version des faits, qui a reconnu sur place les faits et on a fait appel à Lamine Konaté qui niait toujours. Une fois au commissariat, on nous a demandé de payer 8 millions GNF pour recouvrer notre liberté. Mais puisqu’on était incapable de le faire, on nous a déféré ici », dit-elle.
Tout comme le premier, les déclarations faites au tribunal et celles au commissariat sont différentes. Face aux cascades de questions du Ministère public, Nanfadima Kourouma dira que « c’est Dieu qui fait les choses. C’est ce qu’on appelle coïncidence… ».
Même son de cloche chez Nafissatou Barry, divorcée, qui va nier les faits qui lui sont reprochés. « Je ne reconnais pas les faits de vols qui me sont reprochés. D’ailleurs, c’est ma première fois d’être déférée à un tribunal. Le matin, Fadima est venue taper à ma porte pour me dire de sortir avec elle et avec un autre jeune. C’est ainsi que nous sommes sortis pour aller monter dans le taxi. Après un moment, nous avons pris la dame qui a perdu son portable. Après l’avoir fait descendre un peu plus loin, l’essence est finie. Les autres sont partis acheter de l’essence et quelques minutes plus tard, des jeunes nous ont attrapés pour nous envoyer au commissariat. La dame m’a reconnu ainsi que Konaté. Les gendarmes m’ont intimidée en disant que si je ne dis pas la vérité qu’ils allaient me frapper et me mettre en prison. C’est pourquoi, sur place, j’ai dit n’importe quoi pour échapper aux sévices qu’on menaçait de me faire subir… ».
À la suite de toute cette série d’interventions, l’avocat de la défense va passer aux plaidoiries. « D’après les informations reçues, c’est un officier de l’armée qui est venu déposer le téléphone à la place du voleur Med. Donc, il faudrait des investigations là-dessus. Tenez compte Monsieur le Président de l’innocence de mes clients, du fait qu’ils ne soient pas des gens qui ont l’habitude de voler, mais des personnes influencées par de vrais délinquants et bandits, en l’occurrence Med et Fiston qui sont en fuite. Donc, évitez de les retenir en prison où ils n’ont pas leur place », a-t-il plaidé.
Le Ministère public, représenté par dame Élise Doua Guilavogui, dans ses réquisitions, va demander au tribunal de condamner les prévenus présents à l’audience : Lamine Konaté, Nafissatou Barry et Nanfadima Kourouma, à 2 ans d’emprisonnement et au paiement d’une amande d’un million de francs guinéens chacun. Pour les deux absents, Med et Fiston, le parquet va requérir 5 ans d’emprisonnement et une amende de 5 millions GNF chacun.
Le tribunal, par la voix du président Mamadi 2 Magassouba a mis le dossier en délibéré pour décision être rendue le 23 octobre 2023.
Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com
