Procès du 28 septembre 2009 : Abdoulaye Djibril Barry met en cause le gendarme Mamadou Aliou Keïta

Abdoulaye Djibril Barry, né en 1984 à Gongoré Pita, chauffeur de profession est la première partie civile à comparaître ce mercredi matin (11 octobre 2023) devant le tribunal criminel de Dixinn. Et, il dit avoir reconnu l’accusé Mamadou Aliou Keïta, qui selon lui, a tenté de le frapper à l’aide d’une matraque et l’a poursuivi en ayant un couteau en main à l’esplanade du 28 septembre en 2009, rapporte l’équipe de reportage de Guineematin.com dépêché sur place.

Cette partie civile a quitté Hamdallaye pour rallier le stade du 28 septembre pour prendre part au meeting des forces vives de Guinée. Sur la pelouse, il fait partie de ceux qui ont prié sur la pelouse avant de monter à la tribune. Mais quelques instants après la rentrée de Jean-Marie Doré, ancien premier ministre, la situation a dégénéré à l’intérieur du stade.

« Le premier que les militaires ont battu c’est M. Jean-Marie Doré. Les gens étaient paniqués, chacun cherchait à se sauver. Certains ont pris la Cour pour grimper, d’autres tombaient. Un groupe de militaires est allé chercher les leaders et chacun cherchait à s’en fuir. Je suis resté assis longtemps derrière un pilier jusqu’à ce qu’ils ont fini de nettoyer en haut là-bas, ensuite je suis descendu du côté droit. Il y avait un trou là-bas, je me suis faufilé pour passer par-là. Il y avait des fers là en forme de tuyaux fixés au mur, je les ai suivis pour descendre. Un groupe de personnes allaient vers une porte mais elle était fermée, je suis allé me mettre dans ce groupe. La foule a poussé la porte, elle est tombée avec une partie du mur. Nous sommes entrés dans une cour mais il y avait de la boue dedans alors quand les gens essayaient d’avancer, ils s’embourbaient. J’ai longé le mur jusqu’au niveau des manguiers. Je suis allé m’arrêter sous un climatiseur. J’ai retrouvé mon frère là, je lui ai demandé de monter mais il a dit puisqu’il devait mourir, il allait rester là-bas. J’ai pris un fil électrique pour monter sur un climatiseur, ensuite sur une dalle où j’ai trouvé plusieurs personnes couchées parce que des militaires étaient arrêtés de l’autre côté, ils avaient des armes qu’ils manipulaient. On a chuté pour atterrir sur des petites cabanes au niveau de Dixinn terrasse », a expliqué Abdoulaye Djibril Barry.

Sur l’esplanade du stade, des hommes en maillot poignardaient les personnes qui passaient par là.

« Ils détenaient des fusils qui avaient à leurs bouts des couteaux. Celui qui descend, ils le poignardent. Certains tombaient et mouraient sur place alors que d’autres s’enfuyaient avec leurs blessures. Je me suis couché là-bas pendant un long moment. Quand ces gens-là sont partis, d’autres sont venus. Ces derniers fouillaient chaque personne qui descendait, s’ils trouvaient de l’argent ou un téléphone dans les poches, ils les prenaient. C’est en ce moment que je suis descendu, j’ai soulevé ma chemise et au moment ou ils me fouillaient j’ai profité pour m’en fuir », a-t-il poursuivi.

Dans sa fuite, M. Barry s’est retrouvé face au gendarme Mamadou Aliou Keïta, qu’il connaissait à Hamdallaye depuis 2006, selon lui. Les deux se retrouvaient dans un café de ce quartier de la commune de Ratoma.

« J’ai rencontré un gendarme, il a voulu me frapper avec sa matraque, je me suis assis. Lorsque j’ai continué un peu, il m’a suivi. Je me suis retourné mais j’ai vu que c’est quelqu’un que je connaissais. Je l’ai appelé, alors il m’a grossièrement insulté, il a lancé sa matraque, je me suis assis. Ensuite, il a sorti un couteau pour me pourchasser, mais Dieu a fait que j’ai pu m’échapper. Parmi les gens avec lesquels j’ai couru, beaucoup étaient grièvement blessés. Certains d’entre eux mouraient en cours de route, d’autres étaient fatigués, donc je les laissais », a-t-il indiqué.

Lui et d’autres sont allés jusqu’à la Belle-vue où ils ont rencontré les pick-up de l’anti-drogue, dirigé par Colonel Tiegboro Camara. Les agents ont commencé à tirer, ils ont fui pour aller à Afia, ensuite à Hamdallaye Sepertam. Là, ils ont rencontré des bérets rouges qui ont tiré sur la foule faisant plusieurs morts sur place.

Finalement, il a pu avec 2 autres personnes se réfugier dans une cour. De là, il dit avoir entendu des gens appeler à l’aide alors qu’ils étaient frappés par des militaires. Après que la situation se soit calmée, ils sont sortis de la Cour pour chacun aller de son côté.

De Kaloum, Mamadou Yahya Petel Diallo, Abdallah Baldé et Thierno Hamidou Barry pour Guineematin.com 

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