Mamoudou Sow sur les crimes du 28 septembre : « les gendarmes ont décidé de me mettre dans le feu pour brûler »

Mamoudou Sow, victime du 28 septembre

Comme annoncé précédemment par les reporters de Guineematin.com, le procès des évènements du 28 septembre 2009, entamé depuis 2022, se poursuit au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. Ce mardi, 10 octobre 2023, c’est le jeune Mamoudou Sow, marchand de son état, né en 1982 à Dalaba, résident à Koloma dans la commune de Ratoma qui fait sa déposition.

Dans sa narration, cette victime décrit minutieusement l’atmosphère qui prévalait avant l’irruption des bérets rouges au stade du 28 septembre. Contrairement à beaucoup d’autres victimes, Mamadou Sow, charge les gendarmes qu’il accuse d’avoir tenté de le faire brûler.

« Moi, je priais lorsqu’on m’a informé de l’arrivée de Jean Marie Doré à l’intérieur du stade. Il y avait de l’ambiance. Entre temps, nous avons entendu des tirs dans la foule. Nous nous sommes dirigés vers la porte de sortie. A trois reprises, je n’ai pas réussi à sortir. Je suis allé vers la sortie qui mène vers l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry », a t-il explique avant de plonger son auditoire dans l’enfer qu’il a vécu.

« Par la suite, j’ai été arrêté par deux gendarmes. Ils m’ont fouillé, ils m’ont donné un coup de cross. Je suis tombé évanoui. Puis ils m’ont pris 50.000 GNF que j’avais en poche et mon téléphone Samsung. Comme une moto brûlait à côté d’eux, ils ont décidé de me mettre dans le feu pour brûler aussi. C’est l’apparition d’un groupe de femmes qui a dissuadé les gendarmes. Dès que les femmes sont apparues, ils m’ont abandonné pour s’occuper de ces dernières », a t-il fait savoir, dans un ton glaçant.

Finalement, c’est là que la Croix rouge est venue le prendre pour l’hôpital national de Donka. « Après consultation, ils ont vu que mes mâchoires sont cassées…J’ai quitté l’hôpital pour le domicile d’un ami. Deux jours après, je suis revenu voir Dr Rafiou qui a fait une ordonnance pour moi.

Par la suite, j’ai subi une opération. Je suis resté 4 mois à l’hôpital mais j’avais toujours mal. Finalement, c’est Ibrahima Barry , »IB », de l’OGDH qui m’a conduit à l’hôpital sino-guinéen pour faire le scanner. Mais le mal persistait et il persiste toujours. Parfois je peux tomber évanoui. Jusqu’ici je ne peux pas porter une charge sur ma tête. Jusqu’à présent je ne peux pas mâcher les aliments », a souligné cette victime, rendue invalide à cause des coups et maltraitance reçus le jour de ces événements.

A la question du Président du tribunal criminel, Ibrahima Sory 2 Tounkara, de savoir s’il reconnait ses agresseurs, Mamoudou Sow, soutient qu’il s’agit bel et de gendarmes, mais s’il ne peut les dévisager.

« Les agents que j’ai reconnus ce jour au stade du 28 septembre, ce sont des gendarmes et des policiers. Mais moi, j’ai été battu par des gendarmes ».

Après son audition, c’est l’interrogatoire qui se poursuit…

Depuis le tribunal criminel de Dixinn, l’équipe de Guineematin.com

Tél: 628089845

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