Rénovations à l’Assemblée nationale : voici ce que dit Damaro sur le contrat confié à sa fille

Amadou Damaro Camara, ancien président de l'Assemblée nationale

Poursuivi pour des faits de détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption dans le secteur public et privé, prise illégale d’intérêt et complicité, Amadou Damaro Camara a donné sa version des faits à la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Pour ce qui est de la rénovation d’une partie du siège de l’Assemblée nationale au Palais du peuple, confiée à sa fille, l’ancien président du parlement de la 9ème législature a apporté des précisions, rapporte l’équipe de Guineematin.com qui a assisté au procès.

« Ma fille est une architecte à l’extérieur, qui ne travaille presque pas en Guinée, qui est toujours entre deux avions pour Dubaï, pour le Qatar, pour l’Italie, pour la Turquie et même la Grèce. Quand j’ai été élu, elle m’a dit, papa je vais t’offrir un bureau qui sera le plus beau bureau de Conakry. J’ai besoin de 60 jours, mais je t’interdis de venir me voir jusqu’au jour où je te remettrai la clé. Je lui ai dit, je n’aimerais pas que tu te mêles de ça. Elle me dit, papa, même les bonbons que je vais donner aux ouvriers, je vais tout documenter. Elle a commencé le travail fin avril. Elle a fait le mois de mai ; en juin, c’était terminé. Le 4 juillet elle nous a donné les clés. Moi, je m’attendais au bureau, et elle a fait tout le cabinet. Et j’ai été honoré quand le président de la transition a visité le bureau. Il a dit que ça, c’est du bon travail. Quand elle a rendu ses factures, la comptabilité est venue me voir pour dire attention monsieur le président, votre fille ne connaît pas la monnaie guinéenne, le prix qu’elle nous donne, n’a rien à voir avec ces travaux exécutés, c’est 350 millions GNF, ridicule pour faire tout le cabinet », a précisé cet ancien dignitaire du régime Alpha Condé.

Par ailleurs, Amadou Damaro Camara soutient que Mariame Damaro Camara a fait d’autres réalisations « à moindres coûts » dans le cadre de la rénovation. « En plus de cette rénovation du cabinet, elle a installé des onduleurs avec une autonomie énergétique de 6 heures en cas de coupure totale de courant. Et elle a créé un système d’intranet quelque part où je pouvais appeler tout le monde avec un téléphone. Ce téléphone, elle l’a évalué à 4 millions GNF. Les téléphones de relais, ailleurs ça a été évalué à 7 millions GNF. Quand les fournisseurs ont vu son prix, ils sont venus dire attention, tu vas nous créer des problèmes. Toi, ton téléphone qui peut enregistrer jusqu’à 1000 noms à 4 millions GNF, nous les téléphones secondaires à 7 millions GNF, il faut augmenter ta facture. Elle a dit non ! Ma méthode de travail, j’ai le prix d’achat, je joins toujours la facture d’achat, le transport de la douane en marge de 12 %, voici comment je fais mes prix. Et quand on est venu voir son travail, chacun a voulu que les travaux de ses bureaux soient réalisés par Mariame. Naturellement, elle n’a pas fait ça. Elle a fait essentiellement la salle des actes, les salles de conférences des groupes parlementaires et quelques bureaux. Apparemment, on dit qu’il a donné à sa fille. Ma fille n’avait ni le premier marché en volume, ni le deuxième marché, ni le troisième marché, ni le quatrième marché, mais le cinquième. Et en dehors de ça, on avait un principe à l’assemblée nationale. Si tu veux faire avec nous, il faut avoir une surface financière te permettant d’attendre. Parce que nous payons nos fonctionnements trimestre après trimestre. On a des fournisseurs, des prestataires qui ont attendu jusqu’à quatre ans, cinq ans pour être payés petit-à-petit. Ceux qui ne peuvent pas, ils ne peuvent pas avoir le marché, parce qu’on n’a pas l’argent pour payer. Donc, voilà comment ma fille est rentrée dans le marché », a expliqué l’ancien président de l’Assemblée nationale.

En outre, Amadou Damaro Camara a fait savoir qu’à cause de son savoir-faire, sa fille continue de bénéficier de marchés des autorités actuelles. « Pour votre information, depuis mon arrestation, ma fille continue de travailler dans plusieurs ministères pour le CNRD. Mais ça, ce n’est pas parce que c’est la fille de Damaro, c’est parce qu’elle fait du bon travail. Elle n’est pas juste la peinture, mais ce talent est reconnu dans des pays aussi concurrentiels que Dubaï, le Qatar, l’Italie ou la Turquie… ».

Fatoumata Diouldé Diallo, Mamadou Yahya Pétel Diallo, Laouratou Diallo et Abdallah Baldé pour Guineematin.com

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