Ramatoulaye Barry au tribunal criminel : « je réclame le corps de mon beau frère, introuvable depuis le 28 septembre 2009 »

Comme indiqué dans une de nos précédentes dépêches, le procès du massacre du 28 septembre se poursuit devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry avec le passage des victimes. Ce mardi, 11 octobre 2023, après Abdoulaye Djibril Barry qui s’est sauvé miraculeusement du stade pour rentrer chez lui, c’est l’étudiante Ramatoulaye Barry, mariée, mère d’un enfant qui a fait une déposition au nom de sa grande sœur, Kadiatou Barry, en séjour médical à l’étranger, a constaté l’équipe de reporters de Guineematin.Com déployée au tribunal criminel.

Née le 09 août 1992 et domiciliée à Hamdallaye dans la commune de Ratoma, Mme Ramatoulaye Barry a narré la situation pathétique qu’a vécue sa grande sœur, le 28 septembre.

« Kadiatou Barry est ma grande soeur. Elle a perdu son époux au stade du 28 septembre. Ils venaient de se marier il y avait seulement deux ans. Le couple n’avait pas fait d’enfant. Son mari vivait en Espagne et venait de temps en temps en Guinée…

Le lundi 28 septembre, son époux, Alpha Oumar Diallo est allé au stade très tôt le matin. Ce dernier a appelé ma sœur qui préparait pour lui dire de se dépêcher puisqu’il y avait beaucoup de monde, si non, elle risque de ne pas avoir de la place. Mais 30 mn après cet appel, son  mari rappelle pour lui dire de ne pas venir puisque les bérets rouges sont rentrés au stade et ils tiraient sur les manifestants…

Très inquiète, ma sœur a forcé pour être sur les lieux. Elle vient constater la débandade. Elle appelle son mari avec insistance, dans les abords du stade. Après, elle a rappelé son mari. Mais  c’est une femme qui a décroché l’appel sans rien dire. Quelques temps après, le numéro ne passait plus. Ma sœur s’est mise à rechercher partout son mari. Elle est allée dans les morgues et même dans les camps militaires. Mais en vain.

Le 3 octobre avec l’exposition des corps à la mosquée Fayçal, ma sœur, accompagnée delà famille, est venue chercher le corps de son mari. Mais elle n’a rien trouvé. Finalement et selon des personnes qui étaient au stade, c’est là-bas que le corps de mon beau frère a été vu allongé pour la dernière fois, ensanglanté et le visage méconnaissable. Depuis, aucune nouvelle de lui jusqu’ici. Nous réclamons le corps, introuvable depuis les massacres. Nous voulons faire le deuil et l’enterrer selon notre religion. Au nom de la famille, je demande à ce que les auteurs de ces crimes soient punis à la hauteur de leur forfaiture », a conclu cette proche de victime.

Depuis le tribunal criminel de Dixinn, Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél: 628089845

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