Procès du 28 septembre : « j’ai reçu une balle qui est toujours dans mes fesses », témoigne une victime

Comme indiqué précédemment par l’équipe de Guineematin.com déployée au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’appel de Conakry, la déposition des victimes de ces violences continue. Pour Mamadou Aliou Diallo, menuisier de profession, né en 1982 à Lélouma, fait partie de cette longue liste de victimes. Le 28 septembre, il a reçu une balle dans les fesses qu’il traîne toujours.

« Le jour du 28 septembre, dès qu’on est sorti de la maison, à Bantounka, dans la commune de Ratoma, nous nous sommes dirigés vers le stade du 28 septembre. Mais entre temps, il y a du gaz lacrymogène qui était lancé contre les manifestants. Nous avons utilisé des feuilles de patate pour venir jusqu’à la Bellevue rond-point. Nous avons vu des gens qui étaient armés de bâtons avec des pointes, d’autres des armes blanches, un groupe lançait des cailloux et certains tiraient au niveau des hanches. C’est dans cette débandade que j’ai reçu une balle aux fesses, à la partie gauche. Devant moi, deux personnes sont tombées. Moi j’ai été conduit dans une clinique à la Bellevue. D’autres blessés sont venus s’ajouter à nous. Ensuite le père d’un des blessés est venu nous prendre pour nous envoyer à l’hôpital national de Donka pour plus de soins », a indiqué le jeune menuisier.

« Vers 16 h, les gens ont commencé à affluer à l’hôpital. Beaucoup de blessés sont venus nous trouver là. Le soir, vers 17 heures, nous avons été informés de l’admission d’un certain Algassimou Diallo grièvement blessé qui a succombé à ses blessures. Personne ne l’a reconnu parmi nous… », a-t-il soutenu devant le tribunal.

Selon cette victime, ils recevront la visite indésirable des militaires. « C’est finalement, en pleine nuit, des militaires sont venus dans un tintamarre. Ils tapaient très fort les portes. Ils ont détruit la pharmacie, bastonné le pharmacien. Dans notre salle, les médecins ont éteint le courant et tout le monde avait peur. Ils faisaient des va-et-vient entre l’hôpital et la morgue. Nous sommes restés dans cette angoisse jusqu’au petit matin et j’ai informé les parents. Dans la journée, mon oncle est venu me prendre pour Cosa. Mais mes fesses me faisaient toujours mal. Je suis revenu à Donka pour le pansement. J’ai même croisé des femmes violées. C’est dans cette situation qu’on m’a informé que Mouctar Diallo (ancien ministre de la transition et leader des NFD) prenait en charge les victimes qui n’avaient pas de moyens.

Finalement c’est à Bailobaya, que j’ai été admis dans une clinique pour l’opération. Vers 18 h, j’ai été opéré grâce à l’intervention de Mouctar Diallo. Je suis passé 4 semaines et j’allais mieux », a expliqué Mamadou Aliou Diallo qui n’était pas au bout de sa peine.

« Je suis revenu chez Mouctar Diallo pour avoir le dossier médical. Il me dit que les militaires sont venus chez lui pour tout ramasser. Mais, comme je suis un menuisier, je m’efforçais un peu. Sauf que je ne peux pas marcher. Mon père a appris cela et m’a aidé à rentrer au village. Actuellement mon épouse et mes enfants ne vivent plus chez moi, faute de moyens. Avec la communauté internationale, j’ai été invité au siège de Cellou Dalein Diallo (Président de l’UFDG, l’une des principales victimes de cette barbarie) pour des entretiens. Lorsque le Général Sékouba Konaté a pris le pouvoir, ils nous ont demandé de venir recevoir une aide. Mais ce n’était que des sachets de lait. Depuis cette date jusqu’ici, je n’ai plus rien reçu d’aide. J’ai vu que je ne pouvais pas tenir à Conakry et je suis rentré au village pour continuer ma vie », a-t-il révélé.

Dans son interrogatoire, Mamadou Aliou Diallo, accuse les gendarmes qui étaient avec le Colonel Moussa Thiegboro Camara, d’être les auteurs du tir qu’il a reçu.

Les débats se poursuivent…

Depuis le Tribunal criminel de Dixinn, Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél.: 628089845

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