Dossier du Colonel Bienvenue Lamah : voici ce qu’en dit son avocat, Me Zézé Kalivogui

Me Zézé Kalivogui, avocat

Comme annoncé précédemment dans un de nos articles, le Colonel Bienvenue Lamah, ancien Directeur régional de la gendarmerie de Conakry et 4 autres officiers sont en détention depuis le 21 avril 2022, dans le cadre du dossier du 28 septembre. Alors que les débats sont clos au tribunal criminel de Dixinn, les réquisitoires et plaidoiries vont commencer lundi prochain, beaucoup de personnes se posent la question sur le cas de ces accusés. Maître Zézé Kalivogui, rencontré par un journaliste de Guineematin.com, hier jeudi 9 mai, a abordé le sujet.

« C’est quand même dommage quand on doit à chaque fois intervenir par rapport à un dossier dans les médias. Mais malheureusement lorsque les juges ne nous entendent pas, on est obligé de recourir à la presse pour faire valoir certaines de nos préoccupations. C’est la preuve que la procédure engagée contre mon client est inappropriée. S’il s’agissait des faits du 28 septembre, la meilleure façon de procéder, c’était un supplément d’information. Si on pensait que l’instruction n’était pas terminée dans le dossier. Comment pouvez-vous comprendre, pendant que le dossier est en train d’être débattu en audience publique devant un juge de jugement, que le même dossier se retrouve en cabinet d’instruction, où les débats sont secrets. Pendant ce temps, il y a un volet qui débat en public. C’est une incongruité qui ne dit pas son nom », a dénoncé l’avocat.

Selon le Conseil du Colonel Bienvenue Lamah, la loi en la matière parle d’un complément d’informations.

« La loi en la matière parle d’un supplément d’informations. Si on estime que l’ordonnance de renvoi, plus précisément l’arrêt de renvoi a été confirmé par un arrêt de la chambre de contrôle de l’instruction. Si le tribunal criminel estimait que l’instruction n’était pas suffisante, il fallait ordonner un supplément d’information. Dans ce cas, le dossier devait quitter carrément les débats pour se retrouver au cabinet d’instruction pour compléter l’instruction et revenir à la barre. Mais non, les débats sont en cours, par ce que l’un des accusés a parlé de quelqu’un et de façon sélective, par ce que beaucoup de noms ont été cités lors du procès. Puisqu’il n’est pas le seul à être cité, on est allé interpeller des personnes dont le Colonel Bienvenue Lamah dont je soigne les intérêts pendant que celui-ci a déjà bénéficié d’un non-lieu. C’est ce que nous n’avons pas compris et c’est ce que nous avons toujours dénoncé. Mais malheureusement, il se retrouve toujours en détention pendant que son mandat de dépôt a expiré puisqu’il est sous mandat de dépôt depuis le 21 novembre 2022. Alors que le mandat de détention provisoire en matière criminelle est de six mois renouvelable une fois », a expliqué Me Zézé Kalivogui.

Malgré qu’il soit arrêté depuis 2022, cet officier supérieur de la gendarmerie voit son dossier remis à la cage de départ, selon son avocat.

« Nous sommes revenus à la cage de départ devant le doyen des juges d’instruction. Depuis le 22 avril, la Cour suprême a tranché pour dire que l’instruction devait continuer à l’égard du Colonel Bienvenue Lamah. Le dossier a été transmis au parquet de Dixinn. C’est ce jeudi 9 mai que j’ai reçu l’information selon laquelle, ils vont nous prendre le mercredi prochain pour l’interrogatoire (ndlr : 15 mai), soutient Me Zéé Kalivogui a attend de voir ce que donnera la procédure à la suite de la clôture des débats déclarée par le tribunal.

« Le problème, c’est que les références du dossier du Colonel Bienvenue Lamah sont les mêmes que celles du dossier du 28 septembre. Jusqu’ici nous ne comprendrons pas la façon de scinder ce dossier. C’est pourquoi, nous avons dénoncé la procédure. Nous savons qu’elle est inappropriée. La procédure entreprise par le parquet est complètement inappropriée », a dénoncé l’avocat qui n’entend pas croiser les bras.

« Comme vous le savez, son inculpation a été attaquée devant la première chambre de contrôle de l’instruction et à l’époque, elle avait annulé toute la procédure. Et puisque le parquet général et les parties civiles avaient formé le pourvoi, on s’est retrouvé devant la Cour suprême. Malheureusement, l’arrêt de la première chambre de contrôle a été cassé, nous sommes revenus encore devant la 2ème chambre de contrôle de l’instruction, laquelle a estimé qu’il fallait continuer le dossier contre le Colonel Bienvenue Lamah devant le cabinet du doyen des juges d’instruction. Contre cette décision, nous avions formé pourvoi, en définitive, la cour suprême, à travers un arrêt avait estimé que notre pourvoi était infondé et du coup, l’instruction devait continuer devant le doyen des juges du tribunal de première instance de Dixinn. C’est pourquoi, nous sommes à ce niveau depuis le 22 février 2024. C’est maintenant qu’on a une lueur d’espoir par rapport à son interrogatoire qui normalement doit intervenir mercredi prochain », a conclu le conseil du Colonel Bienvenue Lamah.

Cet officier supérieur de la gendarmerie a été accusé par le Commandant Toumba Diakité d’être parmi les responsables du massacre du 28 septembre. Le Colonel Bienvenu Lamah, ancien instructeur au camp de Kaléah, est accusé dans le même dossier que l’ancien ministre et Général à la retraite, Mathurin Bangoura. Alors que les deux avaient bénéficié d’un non-lieu, le premier se voit croupir en prison depuis novembre 2022.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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